Grève à La Poste

Quand la précarité devient la règle

26 octobre 2006

À l’appel de l’Intersyndicale FO-CGTR-SUD-UNSA, les travailleurs de la Poste étaient en grève hier pour l’extension et l’amélioration d’une mesure de progrès social. La Poste : un service public où la précarité fait son nid.

Hier, l’Intersyndicale FO-CGTR-SUD-UNSA a lancé un appel à la grève pour obtenir une amélioration d’un dispositif d’action sociale de La Poste. Il s’agit du titre restaurant. Sa valeur est de 3,40 euros ou 4,25 euros. La variation du montant est fonction de la grille indiciaire de l’agent. Si la revalorisation du titre est une revendication, la lutte vise tout d’abord à étendre l’application de cette mesure à ceux qui en sont privés. Hier en fin de matinée, Harry Delanay, secrétaire général de la CGTR-PTT, indiquait que les syndicalistes ont obtenu la participation d’une délégation réunionnaise aux négociations qui doivent se dérouler le 6 novembre prochain à Paris sur cette question.
Les principaux exclus du titre restaurant sont les facteurs, souligne Harry Delanay. Or, c’est parmi les facteurs que se trouve le plus fort pourcentage de travailleurs précaires. « C’est un secteur où ils sont majoritaires », relève le dirigeant syndical. Précarité qui rime avec bas salaire.

Un agent sur deux

À La Poste, contractuel signifie précarité. Pour le moment, la lutte a permis à des travailleurs recrutés sur contrat d’obtenir un contrat à durée indéterminé. Mais pour beaucoup d’autres, le CDD est le règle. C’est le cas pour les remplacements, avec à la clé des contrats d’une semaine pour des facteurs et des guichetiers. À La Réunion, l’effectif des précaires est aujourd’hui équivalent à celui des fonctionnaires, relève Harry Delanay. Sur un nombre total d’agent de 2.500, ils doivent être donc plus de 1.200. Derrière ce pourcentage moyen se cachent des disparités. Les facteurs sont majoritairement des contractuels, affirme le responsable de la CGTR-PTT. Et cette précarité se retrouve dans de nombreux métiers de la Poste, cadres compris.

Des économies pour la direction nationale

Or, un contractuel n’a pas les mêmes droits qu’un fonctionnaire dont il remplit les missions. Si en France, contractuels et fonctionnaires touchent des salaires aux montants voisins, ce n’est pas le cas ici puisque le contractuel n’a pas droit à la prime de vie chère, indispensable pour faire face à un coût de la vie plus élevé à La Réunion qu’en France. Selon Harry Delanay, les salaires de la plupart des agents contractuels sont compris entre 900 et 1.200 euros net par mois pour un temps plein.
Ce recours a la précarité tire les salaires vers le bas et permet à la direction de substantielles économies. Elles se font sur le dos du travailleur réunionnais recruté sous ce type de contrat, et aussi sur le dos de La Réunion qui est privée de la participation d’une importante masse salariale à son développement économique.
Par ailleurs, la CGTR-PTT note que les départs en retraite de fonctionnaires de La Poste exerçant à La Réunion ne sont pas remplacés par la nomination d’autres fonctionnaires, mais par des contractuels. Quant à la réorganisation des services avec la disparition de bureau de poste de plein exercice se fait à effectif constant. Cela complique également le retour au pays de ceux qui, parmi les 1.500 fonctionnaires postiers réunionnais en France, demandent leur mutation.
Le résultat de cette politique fait « qu’à La Réunion, La Poste gagne de l’argent », note Harry Delanay. « Ces bénéfices sont reversés à la direction nationale en France et nous n’obtenons rien en retour », constate-t-il.
Une injustice ressentie d’autant plus fortement que les travailleurs de ce service public, quel que soit leur statut, sont animés par la volonté de « répondre au mieux aux attentes des usagers ». Elle est amplifiée par les menaces qui pèsent sur l’avenir du service public du courrier, que les dirigeants de l’Union européenne souhaitent livrer à des opérateurs privés.
Une éventualité qui suscite la mobilisation des organisations syndicales, sur « un dossier crucial qui va toucher tous les usagers ».

M.M.


Les spécificités réunionnaises seront entendues au plus haut niveau

Au terme des négociations qui se sont tenues hier avec la direction sur la revendication des grévistes, ces derniers ont décidé de suspendre le mouvement jusqu’au 6 novembre prochain, date prévue de la discussion au siège national de La Poste sur la question du ticket restaurant.
Il a été acquis qu’un représentant de chaque organisation syndicale réunionnaise participera à cette rencontre, ce qui n’était pas le cas avant, précise Harry Delanay, secrétaire général de la CGTR-PTT. « Des gens de l’île vont défendre les dossiers de La Réunion, ils vont porter nos spécificités », précise le responsable syndical.
Quant au mouvement d’hier, selon la CGTR-PTT, la participation moyenne était de 25%, avec des pointes à plus de 50% dans plusieurs bureaux de Poste. Condition de la reprise du travail, la journée de grève ne sera pas prélevée sur le salaire des postiers. Elle sera décomptée en tant que jour de récupération. « Nous restons sur le qui-vive, et nous allons faire que la mobilisation qui a commencé ce jour se maintienne », conclut Harry Delanay.


Une mesure d’action sociale

Des postiers étaient en grève hier pour contester « les conditions d’attribution liées au titre restaurant » et augmenter « la valeur faciale du titre », explique la direction régionale qui estime le taux de participation au mouvement à 15,5%.
Mis en place en 2003 en France et étendu en 2005 dans les DOM, ce titre a une valeur de 3,40 euros ou de 4,25 euros, « en fonction de la grille indiciaire », précise la direction de La Poste à La Réunion. « Les conditions d’application sont discutées au niveau national », note la direction régionale, « et s’appliquent sur tout le territoire ».
Selon cette même source, le titre restaurant est un volet de l’action sociale de ce service public. La Poste ajoute que son budget social à La Réunion, ce sont « 363.000 euros versés aux associations, et 332.000 euros versés aux postiers au titre d’aides et prestations (séjour des enfants en centre de vacances, garde d’enfants... ». Un budget social « en forte augmentation en 2006 par rapport à 2005 »


Intersyndicale de La Poste

Appel à la mobilisation le 14 novembre pour l’emploi et le service public

Les fédérations CGT, CFDT, CFTC, FO et SUD ont été reçues le 17 octobre dernier Christophe Beaux, Directeur de cabinet du ministre de
l’Industrie.
Pour ce qui concerne le statut d’exploitant public de La Poste, le porte-parole du ministre a estimé qu’il ne saurait être remis en cause par Bruxelles. Il a certifié que les retraites des fonctionnaires en service à La Poste continueront à relever du code des pensions civiles et militaires de l’Etat, ce qui devrait être validé dans la loi d’ici la fin de l’année.
« Si ces réponses se veulent rassurantes, elles restent à être concrétisées », estime l’Intersyndicale pour qui « les propos tenus sur le projet de directive postale sont très inquiétants ». Pour les syndicalistes, « le Gouvernement n’apparaît guère décidé à considérer que le maintien de services réservés est la condition sine qua non d’un service public de qualité ».
Le 17 octobre, « les fédérations syndicales présentes ont réaffirmé leur opposition à l’ouverture totale du courrier à la concurrence. Celle-ci ne pourrait qu’augmenter les suppressions d’emploi et détériorer davantage la qualité du service rendu aux usagers ».
Depuis cette rencontre, les syndicats ont arrêté une date pour leur journée d’action. Le 14 novembre prochain, « la CGT appelle l’ensemble des postiers du groupe à faire du mardi 14 novembre 2006 une puissante journée nationale unitaire de grèves et de manifestations contre la libéralisation et pour le développement du service public postal, l’augmentation des salaires et la création d’emplois en nombre et en qualité », annonce-t-elle dans un communiqué.
Selon la CGT, les Fédérations CFDT, CFTC, FO et SUD « appellent également à la grève ce même jour ».


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