Des formations politiques dénoncent la baisse des “contrats aidés”

Quand les Réunionnais feront-ils ensemble des propositions communes ?

25 février 2005

Avant-hier, au cours de deux conférences de presse distinctes, l’Union centriste libérale (UCL) et la fédération du Parti socialiste ont exprimé leurs inquiétudes quant à la baisse des contrats aidés à La Réunion. Au nom de l’UCL, Ibrahim Dindar est allé encore plus loin en estimant que les futurs contrats d’avenir ou d’accompagnement compris dans la Loi Borloo constituent un “casse-gueule”.

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Pour l’essentiel donc, ces deux formations rejoignent le PCR qui, dès novembre, mettait en garde à la fois contre la diminution du nombre des CES et de CEC ainsi que les menaces comprises dans le Plan Borloo.
Dans un communiqué diffusé le 14 novembre, Élie Hoarau notait, au nom de son parti, que le plan mis en œuvre par le ministre des Affaires sociales passait par une suppression, dès le 1er janvier, des CES et des CEC et leur remplacement par des “contrats d’accompagnement” aux conditions différentes et dont le nombre sera diminué de 36% par rapport au total actuel des CES et CEC. "La mise en œuvre de ces nouveaux dispositifs, d’une part, et leur application, d’autre part, à La Réunion ne manqueront pas de poser de problèmes", déclarait le PCR.
Enfin, avant l’arrivée de Mme Brigitte Girardin à La Réunion, les trois maires communistes de l’île, Jean-Yves Langenier, Maurice Gironcel et Roland Robert, attiraient l’attention sur la baisse du quota d’emplois aidés qui leur était attribué et sur toutes les incertitudes et la confusion régnant quant à la mise en oeuvre des contrats d’accompagnement et des contrats d’avenir.
Dans l’entretien qu’elle a accordé au “JIR” le 18 février, avant son arrivée à La Réunion, Mme Girardin déclare : "je vous rappelle que je n’ai cessé de dire que mon objectif est de faire reculer le nombre d’emplois aidés qui, par définition, sont des emplois précaires, au bénéfice de véritables emplois durables dont nous favorisons le développement par les meures de la loi-programme".
C’est la mise en œuvre de cet axe stratégique qui explique la diminution des emplois aidés, celle-ci ayant commencé avec la suppression des emplois-jeune. En tout cas la réalité dément Mme Girardin lorsque, dans le même interview, elle affirme : "j’ai obtenu que dans la loi de programmation pour la cohésion sociale, il soit expressément prévu le maintien des CES en 2005, dans les départements d’Outre-mer".
Dans ces conditions, la protestation d’Ibrahim Dindar aurait gagné en conviction si elle avait été formulée pendant le séjour de la ministre. Les éléments d’information qu’il a fournis avant-hier permettent de remettre en cause tous les engagements annoncés par Jean-Louis Borloo lors de son séjour dans notre île en décembre dernier. Il avait indiqué que la Réunion pourrait bénéficier chaque année d’au moins 10.000 contrats d’avenir.
Or, les conditions de mise en œuvre de ce dispositif, comme le rappelle l’UCL, ne permettront pas d’atteindre cet objectif. C’est tout le plan de cohésion social bâti par La Réunion qui va être remis en cause.
Ibrahim Dindar a trouvé une explication à la situation qui prévaut. Il met en cause l’UMP locale : "une fédération départementale d’un parti doit promouvoir et expliquer la politique du gouvernement, non pas rester passive, silencieuse et inexistante sur le terrain. À quoi sert cet appareil politique ? C’est un vide sidéral. On est en train de perdre les élections ! Nous n’entendons aucun élu local alerter Paris sur les problèmes de demain, ou défendre ce qu’il fait de bien. On agit toujours avec deux longueurs de retard", a-t-il déclaré.
Certes, l’UCL n’a pas répondu à l’appel de Chirac au lendemain de la présidentielle et n’a pas rejoint les rangs de l’UMP, formation qui devait regrouper toutes les composantes de la droite. Et cette autonomie lui donne sans doute sa liberté de pensée. Mais le silence de l’UMP-Réunion ne suffit pas pour expliquer les prises de position de l’UCL.
Jean-Louis Borloo est venu voir comment adapter à La Réunion sa loi... après que celle-ci avait été adoptée par le Parlement ! La logique aurait voulu qu’il fasse l’inverse et qu’il commence par regarder comment et dans quelles conditions adapter la loi.
Les DOM ont obtenu un sursis d’un an pour la mise en application de la loi. Celle-ci entrerait en vigueur outre-mer le 1er janvier 2006 au lieu du 1er janvier 2005.
"Ceci étant, tous les problèmes ne sont pas résolus", écrivions-nous le 4 novembre dernier.
Premièrement, à quelle hauteur seront maintenus les CES et CEC, demandions-nous.
"Deuxièmement, le Plan Borloo doit s’étendre sur 5 ans. Les crédits dont il a besoin ont été programmés pour la période 2005 à 2009. Si la mise en application des contrats d’accompagnement ou des contrats d’avenir doit avoir lieu à partir du 1er janvier 2006, l’Outre-mer ne perdra-t-elle pas une année d’application sur le Plan Borloo ?", ajoutions-nous avant d’interroger : "les critères de mise en œuvre des contrats d’accompagnement seront-ils applicables outre-mer, que ces contrats soient appliqués en 2005 ou en 2006 ?"
Nous sommes toujours au même point. Les Réunionnais devraient se mettre autour d’une table pour traiter ensemble le problème et faire des propositions. C’est-à-dire ne pas attendre que tout vienne de Paris et ne pas compter sur des ministres qui n’ont guère fait preuve de sincérité à leurs égards.

J. M.


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