Message de Paul Vergès au collectif GPX ultramarins

Que chaque Réunionnais pouvant prétendre à un poste à La Réunion soit informé

6 février 2014

Mardi soir, le collectif ’’GPX ultramarins’’ organisait un rassemblement à Paris. Ce collectif regroupe des gardiens de la paix originaires de l’Outre-mer. Du fait d’un système de mutation particulièrement injuste, il leur ait quasiment impossible d’être muté dans leur île d’origine. Aucune promesse faite dans le rapport Lebreton ne s’est encore concrétisée dans la loi. Invité par le collectif, Paul Vergès a transmis un message aux participants du rassemblement. En voici le contenu, avec des inter-titres de ’Témoignages’.

Le collectif avait manifesté devant la préfecture. Ce combat a permis des avancées qui doivent maintenant être concrétisées dans la loi. La balle est dans le camp du gouvernement. (photo B.L.)

Mes chers compatriotes,
Je tiens tout d’abord à saluer votre combattivité : depuis des années, vous vous battez pour faire reconnaître vos droits.
Certains d’entre vous nous ont fait savoir qu’un grand pas avait été franchi, avec la prise en compte de la rétroactivité de l’ancienneté de vos demandes.
Si le constat est partagé par tous, encore faut-il que cela se traduise dans les faits et plus précisément par des dispositions législatives.

La balle est dans le camp du gouvernement. A lui de publier ce décret qui permettra de revenir au système sur la base duquel vous vous êtes engagés.
Mais la route est encore longue. Notamment pour la définition légale de ce que l’on appelle les centres d’intérêts matériels et moraux.
Il convient également de ne pas oublier que les divers secteurs de la fonction publique d’Etat ne sont pas régis par les mêmes règles, notamment en ce qui concerne la question des mutations.

« À La Réunion, il y a des compétences »

Il est bien évident que pour garder à la fonction publique d’Etat un caractère égalitaire, il est indispensable d’harmoniser les systèmes, que ce soit pour la question des « bonus » comme dans l’éducation nationale ou la prise en compte de la demande de mutation, pour vous.
Oui, il faut généraliser le système de bonification de 1.000 points à l’ensemble des corps de la fonction publique.

Tous les fonctionnaires, quelle que soit leur branche, quel que soit leur indice, quel que soit leur corps de rattachement doivent avoir les mêmes droits devant la mutation.
Et cela, sans jamais oublier que à La Réunion, il y a des compétences. Il y a des besoins.
Il n’est malheureusement pas rare que La Réunion recrute des compétences ailleurs qu’à La Réunion, alors que ces compétences existent sur notre territoire.

Pourquoi cela ? Parce que le système des recrutements n’est pas totalement transparent. Les recrutements « au bon vouloir du prince » ne sont pas acceptables.
Il nous a également été rapporté qu’il fallait avoir des chiffres précis pour arrêter une position définitive sur la question des mutations. C’est là un langage de fonctionnaire, qu’un homme politique ne saurait partager.
Tout comme tout homme politique ne saurait dire à une Réunionnaise ou à un Réunionnais : « non, vous ne pouvez pas rentrer chez vous immédiatement, je vous conseille de choisir un autre métier que policier si vous voulez retourner plus rapidement dans votre île ».

Prévoir les recrutements

Dans ces deux secteurs privé et public, il est aussi indispensable de prévoir les recrutements. C’est ce que l’on appelle la gestion prévisionnelle des carrières et des emplois. Mais, malheureusement, bien souvent l’anticipation n’est pas dans le schéma mental de certains dirigeants.

Une gestion anticipative permettrait d’adapter, dans la fonction publique, le nombre de postes ouverts aux concours en fonction des besoins réels de l’île, et cela dans tous les domaines.
A commencer d’ailleurs par les services publics de l’emploi, fortement sollicités dans notre île et qui n’ont pas les moyens de traiter à la fois 133.010 dossiers des Réunionnais inscrits à Pôle emploi en catégorie A et de faire un travail de prospective et d’analyse.

Pourquoi peu de Réunionnais à la tête des grands services ?

Faut-il pour autant pour y parvenir, instituer un observatoire des cadres ? La question peut être discutée, mais ce qui est absolument évident, c’est qu’il faut que les Réunionnais, de La Réunion, de France ou du Monde, sachent qu’il y a tel ou tel poste qui se crée ou qui se libère et qu’il peut y prétendre, parce qu’il a les compétences, les diplômes et l’expérience nécessaires.

Enfin, au moment où l’on parle de régionalisation de l’emploi, il est peut être aussi temps de s’interroger : pourquoi La Réunion a-t-elle connu aussi peu de Réunionnais à la tête des grands services déconcentrés de l’Etat ?
A travers votre combat, à travers vous, ce sont une multitude de questions qui se posent à nous. Et il nous appartient d’y répondre et de proposer, ensemble, une solution cohérente et partagée.
Je vous remercie ».

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