La CGPER réagit aux propos du ministre des Outre-mer au Sénat sur la reconversion suite à la fin du quota sucrier

Que propose le gouvernement aux 3.800 planteurs et 15.000 salariés de la filière canne ?

18 novembre 2013, par Manuel Marchal

Suite aux propos tenus au Sénat par Victorin Lurel sur l’avenir de la filière canne, la CGPER estime que le masque est tombé. Le gouvernement demande d’anticiper la fin de la canne, estime Jean-Yves Minatchy.

Le responsable de cette exploitation cannière va-t-il replanter de la canne à la fin de cette campagne ? Maintenant, tous les planteurs se posent la question, suite aux déclarations du ministre des Outre-mer au Sénat.
(photo Toniox)

Hier à Saint-Pierre, la CGPER a tenu une conférence de presse. Une soixantaine de planteurs venus de toutes les communes du Sud avaient répondu à l’appel de la direction du syndicat. Lors de cette rencontre, le syndicat a réagi aux propos tenus par Victorin Lurel, ministre des Outre-mer, lors de son audition mercredi dernier au Sénat.

Interrogé par la Commission des Affaires économiques et la Délégation sénatoriale à l’Outre-mer, Victorin Lurel a dit qu’il fallait anticiper la fin des quotas sucriers, et envisager une réorientation. Pour Jean-Yves Minatchy, « cela veut tout dire ».

3.800 livreurs et 15.000 salariés

Et le président de la CGPER de rappeler qu’ « avant, c’était l’Europe qui voulait déstabiliser la filière canne. Sous le gouvernement Jospin, il y avait eu le projet sucrier guyanais, qui prévoyait de prélever une partie du quota réunionnais. Nous étions montés au créneau ». Mais « aujourd’hui, c’est le gouvernement, par son porte-parole Victorin Lurel, et plus l’Europe, qui dit qu’il faut anticiper ».

« Un seul instant a-t-il réfléchi autour d’une table pour voir le poids de la canne dans l’agriculture réunionnaise ? », interroge le responsable syndical. Jean-Yves Minatchy souligne que la canne à sucre est le « pivot de la diversification ». La canne, c’est l’économie, le social et l’aménagement. « 3.800 paysans donnent du travail à 15.000 personnes, 18 organismes ». Si cette filière est déstabilisée, que va-t-il arriver ? Autrement dit, qu’est-ce que le gouvernement a à proposer à 3.800 livreurs de cannes et 15.000 salariés ?

L’agriculture, ce sont 22.000 emplois dans toutes les filières, et 8.900 exploitations agricoles. « C’est un secteur économique qui fonctionne, nous ne demandons pas 5.000 emplois aidés. L’emploi est là, ce sont des emplois durables, ce n’est pas un secteur artificiel », explique Jean-Yves Minatchy.

« Le masque est tombé »

Le président de la CGPER estime que « le masque est tombé ». De plus, « comment peut-on sortir une telle déclaration et ne rien proposer ? ». Jean-Yves Minatchy rappelle que lors de l’audition au Sénat, Paul Vergès a demandé à Victorin Lurel la position du gouvernement vis-à-vis des planteurs, étant donné que la canne à sucre n’est pas une plante annuelle, mais a un cycle de culture d’au moins sept ans. À cette question, le ministre n’a pas répondu.

De plus, la répartition des fonds du POSEI montre bien que le masque est tombé : 129 millions pour la banane, 75 pour la canne à sucre. Jean-Yves Minatchy constate que quand Victorin Lurel est venu à La Réunion après le cyclone Dumile, il n’a pas du tout tenu le même discours. Ce n’est pas non plus la position de Dacian Ciolos, commissaire européen à l’Agriculture, lors de sa visite à La Réunion. Le président de la CGPER affirme donc que « tout cela est à l’initiative du gouvernement français ».

M.M.

Une reconversion bien difficile

Que pourrait-il se passer si la canne venait à disparaître ? Jean-Yves Minatchy donne deux exemples qui montrent toute la difficulté d’une reconversion.

Première hypothèse : la transformation de 5.000 hectares de cannes en prairie. Avec 2 récoltes par an dans les Hauts, et 8 par an dans les Bas, que faire du fourrage ?

Deuxième hypothèse : 2.000 hectares de maraîchage prélevés sur la superficie en cannes à sucre. C’est la porte ouverte à une « surproduction incroyable ». « Comment les paysans pourront-ils vivre encore de leur métier ? ».
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