Enseignement : les représentants de la FSU quittent la réunion du CAEN

Quel “projet académique” avec les mesures du gouvernement ?

5 juillet 2004

Samedi, le secrétariat départemental de la FSU a envoyé un communiqué à la presse pour expliquer les raisons de l’attitude des représentants de la fédération lors de la réunion du Conseil académique de l’Éducation nationale au rectorat.

La réunion du CAEN (Conseil académique de l’Éducation nationale) avait comme point essentiel de son ordre du jour le "projet académique" mais "les représentants de la FSU ont été amenés à ne pas participer aux débats proposés sur ce thème et à quitter la réunion", précise le communiqué. La FSU a bien été conviée à des réunions de concertation sur certains thèmes. "Il n’en a pas été de même pour certains autres pour lesquels soit le président [désigné pour chacun des thèmes - NDLR] a adressé des invitations à un syndicat particulier de notre fédération (alors que ce thème pouvait en concerner plusieurs, voire la fédération dans son ensemble), soit le responsable de la concertation n’a sollicité ni la FSU, ni même un seul de ses syndicats", regrette la fédération.
La FSU s’interroge donc sur le lien qui peut exister entre ce projet académique et la politique gouvernementale en matière d’éducation : "Comment peut-on envisager une amélioration - nécessaire au demeurant - de la vie scolaire quant le gouvernement s’obstine, malgré l’opposition quasi unanime des collectivités locales, à transférer les personnels TOS, supprime des milliers de postes de MI-SE et d’aide éducateurs, et annonce la suppression de 1.000 postes de personnels administratifs dans le prochain budget ?"

Suppressions de postes

"Comment peut-on prétendre améliorer l’enseignement en supprimant 5.000 postes d’enseignants - ce que prévoit le budget 2005 - et de nombreux postes de remplacements, en réduisant de manière drastique le recrutement des enseignants (allant même jusque fermer complètement de nombreux concours de recrutement), en recrutant massivement des personnels de statut précaire, en remettant en cause la qualification disciplinaire des professeurs ?", s’insurge le syndicat.
"Comment peut-on envisager une diversification des langues (étrangères ou régionales) conjuguée à une amélioration de leur maîtrise en fermant de nombreux CAPES de langues ? Comment peut-on envisager un développement des filières scientifiques, techniques et professionnelles en fermant de nombreux CAPET d’enseignement technologiques ou CAPLP d’enseignement professionnel ?", fait remarquer amèrement la fédération.
Pourtant, le recteur a réaffirmé qu’il ne pouvait y avoir de contradictions entre son projet académique et les mesures gouvernementales.
La FSU s’interroge sur les objectifs visés par ce projet : "N’est-ce là qu’un recueil de bonnes intentions qui ne trouvera aucune application concrète ? Ou n’est-ce là qu’un instrument de gestion de la pénurie imposée par le gouvernement et de remise en cause du service public de l’Éducation nationale ?" L’avenir nous le dira.


Le SNEP soutient la position de la FSU

Après le communiqué de la FSU, SNEP Réunion a tenu à réagir à son tour aux conditions dans lesquelles se sont déroulées le CAEN.

"Il y avait déjà eu du sport en 1997 quand la FSU avait envahi la salle du parc des expositions, où étaient réunis aux côtés du ministre notables et syndicats bien en cours, pour taxer les fonctionnaires. Cet acte déclencha trois semaines de grève et le ministre Depéretti remit son projet dans les cartons...
[Avant-hier], la Fédération syndicale unitaire (FSU), majoritaire dans la fonction publique d’État, chargée de défendre les intérêts des personnels de l’Éducation, la Recherche et la Culture, a bien fait de quitter avec fracas la salle du Conseil académique de l’Éducation nationale, qui doit décider de l’orientation du système éducatif à La Réunion pour les trois années à venir. Cela pour de multiples raisons. Entre autre, le fait que le Rectorat auditionne en premier chef le MEDEF, puis la Chambre de commerce et la Chambre des métiers, pour mettre en place le projet académique d’éducation artistique et d’action culturelle. Les syndicats représentant ceux qui font vivre ce secteur sont pratiquement ignorés : la FSU arrive en 21ème position et la CGTR ne figure même pas sur cette liste. Les professeurs de matières artistiques, les gens de théâtre et du spectacle, les intermittents et autres acteurs de la vie culturelle et artistique apprécieront le marquage idéologique de nos technocrates...
Cela rappelle étrangement certains États totalitaires où il fallait avant toute décision consulter l’avis du parti unique, c’est-à-dire chez nous le MEDEF. Nous l’avons vu, quelles que soient les luttes sociales, quels que soient le vote et la volonté des citoyens, ce sont les réformes mijotées par le MEDEF qui sont appliquées (...) "


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