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Quelle solution pour les prix ?

16 janvier 2010

La question de la vie chère est une préoccupation quotidienne des Réunionnais depuis déjà des décennies. Déjà en 1967, les “Comptes économiques” indiquaient que « les prix de détail sont en moyenne 50% plus élevés » qu’en France. Une autre estimation publiée par les experts chargés de rédiger le Rapport d’approche du VIIème plan constataient qu’en 1973, si le SMIC à La Réunion représentait les deux-tiers du SMIC de France, le pouvoir d’achat d’un travailleur payé au SMIC à La Réunion était inférieur de moitié, et pas seulement d’un tiers, à celui d’un travailleur qui touchait le SMIC en France.
42 ans après l’étude des “Comptes économiques”, l’Autorité de la concurrence note dans un avis que dans la grande distribution, les prix sont 55% plus chers à La Réunion qu’en France, et cela sur plus de la moitié des produits.
Aujourd’hui, force est de constater que la solution n’a pas changé. Les prix sont toujours trop élevés. Cette situation est reconnue par l’État, puisqu’il donne à une partie de la population les moyens d’acheter cette vie chère : c’est la prime versée aux agents titulaires.
Mais pour tous les autres, la vie chère s’applique sans que l’État ne dégage des moyens pour que la toute la population ait les moyens d’acheter cette vie chère.


1. Ce qui rend la vie plus chère

• Les sources d’approvisionnement et le transport
Bien que La Réunion soit située à 10.000 kilomètres de l’Europe, elle s’approvisionne en majorité auprès des entreprises du continent européen. C’est précisément sur ce continent européen que les coûts de production sont les plus élevés, comparativement aux autres “ateliers du monde”.
À ces coûts de production s’ajoute le prix du transport depuis l’Europe, soit 10.000 kilomètres.

• Des marges pouvant dépasser 100% dès le premier intermédiaire
Arrivée à La Réunion, les marchandises arrivent dans une île marquée par l’étroitesse du marché, et donc le faible nombre des importateurs.
Cela fait dire à l’Autorité de la concurrence qu’elle « identifie dans son avis plusieurs particularités des circuits d’approvisionnement des marchés domiens permettant aux opérateurs de s’abstraire partiellement du jeu concurrentiel, seul capable de faire baisser les prix en faveur du consommateur domien ».
L’autorité de la concurrence note aussi que « le distributeur échouant ou n’étant pas incité à faire jouer la concurrence entre les importateurs-grossistes, ces derniers parviennent donc à prélever des marges commerciales conséquentes, qui oscillent entre 20 et 60% pour un nombre élevé de références, voire approchent ou dépassent 100% ».

• Les prix des carburants
Le choix de privilégier le tout-automobile en fermant le chemin de fer a conduit à une inflation des importations de carburants. Ensemble, le charbon et les hydrocarbures représentent aujourd’hui une facture de plusieurs centaines de millions d’euros tous les ans. Et du fait de facteur structurel, cette facture va augmenter si rien n’est fait pour changer de modèle.
À cela s’ajoute une absence totale de transparence dans les données mise à disposition de l’autorité chargée de fixer les prix. Cette opacité a été dénoncée par l’Autorité de la concurrence.

En résumé

- origine des importations

- distance des sources d’approvisionnement

- situations de monopole

- l’absence de transparence sur les prix des carburants
sont des explications à la cherté des prix dans notre île.


2. Propositions réunionnaises pour faire baisser les prix

Lors des États généraux de l’Outre-mer, plusieurs propositions ont été formulées pour que les prix à La Réunion reviennent à des niveaux comparables à la France. Car c’est à partir de la réalité des prix en France que sont calculés les revenus de la majorité des Réunionnais, ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. En voici quelques unes :

- développer la production réunionnaise d’énergies renouvelables pour aller au plus vite vers l’autonomie énergétique ;

- diminuer la part du fuel dans le prix du transport avec des véhicules propres (tram-train et voitures électriques) ;

- revoir les circuits de distribution (pourquoi ne pas aller rechercher des marchandises plus près) ;

- faire la transparence sur les prix en donnant notamment à l’Observatoire des prix et des revenus les moyens d’agir ;

- lancer un plan d’autosuffisance alimentaire pour produire tout ce que nous pouvons sur place. Pour les produits qui malgré tout devraient être importés, alors pourquoi pas créer de nouvelles industries en partenariat avec les peuples des pays voisins ?

Faire baisser les prix est possible à condition de rompre avec un système qui conduit à faire des Réunionnais des consommateurs qui doivent payer 50% plus cher qu’en France, alors que 52% de la population de La Réunion vit en dessous du seuil de pauvreté.


3. Les mesures annoncées par le Conseil interministériel de l’Outre-mer


- Renforcer le droit de la concurrence outre-mer pour lutter contre les phénomènes de monopole et d’oligopole.

- Créer d’un GIR-concurrence pour lutter contre les pratiques abusives en matière de prix.

- Contrôler le respect des accords volontaires de baisse de prix.

- Améliorer dès 2010 les données statistiques sur la formation des prix et des revenus et l’évolution du pouvoir d’achat afin d’assurer davantage de transparence en la matière.

- Engager une étude sur l’octroi de mer, afin de renforcer son rôle d’équilibre des budgets des collectivités territoriales d’outre-mer.

- Renforcer et assurer l’indépendance des observatoires des prix.
Les observatoires des prix sont des espaces de concertation réunissant les partenaires économiques et sociaux. Ils donnent des avis sur toute question concernant les prix et les revenus. Pour les conforter, il est décidé :
• de les rendre plus autonomes en confiant la présidence à une personnalité indépendante (actuellement ils sont présidés par les préfets),
• de les doter de moyens financiers pour faire réaliser eux-mêmes des études,
• de donner la capacité aux présidents des observatoires de saisir directement l’Autorité de la concurrence lorsque des écarts significatifs de prix sont constatés.

- Mutualiser la logistique approvisionnement-stockage des marchandises.

- Réformer l’administration des prix des carburants dans les DOM.

- Lutter contre la fracture numérique en favorisant le lancement d’offres attractives pour l’accès à l’internet haut débit (tripleplay) des populations à faibles revenus.


4. L’urgence d’agir

Depuis le dernier CIOM, le prix des carburants a augmenté alors que la réforme de l’Observatoire des prix et des revenus n’a pas encore commencé.
Du fait de la situation de La Réunion, toute hausse des prix des carburants à des répercussions sur le pouvoir d’achat de tous les Réunionnais, qu’ils aient ou non une automobile.
Cela explique pourquoi sur la question des prix, il est urgent d’arriver très rapidement à un calendrier d’application de solutions.


Le PCR et les propositions du CIOM sur les prix

16 ans pour réussir à diminuer les prix de 30% !

Lors du rassemblement du 22 novembre dernier à La Possession, Sylvie Mouniata avait présenté l’analyse du PCR à la suite des mesures présentées par le CIOM.

« Les textes prévoyaient de faire la transparence sur la formation des prix et d’avoir une meilleure connaissance des revenus ; les services de l’État devait se mettre à la disposition de l’Observatoire qui devait être un organisme non gouvernemental.
Actuellement, 70% de nos importations viennent de France, seulement 1% provient de notre voisinage.
Nous achetons nos marchandises chères et nous y ajoutons les coûts des transports et des services de manutentions. Dès lors comment imaginé que les prix peuvent être plus bas qu’en France ?
C’est pourquoi notre parti a toujours réclamé d’augmenter nos échanges avec les pays voisins. Par exemple, l’Afrique du Sud produit des marchandises d’aussi bonnes qualités qu’en Europe et les prix sont très intéressants. D’autres peuvent provenir de l’Inde ou de la Chine.
Mais, nous ne sommes pas à l’abri de problèmes extérieurs, comme la sécheresse, les inondations, la crise financière qui fragilise notre sécurité alimentaire, énergétique, avec ses conséquences sociales.
Nous devons avoir la maîtrise de notre développement.
La population réunionnaise compte aujourd’hui 800.000 habitants. Nous serons 1 million vers 2025. Il faudra nourrir, habiller, loger, éduquer, transporter, former,...
Pour subvenir aux besoins actuels, notre marché de consommation s’élève à 14 Milliards d’euros en une année. Cette somme énorme est dépensée pour acheter des marchandises et des services.
Un marché supplémentaire de 200.000 personnes à notre portée. Comment préparer nos agriculteurs à fournir ce marché ? Pourquoi ne pas lancer une production de vêtements ? Nous avons besoin de 200.000 maisons : les artisans et les architectes ne peuvent-ils pas se concerter pour fournir des constructions à bas coûts ? Organisons des concours d’idées pour sortir des situations de rentes et de scléroses !
Profitons de l’occasion pour régler les problèmes de productions, de distributions, de taxes,...Trouvons le juste prix pour ne pas profiter sur le dos de ceux qui ont des besoins. Un Réunionnais qui profite sur un autre Réunionnais, ce n’est pas un agent économique : c’est un voleur !
L’ambition du PCR, c’est produire l’essentiel de nos besoins à La Réunion même ou en co-développement avec nos voisins.
Nous devons partir de nos atouts et de nos talents. Nous appelons notre jeunesse à être créatif et inventif.
Il nous reste à peine 16 ans pour réussir à diminuer les prix de 30% ! ».

UneLutter contre la vie chèreA la Une de l’actuNicolas Sarkozy

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