Unité d’action

Question à Ivan Hoareau, Secrétaire Général de la CGTR.

21 novembre 2006

Qu’est-ce que l’unité d’action de mardi 21 a d’exceptionnel selon vous ?

- Cela dépend ce qu’on entend par “unité d’action”... Parce que nous avons fait de nombreux défilés par le passé avec les autres syndicats, avec plus de syndicats que les quatre de l’Intersyndicale. L’élément nouveau, c’est l’assemblée général unitaire que nous avons tenue ensemble il y a environ quinze jours. C’est la première fois que nous faisons une assemblée générale de plusieurs syndicats, où chacun amène ses délégués. Cela ne s’est jamais fait. D’habitude, chacun travaillait dans ses murs et amenait ses militants aux manifestations unitaires. Cela, on l’a déjà fait et, je le répète, avec plus de quatre syndicats.


Entretien avec Eugène Rousse, historien

Un événement dans l’histoire syndicale réunionnaise

Le climat politique rend plus facile les rapprochements, y compris syndicaux.

À propos de l’appel unitaire à manifester ce mardi 21, pouvez-vous dire s’il faut remonter loin dans la mémoire syndicale pour trouver quelque chose de comparable ?

E. Rousse : Quelque chose de comparable... je ne sais pas... Dans une précédente édition de Témoignages (voir le 20 octobre 2005), j’ai rappelé l’unité syndicale qui régnait au sein du Comité républicain d’action démocratique et sociale et qui permit à deux députés réunionnais, dont l’un était très étroitement lié au mouvement syndical, de siéger à l’Assemblée nationale constituante, à partir de 1945.
Pendant plusieurs décennies, après la Libération, les syndicats sont allés à la bataille en ordre dispersé. Il y avait une grande méfiance envers la CGT. Plus encore envers la CGTR, surtout avec la création du PCR (1959). Le fossé s’est creusé entre “autonomistes” et “nationaux”. A la CGTR, on ne voyait que des “séparatistes” !
En 1968, lors des événements, le mouvement revendicatif qui donnerait naissance à la CGTR a appelé à l’action contre les atteintes à tous les droits économiques et sociaux. La FEN appelle à la grève. Mais dès l’instant où la CGTR a appelé elle aussi à la grève, les autres syndicats ont suspendu leur mouvement. Ils ne voulaient en aucune manière être associés aux “séparatistes”. En octobre 1979, les syndicats rangent les couteaux aux vestiaires. Depuis cette date, il n’y a plus d’obstacle à la réalisation de l’unité syndicale.

Ce que vous décrivez du mouvement syndicaliste réunionnais en donne une image fortement politisé. Pendant la période 59-79, il s’est plus mobilisé sur des revendications politiques que syndicales...

- Le mouvement syndical est fortement politisé. Même au SNI (Syndicat National des Instituteurs). La division au sein des organisations syndicales a été pendant longtemps due au fait que les partis politiques eux-mêmes n’avaient aucune entente. Dès l’instant où des rapprochements politiques s’opèrent, chaque syndicat étant plus ou moins marqué politiquement, ils trouvent leur traduction sur le terrain syndical.
Longtemps le jeu syndical a été faussé par l’intrusion des politiques. Pendant très longtemps, on a pensé que la CGTR était une “courroie de transmission” du PCR. La réalité est tout autre, même si le PCR s’intéressait de très près aux actions syndicales et parfois pouvait être amené à donner des orientations politiques.

À votre avis, le rapprochement actuel marque-t-il une affirmation plus nette du mouvement syndical ?

- Aujourd’hui, rien ne s’oppose plus à l’unité d’action. Un peu comme sur le plan politique d’ailleurs. A ce propos, le Maire de Saint-Paul inaugure bientôt l’école Evenor Lucas ; on a donné le nom de Marcel Leguen à l’école du Tévelave et celui d’Isnelle Amelin au lycée professionnel de Sainte-Marie : tout cela était impensable il y a 30 ans. Le climat s’assainit et rend plus facile les rapprochements, y compris entre dirigeants syndicaux.

Propos recueillis par P. David


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