Groupe RIEFFEL : trois liquidations de droit divin ?

Qui arrêtera le “patron voyou” de l’Etang-Salé ?

2 janvier 2008

La CGTR a fait le point, samedi 29 décembre, sur le conflit dans le groupe Rieffel , dont le patron Fernand Rieffel a demandé au Tribunal de Commerce de prononcer la liquidation de trois de ses neuf entreprises : celles dotées d’un syndicat, ce qui ne doit rien au hasard. La CGTR demande aux pouvoirs publics de revoir les conditions d’attribution de subventions à un « patron-voyou ».

« Il a déjà dépensé plus pour tenter de se débarrasser des grévistes, que ce que demandaient les salariés avant la grève » ont dit les salariés du groupe Rieffel lors du point presse de la CGTR. Le conflit dans le groupe, et sa durée, sont le signe évident que ce ne sont pas des difficultés économiques ou financières qui sont en jeu dans la mise en liquidation de trois entreprises du groupe Rieffel. C’est la volonté affichée de la direction de casser la représentation syndicale, qui est à la base de tout : c’est ce qu’a rappelé Ivan Hoareau dans la conférence de presse.

« Je vous casserai »

Pour ceux qui auraient encore des doutes à ce sujet, le secrétaire général de la confédération a rappelé les faits et la chronologie du conflit. Tout est parti de la création d’un syndicat dans l’entreprise, le 19 avril 2007. « Je vous casserai » a été la réponse de Fernand Rieffel, patron de droit divin égaré au XXIe siècle, qui a tout mis en œuvre pour faire obstacle à l’élection, allant jusqu’à offrir une somme d’argent à certains salariés pour qu’ils n’aillent pas voter. Le fait est aujourd’hui dénoncé par ces mêmes salariés, auxquels le patron n’a pas donné les sommes promises. L’élection a quand même eu lieu, et trois sections syndicales ont vu le jour dans les entreprises Rieffel Réhabilitation Rénovation, Rieffel VRD et Rieffel Construction industrielle. Ce sont aujourd’hui les trois sociétés dont la direction du groupe demande la mise en liquidation judiciaire. « Ce n’est pas un problème d’argent. Ils viennent de créer une neuvième entreprise » ajoute Ivan Hoareau. En effet, Rieffel Second Œuvre vient d’être créée, portant à cinq le nombre de sociétés (SARL) du groupe œuvrant dans le Bâtiment, tandis qu’ont été créés en parallèle trois SCI - au nom des petits-enfants du fondateur - et une société mère qui est le siège de la holding. Les neuf sociétés, ensemble, constituent un groupe de fait, que le patron “saucissonne” pour ne pas voir s’installer de comité d’entreprise, éligible à partir de 50 salariés. Puis après les élections, l’entreprise a “perdu” deux camions, dont les chauffeurs étaient - quelle coïncidence ! - des délégués du personnel. Ce sont les sanctions prises à l’encontre de ces salariés qui ont déclenché le conflit et c’est en pleine grève, au moment où commençaient à se dégager des solutions au conflit - au moment aussi où, comme par miracle, les deux camions ont réapparu - que Fernand Rieffel a envoyé les lettres de licenciement à 49 salariés - alors qu’il n’y a eu que 38 grévistes. « Licencier pendant un conflit est un fait extrêmement rare » - a ajouté Ivan Hoareau, selon qui « M. Rieffel appartient à la catégorie des patrons-voyous, de ceux qui ont besoin des tribunaux pour entrer en dialogue avec les salariés ».
Parlons-en, de ce dialogue avec les tribunaux ! En quatre procédures, la direction Rieffel a été déboutée quatre fois. « L’esprit de revanche lui dicte la fermeture. C’est un irresponsable, qui montre la face la plus rétrograde du patronat » poursuit le secrétaire général de la Confédération, en interrogeant publiquement les instances patronales : est-ce que le MEDEF et la FRBTP soutiennent ce genre de pratiques ?
Aujourd’hui, 49 familles sont menacées de chômage. Pourquoi ? Pour avoir posé les problèmes. Pour la CGTR, « il s’agit d’une sanction dans laquelle la direction veut entraîner y compris ceux qui n’ont pas fait grève ».

Pourquoi des aides publiques à un patron-voyou ?

Question : comment les SCI immobilières pourraient-elles vivre si la direction scie la branche sur laquelle elles reposent, à savoir les entreprises de construction ? Actuellement, elles vivent de la commercialisation de 52 logements de standing construits par les sociétés du groupe. De quoi vivront-elles demain, si ces sociétés sont fermées ?
Une autre question posée par le responsable syndical est celle du statut du groupe. Indéniablement, il s’agit d’un groupe, qu’il a été question, un temps, de constituer en Unité économique et sociale (UES). Puis le patron s’est rétracté. « Il dit que c’est un groupe quand ça l’arrange, mais quand il veut décimer la CGTR, il sépare les entreprises pour en fermer trois », continue Ivan Hoareau.
Depuis le début du conflit, la Confédération syndicale a choisi la voie juridique, pour faire entendre ses arguments. Elle reste sur cette ligne-là plus que jamais et prépare une plainte auprès du procureur sur la base de l’arrêt de la Cour d’appel du 18 décembre dernier, visant un article de loi contre la discrimination. Elle espère aussi que le tribunal de Commerce saura poser les bonnes questions, lors de la réunion du 3 janvier.
Mais une autre question se pose, plus politique celle-ci : celles des exonérations de charge ou des subventions accordées à ce genre de patron. Ivan Hoareau n’a pas caché qu’il trouvait « choquant de voir des aides publiques aux entreprises aller à un patron voyou ».
C’est une interpellation directe aux pouvoirs publics pour qu’ils jouent leur rôle dans l’assainissement de certaines pratiques économiques et financières. Derrière le “flou juridique” installé au cœur du groupe Rieffel, ne trouverait-on pas, en cherchant un peu, des prêts illicites de main d’œuvre ? De la cavalerie de T.V.A ? Une ou plusieurs sociétés écrans structurellement déficitaires, pour capter les subventions publiques ? Et autres pratiques malsaines qui, en d’autres lieux, d’autres territoires, servent au blanchiment d’argent sale et sont poursuivies en tant que telles par les pourfendeurs de la corruption.

P. David


La question de l’amiante traitée par Rieffel

« Ce patron me dégoûte »

La CGTR a soulevé une nouvelle fois la question de l’amiante traitée par l’entreprise : 800 kg d’amiante, que le patron a fait manipuler par des ouvriers sans aucune protection. Il l’avait d’abord fait enterrer en bordure d’une ravine par une société privée, qui avait pris les précautions d’usage : combinaison, masques... en présence du fils Rieffel pour superviser l’opération.
La CGTR voudrait comprendre comment il se fait que les 800 kg d’amiante ont été retrouvés à la porte de l’entreprise, à proximité d’une ravine et d’une école. Avec quel impact pour les ouvriers qu’on a envoyés déterrer l’amiante ? Et pour les écoliers ? Et comment il se fait qu’un rapport de la DRASS soutient que l’amiante n’a pas été déplacée ? Ivan Hoareau pose publiquement ces questions, avec pour seul commentaire : « Ce patron me dégoûte ».

« Ce n’est rien ! »

« Avec tout ce que le patron a déjà dépensé pour “casser la CGTR”, cela nous aurait suffi pour régler les problèmes posés en début de conflit » ont exposé les salariés de Rieffel, qui avaient du reste revu leurs revendications à la baisse en cours de négociations. Somptuaires, les dépenses anti-syndicalistes ? Pour la direction « Ce n’est rien ! »
Ceux qui auraient vu l’émission Capital (M6) vanter les pratiques de ce patron décrit comme doué pour « se faire de l’argent au soleil », savent ce que “jeter l’argent par les fenêtres” veut dire, pour une certaine frange du patronat.


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Messages

  • Certains se croient encore au temps des colonies, ne leur manquent plus que le casque coloniale. Bwana RIEFFEL ne peut comprendre que les locaux comme ils disent entre eux (je parle en connaissance de cause) ne se soumettent pas. Que le bougnoule, le bamboula ou le bicot n’obeïssent pas à leurs ordres et les voilà qui éructent, menacent et punissent. Vivement le retour des travaux forçés espèrent-ils secrètement. En corse la question aurait été réglée par d’autres moyens mais ces moyens là font pas partie de nos moeurs plutôt tranquilles. En tout état de cause il faut rabattre leurs caquets à ceux qui sont venus se faire du fric au soleil.

  • Bonjour,

    Je suis retraité, mais j’ai consacré une bonne partie de ma vie au syndicalisme.
    Ce patron que vous dénoncé aujourd’hui, j’en ai vu beaucoup et j’en suis arrivé à penser qu’en France, ils sont plus souvent de ce tonneau que respectueux des salariés et du droit du travail(et quand je dis salariés, tous sont à la même enseigne, ingénieurs et cadres compris, même s’ils n’en sont pas conscients, je sais de quoi je parle !).
    Alors je vous dis"battez-vous camarades", même si la période est difficile avec un gouvernement qui leur est tout acquis.
    Mobilisez les médiats tout en étant clair avec eux.
    Il m’est arrivé de me battre contre un plan social dans ma boîte.
    Quand je me suis adressé à FR3 locale, je leur ai demandé une caméra pour interview. Ils ont commencé par refuser, je leur ai demandé s’ils préféraient que nous débarquions à deux cars sur leur plateau au moment du journal alors ils se sont ravisés et nous avons passé un accord, lorsque nous intervenions en directe, nous les informions de ce que nous voulions dire et nous respections notre parole, cela à été très efficace, mais il a fallu bien d’autres actions pour arriver à nos fin.
    Alors bon courage et tenez bon.

    Pierre Robardet


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