Franchise médicale, système de santé

Rappels et décryptage du discours présidentiel

1er octobre 2007

Le rendez-vous de ce week-end contre les franchises médicales a été une étape indispensable pour la mobilisation en vue d’un système de santé solidaire et efficace.
Car les franchises ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Sous couvert d’un discours qui met en avant la responsabilité de chacun devant des caisses de financements vides et la volonté de sauvegarder un système de solidarité nationale, ce gouvernement n’a qu’un seul but : laisser aux grands leaders de l’assurance, ces groupes financiers plus intéressés par le profit que par notre santé, le soin de décider de l’avenir de notre “capital” santé.
Extraits du discours social de N. Sarkozy :
« On oppose trop souvent la responsabilité, qui serait de nature individualiste et potentiellement dangereuse pour la cohésion sociale, et la solidarité, qui serait chargée de toutes les valeurs positives. C’est une erreur. Pour ma part, je pense que la solidarité est le fondement de notre protection sociale, que ce soit la solidarité entre jeunes et moins jeunes, entre chômeurs et salariés, entre malades et bien portants. [...] »
L’emploi du “on” chez le président sert souvent à désigner, à dénoncer l’opinion pré-établie, le discours dominant des “égalitaristes”. Il s’agit d’une manipulation sophiste très simple dans ce cas précis : la gauche, les progressites et tous ceux qui voudraient continuer dans un système réellement solidaire, n’ont rien compris parce qu’ils opposent naturellement “responsabilité individuelle” et “responsabilité collective” dans la définition du système de solidarité.
Mais, le président se trompe, car la condition d’une “responsabilité collective” passe forcément par la “responsabilité individuelle” : comment ne pas être responsable individuellement dans un cadre collectif lorsque je travaille, lorsque je cotise aux systèmes de retraites et de santé, lorsque je paye des impôts, et que j’ai conscience de cela ?
Non, là nous ne pouvons le suivre.

Parlons un peu de responsabilité

L’État doit 5,2 milliards d’euros à la sécurité sociale, 13 milliards d’euros : c’est la somme qui rentrerait dans les caisses assurances chômage et maladie si les revenus boursiers cotisaient 23 milliards d’euros : c’est le coût pour l’assurance maladie des exonérations de cotisations patronales voulues par le MEDEF et gracieusement accordées par la loi d’un gouvernement responsable. 1,9 milliards d’euros : c’est l’ensemble des cotisations patronales non payées (fraudes).

Par contre, 1% d’augmentation de salaire généralisée (soit un coût de 30 euros pour un salaire de 1500 euros net) représente un rentrée de 2,5 milliards d’euros pour la sécurité sociale. 100 000 emplois créés (dans la fonction publique par exemple ?) représentent une rentrée de 1,5 milliard d’euros.

Déficit de la Sécurité Sociale : 12 milliards d’euros !?

Soyons clairs, lorsque le président fait appel à la responsabilité individuelle, il nous demande surtout de mettre la main à la poche pour sa politique avantageuse pour ses amis du CAC40. Il nous demande, à nous citoyens, de financer la richesse et les bénéfices records d’une minorité qui ne connait rien de la solidarité, de la responsabilité collective et individuelle.
Mais est-ce seulement cela ?
Extraits du disCours social de N. Sarkozy :
« Il s’agit ensuite de développer l’assurance individuelle contre le risque de dépendance. Les investisseurs privés doivent investir davantage dans ce secteur, non pas en substitution de la solidarité nationale mais en complément. La dépendance des personnes âgées est le plus souvent un risque assurable qui peut être couvert en partie par des produits financiers innovants. Ces produits d’épargne longue pourront être fiscalement avantagés. Je souhaite qu’ils puissent comporter une sortie en rente en cas de réalisation du risque, mais aussi en nature, sous la forme d’un panier de prestations de services. Ce chantier doit aussi aboutir au premier semestre 2008. »
Qui va mettre en place ces produits financiers innovants ? Sous quel(s) contrôle(s) et avec quelles garanties pour les personnes dépendantes ? Et surtout suivant quelle logique ? Quelles en seront les conditions d’obtentions ?
Les assurances privées n’ont qu’un seul but : faire des bénéfices ! Une seule méthode : faire des économies ! Aux dépends de qui ? Pour quel bénéfice pour la société, la solidarité nationale ?
Les seuls bénéficiaires resteront une fois de plus les grands groupes de la finances et les grandes fortunes, informées et décisionnaires, qui spéculeront avec cette nouvelle manne.
« Notre santé n’est pas une marchandise ! »


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