Répartition par micro-région des intentions de recrutement

Rapport entre population et nombre d’emplois : un déséquilibre à corriger

19 avril 2007

D’après le dernier recensement, le Sud héberge un tiers de la population active réunionnaise. Une part qui est amenée à augmenter. Mais les intentions d’embauche ne suivent pas, elles représentent moins de 60% de celles de micro-régions moins peuplées, le Nord et l’Ouest.

Selon l’enquête sur les besoins en main d’œuvre des entreprises pour 2007 réalisée par l’ASSEDIC Réunion, c’est dans le Nord que le nombre de projets de recrutement est le plus élevé avec 4.151, suivi de près par l’Ouest 4.142. Loin derrière, le Sud avec 2.692 intentions et l’Est 1.455.
Si on compare cette répartition des recrutements annoncés avec celle de la population de chaque micro-région, des inégalités se confirment. Car ce classement ne correspond pas au poids démographique de chaque micro-région. Au dernier recensement, le Sud comptait 248.300 habitants, le Nord 176.200, l’Ouest 180.000 et l’Est 101.000 (1). Si cette tendance était respectée en termes de projets de recrutement, alors c’est le Sud qui devrait arriver en tête. Mais force est de constater le Sud arrive en troisième position, avec un déficit de plus de 1.000 postes par rapport à 2 autres régions moins peuplées. Cela confirme un fait : alors que le Sud représentait au dernier recensement 36% de la population réunionnaise, il accueillait 31% des emplois. Conséquence, c’est dans cette micro-région que le taux de chômage était le plus important lors du dernier recensement (2). Pour une population active de 104.100, le pourcentage était de 46,7%.

Vers une hausse des migrations quotidiennes ?

Dans son numéro d’octobre dernier, "Economie de La Réunion", la revue de l’INSEE-Réunion, notait que si la tendance se poursuit, le Sud allait compter en 2020, dans 14 ans, 342.500 habitants, soit 36,4% des Réunionnais. Parallèlement, la population active sudiste est appelée à augmenter. D’après des projections par SCOT, selon les hypothèses INSEE-DDE-Région, elle comptera, en 2010, 132.800 personnes, 150.900 dans 14 ans, lorsque les prévisions estiment la population active totale à La Réunion à 431.400 cette année-là.
Face à un constat estimant que « devant cet afflux de demandes d’emploi, l’appareil économique du Sud ne suffit pas à satisfaire tous les besoins » ("Economie de La Réunion" n°127), les comportements s’adaptent. Ce qui a pour conséquence une augmentation du nombre de chômeurs, ainsi que « du nombre d’actifs occupés allant régulièrement travailler en dehors du Sud ».
Si les intentions de recrutement continuent à suivre la tendance observée, alors l’écart entre population active et nombre d’emplois va s’amplifier dans le Sud. D’où une augmentation des flux de déplacement entre le Sud et les régions plus favorisées en termes d’offres d’emplois : l’Ouest et le Nord. Entre-temps, un équipement structurant concernant le Sud va entrer en service. Il s’agit de la route des Tamarins. "Economie de La Réunion" s’interroge : « de grandes incertitudes pèsent sur ce que seront vraiment les mobilités avec cette micro-région, notamment quand la route des Tamarins sera mise en service. Cette route va-t-elle favoriser l’implantation d’activités nouvelles dans les communes du Sud ? Ou va-t-elle faciliter les déplacements quotidiens des résidents "sudistes" vers les zones d’activités de l’Ouest et du Nord ? ».

Un déséquilibre

Autrement dit, la route des Tamarins contribuera-t-elle à une meilleure répartition des zones d’activités ou, au contraire, à une amplification de la densification des activités et des zones d’emplois sur des zones localisées de l’Ouest et du Nord ?
Jusqu’à présent, les choix faits ont abouti à la concentration des zones d’embauches essentiellement à Saint-Denis et dans une moindre mesure au Port. Cela a pour impact une migration quotidienne de dizaines de milliers de travailleurs à partir du Sud et de l’Est. Les chiffres concernant la capitale sont à ce sujet éloquent. Tous les jours, 50.000 véhicules viennent de l’Ouest et 70.000 de l’Est. Ce qui montre bien un développement peu harmonieux sur le plan géographique. Corriger ce déséquilibre en créant proportionnellement davantage d’emplois dans le Sud et l’Est, c’est limiter les déplacements sur des axes routiers saturés, d’autant plus que le tram-train ne pourra pas toucher à court-terme des populations qui en ont pourtant besoin.
Du fait du choix des élus de la CIVIS et de la CIREST, les populations du Sud et de l’Est voient retarder la mise en service du tram-train dans leurs micro-régions. Cette décision prive le Sud, la micro-région la plus peuplée de La Réunion, d’un moyen de transport susceptible de répondre à des besoins massifs de déplacement. Elle promet une aggravation du temps passé dans le trajet domicile-travail pour ces travailleurs qui n’auront que la voiture comme moyen de déplacement.

Un Réunionnais sur trois dans le Sud

Autant dire que des créations d’emplois massives s’imposent plus particulièrement dans cette micro-région pour donner les moyens aux sudistes de travailler près de chez eux, ce qui éviterait d’exclure celles et ceux qui n’ont pas la possibilité de se déplacer jusqu’aux zones d’activités de l’Ouest et du Nord.
Cela implique une mobilisation de tous les instants pour que soient réunies les conditions pour que le Sud devienne la micro-région la plus dynamique sur le plan économique, afin que suffisamment d’emplois puissent être créés pour répondre aux besoins de plus d’un Réunionnais sur trois.

Manuel Marchal

(1) "Tableau économique de La Réunion 2006-2007
(2) "Économie de La Réunion" n°127, octobre 2006


Égalité du taux d’emploi et limitation des déplacements travail-domicile

Plus de 100.000 emplois à créer dans le Sud

S’appuyant sur les estimations pour 2030, c’est-à-dire une population active de 442.200 Réunionnais dont 161.400 sudistes, l’INSEE estime le nombre d’emplois à créer dans chaque micro-région en prenant en considération deux conditions. Tout d’abord, rattraper le taux d’emploi de la France (63%). Ensuite, créer des emplois dans les zones de résidence, c’est-à-dire obtenir un taux d’emploi de 63% dans chaque micro-région. Résultat : ce sont plus de 100.000 emplois qu’il faudrait créer dans le Sud, 72.000 dans l’Ouest, 43.000 dans l’Est et 28.000 dans le Nord !


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