Grève générale du 5 mars

Réactions

6 mars 2009, par Sophie Périabe

Dans le cadre de la manifestation du 5 mars à l’appel du COSPAR, nous avons posé trois questions à des Réunionnais :
- Pourquoi êtes-vous présent aujourd’hui ?
- Qu’attendez-vous de cette manifestation ?
- Quel est votre sentiment sur les annonces du gouvernement ?
Voici leurs réponses.

• Ti Coq, artiste

Moin lé la pour le pouvoir d’achat, mi comprend pas pourquoi les produits locaux lé plus cher que les produits importés. Y fo arrêter avec le monopole des prix.

- Mi espère que va fé bouge un peu les choses, ke va pèse dans la balance en nout faveur.

- Les annonces y arrivent un peu tar et lé pas suffisant.

• Kérina Lauret
- Mi trouve inadmissible que nous doit serrer la ceinture comme sa. Et en plus, le gouvernement y dit que si les caisses lé vide, c’est not faute. Fo le réunionnais y arrête culpabiliser. Les parents la bataille po nou. Et dans le même temps, les gros patrons néna parachute doré, les banques y gagnent l’argent, et nous, y reste koi pou nou ? Nou ve être des Français à part entière aussi, payer les produits même prix qu’en métropole, y fo donc augmenter les salaires et baisser les prix.

- Nou ve montrer ao gouvernement que nou lé prêts à dire not ras-le-bol. Nou attend l’égalité tout simplement. Et lé important aussi que les politiques y prend conscience de nos problèmes.

- Le gouvernement se fout des gens, 100 euros lé pas suffisant. En plus, y attend que nou lé dan chemin. Le président la promi du travail, ou y lé le travail ?

• Marius Bègue, éleveur à la Plaine des Cafres
- Y gagne pu vivre avec 400 euros par mois. Ce mois-ci, un chariot de courses y coûte 30 à 40 euros plus cher que le mois dernier. Moin néna 63 ans et moin lé obligé de continuer de travailler. Avec la retraite de 400 euros de madame, lé pas suffisant. 
Nou éleveur, nou vend not viande pas cher aux coopératives et après ou retrouve sa dans les boutiques à des prix incroyables. Ici, les coopératives néna le monopole, zot y fé sak zot y veut avec les prix que zot y veut. En plus, pour les éleveurs et maraîchers, les prix des engrais et des aliments y augmentent tout le temps, comment y fé ?

- Mi attend une amélioration, que les choses y bougent un peu.

- Les plus démunis va gagnent 200 euros, mais va pas redresse tout le monde, y fo aussi donne des contrats, plus de travail. C’est du travail que nou la besoin.

• Lucile Pottier, étudiante
- Moi je manifeste contre la vie chère, et aussi en tant qu’étudiante, contre la masteurisation, contre l’autonomie des universités, bref, contre cette politique gouvernementale.

- J’attends que le gouvernement prenne en compte l’opinion du peuple.

- Obligatoirement, ces mesures ne vont pas profiter à tout le monde. Là, c’est juste pour calmer les esprits, mais il y a encore beaucoup d’autres choses à faire.



Trois questions :

- Quel est votre sentiment sur la manifestation d’aujourd’hui ?

- Quelle sera la suite des évènements ?

- Une réaction sur les annonces du gouvernement ?

• Gélita Hoarau
- Plus de 10.000 manifestants à Saint-Pierre, 2.000 voire 3.000 fois de plus à Saint-Denis, c’est une grande satisfaction. Félicitations au COSPAR pour cette mobilisation qui a été bien menée et réussie. Il faudra continuer pour les revendications immédiates et rester mobilisés dans la réflexion en attendant les Etats généraux. Le but sera de réussir à monter un projet de développement durable avec nos spécificités. J’ai envie de dire au président “écoutez-nous”, nous avons des richesses et des atouts pour bâtir un projet de développement qui donnera des perspectives aux jeunes.

- Je vais me tenir informer avec la COSPAR et mon vœu est qu’ensemble, on puisse bâtir ce projet, et ainsi nous pourrons sortir notre pays de ce marasme.

- Il faut qu’on descende dans la rue ? Faut-il rappeler que 52% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, que 30.000 demandes de logement sont en attente ? Tout cela ne date pas d’hier. Aujourd’hui, la rue l’oblige à nous écouter.

• Krishna Damour
- C’est une totale réussite car au-delà des organisations syndicales, politiques, associatives, c’est la population qui a répondu présente de manière spontanée. Ça illustre un ras-le-bol général dans les DOM-TOM et notamment à La Réunion. Il faut une mise à plat du système économique et social car nous sommes arrivés à la fin de certaines possibilités.

- L’après 5 mars, ça va être les Etats généraux. Les Réunionnais doivent être au centre de ces débats. Il faudra tenir compte des revendications de la population et apporter des solutions innovantes et nouvelles.
J’attends beaucoup, en tant que jeune, de ces Etats généraux. Donner la priorité aux Réunionnais pour les postes à responsabilités, pouvoir discuter d’égal à égal avec les pays de la zone seraient des mesures à prendre, il faut faire sauter les verrous et développer l’axe Sud-Sud.

- C’est beaucoup de poudre aux yeux, beaucoup de chiffres, comme d’habitude. Si on regarde en détail, il n’y a pas de retombées pour la base.

Max Banon
- C’est une très grande réussite, nous avons rempli nos objectifs. Nous voulions une manifestation tonique, montrer la volonté de la population pour créer un véritable rapport de force. On ne pliera pas. Maintenant il va y avoir des discutions tous azimuts dans les quartiers, et comme on dit, les petites rivières font des grands fleuves et le fleuve ne va pas s’arrêter là.

- La suite, ce sera des opérations coups de poing et nous reprendrons les revendications mardi lors de la prochaine mobilisation.

- Ces déclarations, ce sont des belles paroles, mais on n’a pas de visibilité pour le contenu. Maintenant il faut mettre carte sur table et entamer de réelles négociations.



• Yves Hamon, de la CGTR
« C’est un bilan positif, le 29 janvier, on était 5.000 à Saint-Pierre, aujourd’hui, nous sommes plus de 10.000 à défiler, c’est un encouragement à poursuivre. Pour la suite des évènements, c’est le COSPAR qui va s’en charger. En tout cas, des négociations devront s’engager sur la base de la plateforme revendicative. Le 19 mars, un grand rendez-vous national nous attend également.
Pour nous, la lutte pour les salaires et celle pour les emplois ne sont pas contradictoires. On entend le patronat dire que si on augmente les salaires, on ne pourra plus embaucher, c’est faux, la lutte des salaires fait partie de la lutte pour les emplois.
Nous, à la CGTR, nous sommes pour des salaires supérieurs à 1.600 euros nets pour tous. Les 200 euros de la plateforme sont des minima communs à toutes les organisations membres du collectif, mais chacun garde aussi ses revendications. Dans la manifestation, chaque organisation a gardé ses couleurs, c’était plus logique, même si nous étions tous ensemble. »

• Nazir Vay, du Collectif des petits artisans et commerçants saint-pierrois
« Pour nous, c’est une réussite car tout était fermé. Nou aussi nou subi la crise, nou aussi nou risque de disparaître. Après les milliards offerts aux banques et à l’automobile, quoi l’Etat y fé pou nou ? C’est pour ça que nou soutient le COSPAR, non seulement pour montrer notre solidarité, mais surtout pour demander que l’Etat y regarde à nou en prenant des mesures tels que :

- l’exonération totale des cotisations patronales pour les petits commerçants et artisans

- accorder des prêts à taux zéro aux petits commerçants et artisans pour faire face à la crise et relancer l’outil de travail. Cela permettrait de sauver beaucoup d’emplois et d’éviter des dépôts de bilan.
En baissant les rideaux aujourd’hui, nou envoie un signe fort au gouvernement responsable de cette crise ».

Propos recueillis par Sophie Périabe

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