Les demandeurs d’emploi seniors ou ceux qui sont fragilisés dans leur emploi se heurtent souvent à des représentations les excluant du monde du travail. Le projet “50 et +” veut leur permettre d’apporter des réponses objectives à ces représentations.
Il faut changer les préjugés et les représentations autour des plus de 50 ans et de l’emploi, réconcilier jeunes et moins jeunes dans une culture de transmission des connaissances et de l’expérience. Dans une société jeune comme la société réunionnaise, il est essentiel de ne pas se couper de ses bases, mais de s’y appuyer.

Premières études

L’Observatoire du Développement de La Réunion étudie cette problématique sous 3 angles : celui des demandeurs d’emploi seniors, celui des employeurs et celui des seniors dans leur emploi. Les résultats des 2 premières études ont été présentés hier. La troisième “Les facteurs de fragilisation des seniors en emploi” sera publiée en fin d’année.

Perception opposée

Les 2 premières études révèlent l’existence de comportements discriminants liés à l’âge des demandeurs d’emploi. Elles mettent l’accent sur le décalage des perceptions respectives des demandeurs d’emploi et des employeurs. Ainsi, l’expérience que les seniors mettent en avant comme un atout déterminant est perçue plutôt comme un inconvénient par les employeurs, car l’ancienneté ne compte qu’au sein même de leur entreprise. De même, la motivation mise en avant par les plus de 50 ans est au contraire perçue comme déficiente chez les seniors par les personnes chargées du recrutement. En revanche sont reconnus de part et d’autre le sens des responsabilités et l’autonomie.

Ouvre moi la porte

Alors pourquoi les portes de l’entreprise ne s’ouvrent pas aux seniors ? C’est que le salaire d’un senior est supérieur à celui d’un jeune. Autres freins : le possible manque de formation dans certains cas, la prétendue baisse de productivité, l’éventuelle adaptation des postes de travail, la crainte de la LOOM avec le congé solidarité...
Les employeurs dénombrent toutefois quelques pistes de réflexion : autour de la formation, de la nécessaire évolution des mentalités, de la communication sur les dispositifs existants, voire de la création d’un dispositif spécifique (ce qui vient d’être mis en œuvre avec la suppression de la Contribution Delalande, la création du CDD senior). En fait, employeurs et seniors doivent tous deux se remettre en cause.

Il y a senior et senior

Enfin, 2 catégories de seniors existent : ceux très spécialisés dont le savoir et les compétences sont perçus comme des atouts majeurs, et l’âge comme un élément non discriminant, et les autres, peu qualifiés, qui constituent le plus grand nombre.
Seule une évolution des mentalités et des perceptions peut modifier cette situation, tout comme un accompagnement des seniors tant en formation qu’en aptitude à répondre aux objections des employeurs reposant sur des critères le plus souvent empreints de subjectivité ou influencés par des représentions.

Un projet européen EQUAL

“50 et +” est un projet EQUAL, à l’initiative du Fonds social européen. L’objectif est de combattre les discriminations et de réduire les inégalités dans la sphère du travail et de l’emploi pour une meilleure cohésion sociale. Outre la France au travers de La Réunion, le projet réunit 4 pays : l’Irlande, le Pays-Bas, la République tchèque et la Suède.
Ce projet transnational permet ainsi de confronter des situations très différentes selon les pays européens. Ainsi, on constate que la France reste très en retrait par rapport à ses partenaires pour l’emploi des seniors, alors qu’elle s’était engagée lors du Conseil européen de Stockholm à atteindre l’objectif de 50% des 55-64 ans en activité à l’horizon 2010.
En 2004, le taux d’emploi en Europe des 55-64 ans était de : 69,1% en Suède ; 60,3% au Danemark ; 56,2% au Royaume-Uni ; 50,9% en Finlande ; 45,2% aux Pays-Bas ; 41,3% en Espagne ; 39,2% en Allemagne ; contre 37,3% en France.

Accompagnement et formation

Un colloque en septembre

L’accompagnement et la formation pour les plus de 50 ans s’appuient sur les enseignements des études de l’ODR, sur l’expertise d’Association Management Formation, sur les échanges d’expériences avec les partenaires transnationaux et locaux (le CNASEA, l’EEI “Espace Emploi International” et la Chambre de Métiers et de l’Artisanat).
D’ores et déjà, un accompagnement personnalisé est proposé à des groupes de volontaires demandeurs d’emploi de plus de 50 ans. D’une durée de 3 mois, il met en œuvre des processus tels que la revalorisation personnelle, la motivation, la mise en œuvre d’un projet professionnel, voire la définition d’une nouvelle carrière, une formation adaptée, la mise en relation avec les entreprises par une cellule de placement et des partenariats avec des structures spécialisées dans l’intérim, l’accompagnement à la création d’entreprise...
Un colloque réunissant les partenaires transnationaux, locaux et les acteurs de la vie économique réunionnaise permettra en septembre 2006 de confronter expériences et points de vue pour initier et pérenniser les dispositifs.

Changer les mentalités

Bientôt “www.50etplus.re” ;

Le changement des mentalités passe par un plan de communication s’adressant au grand public, aux chefs d’entreprise et autres personnes décisionnaires dans les processus de recrutement, aux institutions et collectivités locales. Son objectif : modifier représentations et préjugés afin de faire évoluer les comportements et les mentalités autour du sujet de l’emploi des seniors. Un site Internet “www.50etplus.re”,{{ en ligne prochainement, permettra de présenter le projet et offrira aux seniors de nombreux services comme une bourse à l’emploi, des offres de formation ou encore des ressources documentaires.