Défilé à Saint-Denis

Réformons cette réforme !

13 octobre 2010, par Jean Fabrice Nativel

Le mouvement de manifestant(e)s contre le projet de réforme des retraites à Saint-Denis a emprunté l’itinéraire habituel en chantant, et a stationné à la Préfecture pour les déclarations des membres de l’intersyndicale qui, de concert, ont fustigé cette mesure classée impopulaire. En signe de solidarité, les commerçants du centre-ville ont baissé leurs rideaux, un incident est à déplorer. Et chacun prendra ses responsabilités le moment venu !
Justement, ce sont des citoyens responsables que l’on a vus hier défiler. Soucieux, d’une part, de leur retraite et, d’autre part, de celle de leurs enfants et des personnes au travail. Plus un jeune arrivera tard sur le marché de l’emploi, moins il aura de chance de partir à la retraite à l’âge programmé par cette mesure. Il est dit que l’espérance de vie augmente. Bonne nouvelle ! Mais est-ce pour autant une raison de fixer l’âge de la retraite à 67 ans ? Quand on sait que, d’ores et déjà, certains employés percevront en tout et pour tout le minimum vieillesse — une misère.
Celui qui a planché sur cette mesure n’a rien à craindre pour sa retraite lui ! Sa bourse est pleine.

Texte et photos Jean-Fabrice Nativel


• Patricia Coutandy : « Rien n’est jamais perdu quand on parle ensemble de plus en plus fort »
Premièrement, elle se dit « satisfaite de l’intervention de Gélita Hoarau — au Sénat — sur les conditions d’iniquité entre la France hexagonale et notre département, et de Pierre Mauroy qui a défendu l’âge de la retraite portée à 60 ans. D’autres pistes existent pour financer le système de répartition des retraites, notamment la taxation du capital ».
Deuxièmement, elle insiste sur la nécessité de « poursuivre la mobilisation afin de contrer la campagne de désinformation nationale qui nous fait croire que l’on ne peut pas faire autrement que d’exiger encore plus d’efforts des travailleurs ».
Troisièmement, elle se réjouit de la présence nombreuse des lycéens et des étudiants, car « la retraite à 60 ans et les 35 heures », explique-t-elle, « étaient des mesures » pouvant « permettre aux jeunes d’entrer dans le monde du travail ».
Et de terminer : « Rien n’est jamais perdu quand on parle ensemble de plus en plus fort ».

• Chantale (Collectif Non au racisme, respekt a nou !) :
« Nous aussi on a notre mot à dire ! »
La militante a défilé contre cette réforme des retraites et sa retraite. Mais également pour « les personnes qui ne peuvent pas se déplacer comme celles qui sont âgées et handicapées ». « La grève est un droit et si on ne se bouge pas pour ce droit, on n’aura pas de gain de cause », précise-t-elle. « Le gouvernement sans nous ne peut avancer », affirme-t-elle, car il a été élu par « le peuple ». « Nous aussi on a notre mot à dire » dans ce qu’il entreprend, s’exclame la manifestante venue « pour que les gens nous respectent ».

• Brigitte Malet (ARCP) : « On maintient ces 2 groupes sous pression et sans perspectives »
« Notre combat contre la pauvreté est plus que jamais d’actualité », martèle-t-elle. Ce membre de l’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté voit qu’« on maintient les seniors jusqu’à la corde, ils vont être à la casse ». Alors qu’« à côté de cela », constate cette militante, « les jeunes sont sans emploi ». « On maintient ces 2 groupes sous pression et sans perspectives », analyse-t-elle. Cela « va donner une implosion », avertit-elle.

• Jean-Pierre Técher (AC) : « Ou koné la diférans ant in cheval é in bourik ? »
Il est « révolté par tant d’injustices et d’inégalités » comme de la « surdité de nos dirigeants, le gouvernement bien sûr qui refuse d’écouter le peuple ». D’après lui, « en démocratie, on ne gouverne pas contre le peuple qui a démontré et montré qu’il est contre cette réforme ».
Agir contre le Chômage interroge : « Ou koné la diférans ant in cheval é in bourik ? ». Réponse : « In cheval, kan ou mont dési é ou pik a li, li avans ; in bourik, kan ou mont dési é ou pik a li, li fé i an, i an ». Cette dernière — note-il, est « l’attitude de ce gouvernement qui refuse » d’entendre la revendication « du peuple qui, à 69%-70%, est d’accord avec cette grève ». Sauf qu’« une majorité d’élus est au garde à vous et vote les yeux fermés ».
« Dans ce contexte, les gens doivent se mobiliser en masse pour contraindre le gouvernement à mettre en veilleuse cette réforme »,
préconise AC, « en attendant le temps de procéder à la dissolution de l’assemblée et les résultats des nouvelles élections législatives. Le gouvernement sortira — de cette échéance — avec une nouvelle majorité qui aura une légitimité pour mener à bien les réformes nécessaires dont le peuple a besoin ».
Il déplore « l’attitude de certains citoyens qui préfèrent aller à la plage ou rester chez eux ». Ils croient « qu’il y a des manifestants professionnels », avance-t-il. Pas de doute, « en étant présent dans les manifestations, on se comporte comme un citoyen, et les résultats seront positifs ». Il appelle cela la « conscience citoyenne ».

• Alice : « Si cette loi passe, l’avenir des jeunes est foutu »
La retraite est un thème qui concerne toutes les personnes comme elle, qui travaille depuis 12 années. Cependant, s’inquiète-t-elle, selon ses projections, ce n’est qu’à l’âge de 70 ans qu’elle pourra bénéficier d’une bonne retraite. Cette employée encourage « les gens à se réveiller », car « si cette loi passe, l’avenir des jeunes est foutu », dont « mes enfants », d’où sa présence à ce rendez-vous.

• Nadia (mère de famille) : « Je ne me vois pas travailler jusqu’à l’âge de 67 ans »
Cette mère de famille « de 4 enfants ne se voit pas travailler jusqu’à l’âge de 67 ans ». Pour une raison toute simple, « lo kor i suiv pa ». Cette intérimaire effectue « un travail physique et à la chaîne ». Elle a entre autres à s’occuper de ces enfants et du travail, il n’y en a pas tous les jours. Dans le « stress permanent », elle vit l’attente d’être contactée pour un emploi. Au quotidien, elle se demande : « Vais-je travailler demain ? ». Conséquence, elle est inquiète pour son avenir.

• Alain :
« On n’en veut pas »
« Ma présence à cette manifestation et les autres passées montre au gouvernement que la réforme des retraites qu’il veut faire passer en force est très mauvaise et qu’il n’écoute pas la population, qui est dans la rue, lui dire une fois de plus qu’elle n’en veut pas », brosse-t-il.


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