Défilé du 1er mai

« Refusons la fatalité »

25 avril 2008

Les prix qui galopent, les salaires qui décrochent, la précarité qui s’installe, les acquis sociaux qui s’évaporent... le tableau est sombre, mais il n’y a pas de fatalité. C’est le message que veulent porter les organisations syndicales CFTC, UNSA, FSU, CGTR et Solidaires ce 1er mai. Rendez-vous jeudi prochain dès 9 heures au Jardin de l’Etat.

Occultant le mécontentement des Français exprimé lors des dernières élections municipales et cantonales, et en dépit d’une côte de popularité en chute libre, le chef du gouvernement veut encore accélérer le rythme de ses réformes. Sa stratégie : agir vite pour ne pas laisser le temps de réagir.

« La tactique de débordement »

C’est ce qu’Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, appelle « la tactique de débordement », qui consiste à noyer l’opinion publique, comme les syndicats d’ailleurs, sous une cascade de réformes au point de ne plus rien y comprendre. De couacs en couacs, même les élus de la majorité présidentielle s’y perdent et doivent être rappelés à l’ordre. Mais finalement, on ne demande pas aux Français de comprendre, mais juste de se serrer la ceinture : déficit public oblige bien sûr. S’il est indéniable, « n’acceptons pas l’argument du déficit comme imparable », invite Ivan Hoareau, rappelant l’injustice du paquet fiscal en faveur des plus nantis, alors qu’on culpabilise les plus démunis, rendus responsables de leur situation.
Dans les faits, l’Etat se débarrasse des contrats aidés pour les livrer au secteur marchand ; les bénéficiaires des minima sociaux sont traqués ; les chômeurs contraints d’accepter des emplois dits raisonnables qui les ancrent dans la précarité, lot commun des travailleurs astreints de plus en plus à des temps partiels. Les fonctionnaires ne sont pas en reste. Ils sont stigmatisés : peu productifs, ils coûtent trop cher à l’Etat, qui prétend que ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux ne changera rien dans le fonctionnement des services publics. Pourtant, ils seront bien remplacés mais par des intérimaires. « On va vers l’externalisation des recrutements et la disparition progressive du statut de fonctionnaire », explique Marie-Hélène Dor, secrétaire adjointe de la FSU, qui souligne qu’avec la loi sur la mobilité des fonctionnaires, désormais, ces derniers pourront être licenciés.

« Sans volet social, aucun développement durable n’est possible »

« Sarkozy a menti sur le pouvoir d’achat, on le sait », soutient Ivan Hoareau. Plutôt que d’agir sur les salaires, le gouvernement dit vouloir agir sur les prix tout en accordant pourtant le principe de leur libre fixation. Et que dire du monnayage de la santé, de la diminution des allocations de rentrée scolaire, de la refonte des retraites, des rapports Attali, Pochard...? « Si énormément de réformes apparaissent attractives au départ, le seul but visé est la casse du service public, la déréglementation du social, pour arriver à des pauvres de plus en plus pauvres et des riches de plus en plus riches », explique Jean-Claude Ménard, secrétaire départemental du syndicat Solidaires. Face à cette machine réformiste, la voix des représentants des travailleurs est occultée.
Armand Hoarau, secrétaire départemental de l’UNSA, accuse une « faute de gouvernance » en France comme dans les pays occidentaux. Il souligne qu’à aucun moment, des grandes orientations nationales, ni même locales, pour la LOPOM ou le projet Réunion 2030, les syndicats n’ont été sollicités, ni même entendus. « De ce fait, le volet social n’est pas pris en compte, et sans volet social, aucun développement durable n’est possible ». Comment, dès lors, faire entendre la voix des salariés qui hésitent, dans un contexte de précarisation et d’insécurité de l’emploi, à se mobiliser, alors que les syndicats eux-mêmes sont en pleine crise de représentativité, que la France est privée d’opposition politique ?

« Dire au gouvernement que sa politique de division ne marche pas »

« L’exaspération va s’exprimer autrement », augure Ivan Hoareau, soutenant que l’impact des réformes va continuer à se faire jour. « On est contraint de manifester car la misère s’intensifie », défend son homologue de l’UNSA, pour qui un discours d’espoir est capable de fédérer les citoyens. Les travailleurs sans papiers sont bien dans la rue pour réclamer reconnaissance et dignité.
Pour Christian Picard, secrétaire départemental de la FSU, ce 1er mai est l’occasion offerte aux travailleurs comme à l’ensemble de la population de faire front uni pour « dire au gouvernement que sa politique de division ne marche pas et que nous voulons une société plus juste et égalitaire ». Alors, subir ou agir ? Se plier ou se redresser ? Se diviser ou s’unir ? Succomber aux chants des sirènes de la démagogie ou sonner le clairon de la résistance ? Etre ou ne pas être... de la fête ? Voilà les questions de ce 1er mai.

Luttes pour l’emploi

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