Regard bref sur la vie d’une famille réunionnaise

11 août 2007, par Jean Fabrice Nativel

Que dire de cette famille désœuvrée qui vit dans un des quartiers populaires de Saint-Denis ? Une certitude, aucun d’entre nous ne voudrait être à sa place. Car son quotidien est dur. La famille vit du RMI et des Allocations familiales. La somme de ces prestations lui permet de survivre dans cette société où les prix sont excessifs. C’est peu de le dire ! Aujourd’hui, elle ne mange plus de rougail “moru”. « Lé tro chèr meusieu », dit la mère, qui est illettrée.
Avec ses parents, elle vivait dans les bidonvilles situés jadis sur le front de mer de Saint-Denis. Elle a connu « la misère ». Certes sa situation s’est améliorée, mais beaucoup aujourd’hui reste à faire pour une vie décente. Elle souhaiterait voyager avec son compagnon et ses enfants, ne serait-ce à Maurice. Un rêve qui, de jour en jour, semble s’éloigner.

Une vie de misère

Dans la marmite, un rougail saucisses mijote. La cuisine est un état déplorable ! Elle est étroite et les assiettes, les couteaux et les fourchettes datent de “Mathusalem”. Les tiroirs, le réfrigérateur et la machine à laver ont au moins une quinzaine d’années. La famille ne peut acheter des meubles même s’ils sont en promotion. Et lorsqu’elle se rend à la grande surface du coin, elle n’achète que des produits justement en promotion. Au total, pour une semaine, elle a besoin de 100 euros pour « survivre ».

Les enfants sont assis sagement dans le fauteuil. Enfin, si on peut appeler cela un fauteuil ! La mère y a posé un tapis mendiant pour cacher les trous. Les enfants grandissent, il faut subvenir à leurs besoins, les nourrir et les vêtir. Ils deviennent exigeants car eux aussi veulent être à la mode. De temps en temps, les parents leur font plaisir car à l’école, « ils sont travailleurs ».

La famille ne dispose pas de voiture, elle se déplace en bus. Ce week-end, les enfants se sont rendus à la plage. Un voisin les y a conduits. Et lorsqu’il y a urgence, ce même voisin est là pour les aider. Durant ces vacances, les marmailles vont sur le front de mer avec leur père pour pêcher. Sinon, ils parcourent des sentiers des hauts de la capitale ou préparent cette rentrée avec sérieux.

Les parents sont inquiets de l’avenir de leurs enfants. Eux-mêmes sont au chômage. Tous les deux travaillaient dans la même entreprise, qui a fermé ses portes depuis une vingtaine d’années. Le père a travaillé au noir. Il ne souhaite pas pareil parcours de vie à ses marmailles.

Jean-Fabrice Nativel


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus