Emploi

’Réhabiliter le travail’ ou réhabiliter les conditions de travail ?

Quelle priorité ?

8 novembre 2003

Il ne se passe pas un jour sans qu’un membre du gouvernement ne parle de ’réhabiliter le travail’. Et dans le même temps, il accumule les décisions visant à détruire les conditions de travail. Et celles des travailleurs.

François Fillon l’a évoqué à plusieurs reprises, notamment pour ce qui touche au RMI et au RMA. Avant-hier, Jean-Pierre Raffarin, expliquant son "plan dépendance", évoquait la question : il faut « réhabiliter la valeur travail ».
C’est une nouvelle marque de mépris vis à vis de ceux qui, justement, en sont privés. Car ce sont eux, les premiers, qui sont visés. En effet, pour le gouvernement, être sans emploi, c’est ne pas vouloir travailler. C’est être fainéant. Et toutes les occasions sont bonnes pour "culpabiliser" les licenciés, les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, les "loin de l’emploi", les "seniors"...
Le gouvernement se livre également à une bataille en règle contre ceux qui travaillent. La preuve : ce "plan dépendance". Une façon complétement détournée de revenir sur les 35 heures. La première étape vers sa suppression. C’est son projet de "réforme de l’État" qui vise, selon lui, à "remettre au travail", des fonctionnaires qui ne travailleraient pas. S’il fallait "réhabiliter le travail", la priorité du gouvernement ne devrait-elle pas être de créer les conditions nécessaires, en France, et dans les DOM, pour créer plus d’emplois ? Avoir une politique offensive en la matière, et non une attitude attentiste, qui tend à s’accrocher à une hypothétique reprise économique mondiale, tirée, bien évidemment, par les États-Unis ?

À plat ventre devant le MEDEF

La politique du gouvernement, en matière d’emplois, est incohérente, et surtout repose sur des mécanismes honteux : le chômage va commencer à se résoudre de lui-même, parce que, population vieillissant aidant, des "postes" vont être libérés, et pourront être occupés par des jeunes...
Mais qu’a fait le gouvernement non pour "réhabiliter la valeur travail", mais pour "réhabiliter les conditions de travail" ?
Autrement dit, que fait le gouvernement pour les travailleurs ? Rien, strictement rien. Mais en revanche, que ne fait-il pas pour "détruire" les conditions de travail...
Au nom de la réforme du "dialogue social", François Fillon s’attaque à des droits acquis. En effet, dans la nouvelle version de son projet de loi, le ministre du travail n’a fait que s’aplatir devant les exigences du MEDEF, qui obtient ainsi, plus de liberté pour les entreprises, en élargissant la possibilité d’accords dérogatoires. Ce n’est non seulement une position prise par le seul François Fillon, mais une position partagée (voire initiée) par Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin. En clair, c’est donner carte blanche au MEDEF. Qui après avoir obtenu satisfaction sur ce point, envisage de s’attaquer à la représentation syndicale. Et qui vient d’obtenir le droit de licencier pratiquement en toute liberté.
En effet, selon la presse parisienne, la garantie offerte aux licenciés dans le cadre de l’AGS « est limitée aux accords conclus et déposés au moins dix-huit mois avant la date du jugement d’ouverture de la procédure de redressement ou de liquidation judiciaire ».
"Réhabiliter le travail", pour le gouvernement, c’est tout, sauf réhabiliter les conditions de travail et la condition des travailleurs.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus