Agir Pou Nout Tout

Relever les prix, ce n’est pas les faire baisser

18 octobre 2008, par Edith Poulbassia

La préfecture a présenter hier le dispositif chariot-type et le premier relevé de prix des 100 produits, présentés comme étant les plus consommés par les Réunionnais. Un relevé qui devrait avoir lieu toutes les deux semaines, mais qui ne garantit pas, pour Agir pou Nout Tout, ni la baisse des prix, ni la transparence.

Près de 2.000 affiches placardées dans l’ensemble de l’île pour délivrer un message à la population et à l’Etat : « celui qui paye à le droit de savoir, di a nou la vérité su lo bann prix ». C’est l’initiative qu’a prise l’association Agir Pou Nout, bien décidée à continuer son combat pour la transparence sur la formation des prix. « Nous poursuivons ainsi notre campagne de mobilisation et nous dénonçons la lenteur des services de l’Etat et du ministère de l’Outre-mer. On l’a vu pour les carburants. On a à peine décortiqué les prix pour justifier la dernière hausse », explique Jean-Hugues Ratenon.

Et que faut-il attendre de ce fameux dispositif "chariot-type", mesure annoncée par Yves Jégo en août dernier pour suivre l’évolution des prix d’une centaine de produits alimentaires et de première nécessité ? « Il n’y a pas de réponse concrète. On a l’impression qu’il s’agit d’un secret d’Etat. Comment est-il composé ce chariot-type ? Avec qui ? Il n’y a pas d’échange avec la population. Ce sont des produits choisis par les bourgeois, la grande distribution », affirme le président de l’association.

(photo EP)

Mille articles référencés en métropole, cent à la Réunion

Il s’agit en effet, comme le précise la préfecture dans un communiqué, « d’une démarche initiée entre l’Etat et la grande distribution ». Dans le cadre de l’Observatoire des prix et des revenus, le président de la CGPME, Pascal Tiaw-Kine a été chargé d’animer la commission "chariot-type" pour « élaborer et rendre disponible cet outil de relevé des prix ». Cet instrument de suivi a été réalisé en concertation avec la Fédération des Commerces et de la Distribution de la Réunion, l’Association pour le Développement Industriel de la Réunion, la Fédération Régionale des Coopératives Agricoles de la Réunion, les Chambres Consulaires, et les services de l’Etat (préfecture, la répression des fraudes, l’Insee, etc). Et pour représenter la société civile ? Les membres de la commission chariot-type.

Pour assurer le suivi du dispositif, la mission a été confiée à Jean-Louis Lebot, inspecteur de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF). Une centaine de produits alimentaires et d’hygiène ont ainsi été référencés pour constituer ce chariot-type. Il revient à la DDCCRF de relever tous les 15 jours les prix de ces produits dans les différentes enseignes de l’île. Des relevés que la préfecture s’engage à rendre publics dans la presse et sur internet (www.reunion.pref.gouv.fr).

Mais à quoi peuvent bien servir ces relevés ? Pour Agir Pou Nout Tout, cette démarche n’est pas sérieuse. « Depuis le début de l’année », rappelle Jean-Hugues Ratenon, « il existe un observatoire des prix et des marges bénéficiaires en France métropolitaine. Des rapports ont été rendus, les pris ont été relevés, le chariot-type comprend 1.000 références, et un contrôle est exercé sur les marges bénéficiaires. Et à la Réunion, on se contente de relever les prix tous les 15 jours. En quoi cela va t’il contribuer à baisser les prix ? ».

Pour l’association, ces relevés réguliers ne répondent pas au besoin de transparence de la formation des prix de tous les produits et des services. Et tant qu’aucune loi ne fixera de marge bénéficiaire maximale, il n’y aura aucun impact sur le pouvoir d’achat de la population.

EP


Le chariot-type, du café moulu aux sardines à l’huile

Chariot-type

Le chariot-type élaboré par l’Observatoire des prix et des revenus contient les 100 produits considérés comme les plus consommés par les Réunionnais. Ils sont répartis en 4 groupes : produits de marque (biscuits fourrés au chocolat, saucisse cocktail, café moulu, etc), produits sans marque (petits pains au lait, purée nature, sucre roux, etc), produits premiers prix (riz demi-luxe, biscottes, goûter fourré, corn flakes nature, etc) et produits de marques de distributeurs (biscuit, café, spaghetti, dentifrice, mayonnaise, etc). Distinction est aussi faîte entre la production locale et les marques nationales. Les relevés ont été pratiqués à Hyper Champion du Butor (Saint-Denis), au Jumbo du Port, à Carrefour Sainte-Clotilde, à l’Hyper U de Saint-Louis, au Leader Price Monthyon (Saint-Denis) et au Dia du Moufia.
Ce chariot-type est présenté par la préfecture comme « un instrument de suivi et de contrôle de l’évolution des prix, accessible au plus grand nombre », à associer à la charte signée avec la grande distribution en août dernier pour « favoriser la baisse des prix ».
Cependant, la préfecture rappelle les "mesures" en faveur du pouvoir d’achat : le bénéfice des heures supplémentaires, tant pour les employeurs que pour les salariés, « un dispositif sur lequel la Réunion présente un retard de 10 points sur la métropole ». Et la prochaine venue de l’Inspection générale des finances pour « garantir toute la transparence sur la constitution des prix des hydrocarbures ».

EP

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