La position du Collectif emplois en danger

Renforcer la solidarité européenne contre le chômage

28 septembre 2004

La Réunion est la région qui enregistre le plus fort taux de chômage de la République. Le Collectif emplois en danger (CED) s’interroge sur la pertinence des mesures gouvernementales, visant à réduire le nombre d’emplois aidés : une catastrophe ! Il propose des pistes.

Le nouveau préfet de La Réunion, Dominique Vian, a présenté le 20 septembre dernier les orientations pour aboutir à une baisse durable du chômage dans notre île. Parmi les mesures évoquées, chacun a pu relever la suppression des emplois dits aidés. Hier en conférence de presse, le Collectif emplois en danger (CED) a donné sa position sur les propositions du gouvernement.
"Ce que nous propose monsieur Borloo ? Une fusion de tous les contrats aidés existants, pour donner naissance toujours à des contrats aidés et donc précaires, toute la différence étant dans le montant de l’aide de l’État", avance Joëlle Patiram.
L’effort financier de l’État sera moindre pour les nouveaux contrats précaires mis en place, à savoir le contrat d’avenir (qui remplace le Contrat d’insertion par l’activité), le Contrat d’insertion par le RMA et le contrat d’accompagnement dans l’emploi.

Les entreprises réunionnaises ne peuvent pas tout faire

Ces contrats seront transférés au secteur marchand. On ne peut que s’interroger sur l’objectif affiché de réduire le chômage. Comment peut-on imaginer qu’à elles seules, les entreprises réunionnaises pourront répondre aux besoins, c’est à dire créer des emplois pour 80.000 érémistes, 100.000 chômeurs, 8.000 jeunes arrivant chaque année sur le marché de l’emploi, 5.000 emplois jeunes prochainement au chômage et les quelque 4.000 CEC ?
Le CED se dit pessimiste quant à l’avenir des jeunes Réunionnais, restés sur le bas-côté. L’emploi est de la compétence de l’État, rappelle-t-il avec force. Pourtant, le Collectif constate un désengagement : Paris se décharge de ses responsabilités sur les collectivités locales, les mairies et les associations. Ces dernières ne pourront pas supporter un tel coût... et se substituer au rôle de l’État.

Créer une mesure FSE

Pour le Collectif, des pistes sont possibles. Et de citer le Document unique de programmation (DOCUP) 2000-2006. Le DOCUP stipule bien que "le Fonds social européen (FSE) peut intervenir afin de permettre l’émergence de stratégies locales pour l’emploi dans la mesure où le territoire est peu doté en matière d’ingénierie territoriale".
La Réunion entre dans ce cadre, indique le CED, qui souhaite que l’Union européenne, au travers du FSE, respecte une mission qu’elle s’était fixée, à savoir résorber le taux de chômage de ses États membres.
"En fait, ce que nous proposons, c’est l’intervention du FSE dans le cadre des jeunes du monde associatif sortant du processus de consolidation, intitulé convention pluriannuelle", explique Monica Govindin. "Nous demandons aux pouvoirs publics d’intervenir afin que le FSE soit mobilisé dans ce cadre" précise-t-elle.

Le Collectif déplore également que les financements communautaires bénéficient insuffisamment aux petits créateurs d’entreprises, aux petites structures relevant du monde associatif, alors que ceux-ci participent largement à la cohésion sociale en faveur des publics les plus en difficulté.
La contribution de l’Union européenne pourrait dès lors pallier les manquements financier de l’État français, en consolidant la démarche de pérennisation des services effectués par les jeunes Réunionnais.


Charte de créolisation de l’emploi

"Monsieur le Préfet, Dominique Vian, a déclaré vouloir résoudre le problème de la précarité. Puisqu’il veut résoudre le problème de la précarité, et bien nous, jeunesse réunionnaise, avons des propositions à lui faire ... s’il est à court d’idées", affirme Monica Govindin.
Le CED (lire ci-dessus) projette de créer et signer une Charte de créolisation de l’emploi, qui serait une piste pour faire baisser le taux de chômage à La Réunion.
"À compétences égales, l’emploi doit revenir aux Réunionnais", explique la conseillère générale. L’État ne doit pas y voir d’inconvénient, puisqu’il s’est engagé dans ce sens pour les Corses et les Guyanais, affirme le Collectif, en citant un communiqué de presse du Premier ministre.

De grands travaux vont démarrer bientôt. La route des Tamarins, le tram-train, le parc national des Hauts, les énergies renouvelables ou encore le social vont nécessiter de grands besoins en terme de main d’œuvre. Le collectif se demande combien d’emplois vont être réellement créés, et à qui iront ces emplois.
Tout ce qui se fait en faveur de l’emploi réunionnais, profite-t-il vraiment aux Réunionnais ? Une première réponse à cette question pourrait être la charte proposée par le Collectif. L’ambition de ce document est de réunir élus, acteurs économiques et syndicalistes de notre île, afin que tous s’engagent pour que l’emploi soit effectivement attribué aux Réunionnais.
Le CED reste vigilant, et promet des actions si l’attente des jeunes demandeurs d’emploi ne trouve toujours pas d’oreille favorable.

Bbj


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