Pour la hausse des minima sociaux

Répondre à l’urgence quotidienne de la population réunionnaise

15 février 2007

La question de la hausse des minima sociaux ne doit pas être oubliée, car RMI, API, AAH ou minimum vieillesse sont le seul revenu d’une grande partie de la population réunionnaise.

Dans son intervention dimanche dernier, la candidate du Parti Socialiste a promis une revalorisation du SMIC à 1.500 euros. À La Réunion, une grande partie des travailleurs est loin d’avoir un revenu égal au salaire minimal mensuel payé pour un temps plein. Ce qui pose avec d’autant plus d’urgence la question des revenus dans un pays où la population est massivement privée de travail.
Dans notre île, les indicateurs de la pauvreté et du sous-développement sont nombreux et révélateurs : un taux de chômage officiel frôlant les 30%, un nombre d’allocataires du RMI atteignant plus de 10% de la population totale de notre île, plus de 10.000 personnes handicapées touchant l’AAH, soit moins de 700 euros par mois, le recours important au temps partiel subi, notamment pour ce qui concerne les emplois "aidés" du secteur public, mais également dans le privé, notamment dans le commerce. Par ailleurs, la proportion de personnes condamnées au minimum vieillesse après toute une vie de labeur atteint quasiment 1 retraité sur 2. Des anciens salariés qui doivent en tout et pour tout se débrouiller avec une allocation équivalent à un revenu mensuel de 621,27 euros par mois pour une personne seule, et 1.115 par mois pour un couple.

Comment vivre dignement ?

Les revenus d’une large part de la population réunionnaise se situent donc bien en deçà de 1.000 euros.
Au-delà du nombre d’allocataires de minima sociaux, les statistiques de l’INSEE relèvent qu’à la fin de l’année 2005, 190.000 personnes étaient couvertes par le RMI, soit un quart de la population. Quant à la CMU-C, elle couvre la moitié de la population, ce qui signifie qu’un Réunionnais sur 2 vit sous le seuil de pauvreté. Toutes ces données caractérisent une situation spécifique, unique au sein d’une Région de la République.
Ces indicateurs soulignent l’ampleur de la bataille à mener pour aller vers le développement du pays. Mais ils sont aussi autant d’appels à faire face à une urgence : comment un travailleur contraint à un minimum social peut-il vivre dignement à La Réunion ?
En cette période électorale, les annonces des candidats sont attentivement étudiées. Celle de Ségolène Royal, relative au SMIC dimanche dernier, a donné lieu à toute une série de réactions au sein des syndicats et des organisations patronales. Elle peut également susciter l’espoir de celles et ceux qui survivent avec un minima social. Car, si le SMIC augmentait de 20%, il serait légitime que tous les autres revenus minimums suivent.

Ceux qui souffrent le plus

Si tel était le cas, le débat serait porté sur un autre terrain, car la hausse des minima sociaux est financée par un mécanisme différent de celle du SMIC. Si, comme le SMIC, elle est fixée par une décision du gouvernement, elle se traduit par une modification de la distribution de la solidarité nationale. Elle est donc financée totalement par les fonds publics.
Ce qui veut dire que si un candidat fait la promesse d’une revalorisation significative des minima sociaux servis au titre de la solidarité nationale, il aura alors tous les atouts en main pour appliquer rapidement cette mesure. Une mesure de justice pour la grande part de la population réunionnaise qui doit lutter chaque jour pour survivre avec un revenu minimum. Car ce sont les personnes les plus pauvres qui souffrent le plus des conséquences du sous-développement, et ce sont elles qui doivent bénéficier au plus vite de mesures pouvant au moins atténuer la violence qui leur est infligée quotidiennement.

M.M.


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