À Nouméa, main lourde contre les grévistes

Répression. En Nouvelle-Calédonie, les autorités locales font déraper un conflit social chez Veolia

2 février 2008

Une étincelle, un brasier et des charbons ardents. Depuis 3 mois, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, les militants de l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE) luttent contre la Direction de l’entreprise Carsud, une filiale de transports appartenant à la multinationale Veolia. Ils réclament la réintégration d’un délégué syndical licencié par Carsud. Début janvier, les grévistes ont installé un piquet de grève sur un terrain à proximité de l’entreprise. Le 17 janvier, les autorités locales ont, en guise de réponses à leurs exigences, envoyé aux salariés en lutte un bulldozer et une escouade de policiers. Des 10 heures d’affrontements très violents qui s’ensuivent, le syndicat livre un bilan terrible : 50 arrestations, 20 blessés dont 5 graves suite aux tirs tendus de flash-ball et de grenades lacrymogènes, passage à tabac de certains militants dans les commissariats. Depuis lors, la situation ne cesse de se tendre à Nouméa. Selon Corinne Perron, la représentante à Paris de l’USTKE, qui a organisé avant-hier matin une conférence de presse, « chaque jour, des camarades sont arrêtés chez eux par le GIPN, on les traite comme des fous furieux, des forcenés ou des terroristes. C’est très violent. Pour l’heure, les dirigeants du syndicat sont enfermés dans leurs bureaux, car les forces du GIPN ont déjà tenté de les arrêter à leurs domiciles ». Une quinzaine de syndicalistes sont en prison et risquent de le rester jusqu’au 22 février, date à laquelle leur procès en comparution immédiate, reporté une première fois, devrait avoir lieu : à l’instar des Faucheurs volontaires d’OGM, tous les syndiqués de Nouvelle-Calédonie pourraient être invités à se présenter devant le tribunal revendiquant la coresponsabilité des luttes menées chez Veolia. « L’USTKE demande à toutes les organisations syndicales qui ont des représentants dans les entreprises du groupe Veolia d’agir pour que cesse la criminalisation de l’action syndicale, invite encore Corinne Perron. Nous demandons également aux organisations politiques, aux associations et aux individus d’agir pour obtenir la libération immédiate de nos camarades ». Un “comité de vigilance” sera mis en place dans les prochains jours ; représentés lors de la conférence de presse, la CGT, Solidaires, la CNT et la LCR en feront partie. « Si on bouge ici en France, ça va desserrer l’étau là-bas », promet Corinne Perron.

Thomas Lemahie


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