Des étudiants réunionnais refusés en master au profit d’étudiants venant de France

Respecter le droit des Réunionnais d’étudier à l’Université de La Réunion

8 juillet 2020, par Mathieu Raffini

Nous avons besoin, en tant que pays, de voir nos travailleurs pouvoir se former sur notre territoire. Or, force est de constater que pour le moment, une bonne partie de nos futures « élites intellectuelles » sont forcées d’émigrer pour se former, et ainsi partir en France, ce qui est pour certains, synonyme de non-retour.

L’orientation politique du système éducatif en place à La Réunion est-elle de lutter contre le chômage des jeunes Réunionnais à La Réunion ?

Bien qu’il manque certains centres de formations, tels qu’un IRA ou un IEP par exemple, la carte universitaire est pourtant développée à La Réunion. Mais que pousse donc nos jeunes à quitter notre île pour se former ?

La première raison, évidente, est l’impression d’avoir accès à de meilleurs centres de formations en France et à l’étranger (il ne faut pas oublier qu’il existe par exemple un accord de coopération avec le Québec). Ce vieux réflexe colonial, faisant de la « métropole », à savoir la France le centre de pouvoir et donc la référence universitaire, a fait son temps. Il est plus que jamais nécessaire de rappeler que nos travailleurs en formation sont tout à fait capables de l’être de façon efficace dans leur pays d’origine, La Réunion.

Etudiants réunionnais non admis à La Réunion

L’autre raison, moins avouable, est l’exil forcé. En effet, ce sont chaque année des dizaines, voire des centaines d’étudiants qui sont forcés de quitter les centres de formation universitaires de La Réunion faute de proposition de continuité en master.
Cette situation est désastreuse, car il faut rappeler que la plupart des étudiants Réunionnais sont des primo-arrivants, à savoir qu’il s’agit de la première génération dans la famille à avoir obtenu le bac et la possibilité de suivre des études. On peut dès lors imaginer la pression mise sur leurs épaules et les sacrifices nécessaires de leur part pour suivre ces formations universitaires.
Dans ce cas, comment expliquer, comme cela a été dévoilé la semaine dernière que des étudiants soient refusés dans leur master de leur choix (à savoir ici les MEEF, mais d’autres sont concernés) en faveur d’autres originaires de France ?
Cette situation scandaleuse de favoriser un étudiant venant de France par rapport à un étudiant Réunionnais ne laisse alors que de maigres options à ces derniers.

Exil forcé

Abandonner les études ? Ce serait difficile vu tout le travail accompli et les maigres possibilités d’obtenir un emploi derrière. Suivre une autre formation ? Quand on a une idée précise du travail que nous voulons réaliser dans les années à venir, cela semble impossible.
Alors ne reste que la troisième option, qui est celle de l’exil forcé, avec toutes les difficultés que cela peut engendrer (problèmes de revenus, de logement, d’adaptation à la vie, absence de repères, etc.)
Comment cette situation peut-elle encore perdurer de nos jours ?
Il n’existe qu’une solution pour résoudre ce problème, c’est celle d’une vraie préférence régionale à l’université et aux autres centres de formation de La Réunion.
Il faut faire en sorte que l’entièreté de la formation soit disponible, et que nos étudiants Réunionnais, nos travailleurs en formation soient favorisés dans leur choix de poursuite d’études dans notre pays.

Mathieu Raffini

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