Augmentation inférieure à la hausse du coût de la vie

Revalorisation du SMIC : le compte n’y est pas

1er juillet 2006

Alors qu’à La Réunion, inflation et coût de la vie sont plus élevés qu’en France, le mode de calcul de la hausse du SMIC selon des critères différents de la réalité réunionnaise fait perdre du pouvoir d’achat.

Dans un communiqué rendant compte du dernier Conseil des ministres, le gouvernement explique les mécanismes à partir desquels il calcule chaque année le nouveau montant du salaire minimal. Une méthode dont on peut dire qu’elle est liée à une certaine vision de la réalité métropolitaine :
"Le SMIC est revalorisé en tenant compte de l’évolution de l’indice des prix à la consommation (hors tabac) des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé, augmentée de la moitié de l’évolution du pouvoir d’achat du taux de salaire horaire de base ouvrier (SHBO)".
Pour l’indice des prix à la consommation (hors tabac), le gouvernement précise qu’"entre mai 2005 et mai 2006, les prix à la consommation (hors tabac) des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé ont augmenté de 1,9%".

"Ce n’est pas acceptable"

Autre donnée avancée par le gouvernement : "de mars 2005 à mars 2006, le taux de salaire horaire de base ouvrier a enregistré une hausse de 3,1%, alors que les prix ont progressé de 1,4% au cours de la même période, soit une augmentation du pouvoir d’achat de 1,7%. La moitié de cette augmentation du pouvoir d’achat du SHBO s’établit donc à 0,85%".
3,1% d’augmentation moyenne du salaire de base ouvrier : voilà de quoi faire réfléchir ceux qui renâclent à lâcher du lest dans les négociations salariales alors qu’à La Réunion, le taux d’inflation est de 3,2%.
Pour en revenir au SMIC, l’application mécanique des textes donne une augmentation a minima de 2,75%, à laquelle s’applique un “coup de pouce” de 0,3%, soit au final, d’après le gouvernement, 3,05%.
Or, même dans les rangs de la majorité parlementaire, des voix se font entendre pour dire que le compte n’y est pas. Dans “le Journal de l’île” du jeudi 28 juin, la sénatrice UMP de la Guadeloupe Lucette Michaux-Chevry affirme que 3,05%, "c’est nettement insuffisant au vue de la croissance économique de la France". "Je pense que l’État aurait pu faire un effort supplémentaire surtout lorsque certains chefs d’entreprise encaissent des salaires faramineux", poursuit-elle, estimant que "l’écart est beaucoup trop grand entre eux et les salariés payés au SMIC. Ce n’est pas acceptable".

La pression du coût de la vie

Le compte n’y est pas d’autant plus qu’à La Réunion, les prix ont augmenté de 3,2% sur une année. Cela signifie que le pouvoir d’achat du Réunionnais dont le salaire est calculé à partir du SMIC diminue.
De plus, on constate que différentes études montrent que le coût de la vie est plus élevé ici qu’en métropole, et on sait que le SMIC est l’étalon des salaires du privé et des travailleurs les plus précaires des fonctions publiques.
Déjà plongés dans l’incertitude de l’avenir, les salariés à temps partiels en contrat à durée déterminée voient leur capacité à faire face aux dépenses de la vie quotidienne se réduire. D’où un appauvrissement de La Réunion tant que le mode de calcul du SMIC fera perdre du pouvoir d’achat aux travailleurs réunionnais.

Manuel Marchal


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