Opération escargot au Jardin de l’Etat

Risque de régression à l’Université de La Réunion

19 février 2009, par Edith Poulbassia

Opération escargot du collectif des personnels de l’université ce matin à 10 heures, au départ du Jardin de l’Etat pour dire non à la réforme de l’université, aux suppressions de postes, au démantèlement des organismes de recherche, à la réforme de la formation des enseignants, mesures inadaptées aux spécificités de La Réunion qui la ramèneraient des décennies en arrière, avec de fortes inégalités d’accès aux études. C’est en tout cas la conviction du collectif, qui demande un véritable dialogue avec l’Etat.

Pourquoi tant de battage aujourd’hui de la part des étudiants et des personnels de l’Université de La Réunion ? La réponse est simple pour Nirmal Nivert, jeune doctorant : s’ils ne se manifestent pas maintenant, l’Université de La Réunion risque d’être vouée à l’isolement.
Les réformes imposées par le gouvernement, tant pour les universités que pour la formation des enseignants, n’auront pour effet que d’accroître les inégalités entre les universités, et entre les étudiants. Et par ailleurs, elles ne tiennent pas compte des « spécificités » de l’Outre-mer et en particulier de La Réunion. C’est ceci que le collectif des personnels de l’université tient à expliquer à la population ce matin, avec une mobilisation au Jardin de l’Etat dès 10 heures avant de se rendre à la préfecture. Doctorants, chercheurs, enseignants vont exposer leurs travaux d’études, lire quelques textes littéraires et exposer leurs revendications. Une assemblée générale est prévue à 15 heures.

Quel investissement pour la jeunesse ?

Pour Lionel Leduc, du SNES, l’autonomie de l’université ne tient pas compte « des moyens financiers et humains » dont l’Université de La Réunion a besoin. Une université qui a moins de 20 ans, et qui doit recourir à un tiers d’heures supplémentaires ou à des vacations pour assurer les cours. « Chaque année, nous demandons des créations d’emplois. Aujourd’hui, on nous dit que notre dotation de fonctionnement est surévaluée de 30% », affirme le syndicaliste. Selon le ministère de l’Éducation nationale, l’université aurait en surplus 83 postes d’enseignants, alors que le collectif des personnels évalue les besoins à 200 postes d’enseignants et de BIATOSS. Pour une université qui s’apprête à accueillir 20.000 étudiants d’ici 2020, sans compter les étudiants de la zone Océan Indien.
Alors que des projets de création d’écoles d’ingénieurs, de médecines voient le jour, des filières, voire des sites universitaires comme celui du Tampon, risquent de fermer, selon le collectif des personnels de l’université.
« Nous en revenons au bon vieux temps où on envoyait les enfants étudier en métropole quand on avait de l’argent », conclut Lionel Leduc.
Pour Martine Vaugien Cheung Hoi Ping, maître de conférence à l’IUFM et à l’université, la formation des enseignants est en danger. « La qualité scientifique et professionnelle de cette formation n’est plus garantie, assure t-elle. Les stages vont être transformés tant dans leur nature que dans la durée. Avec la forte autonomie universitaire, chaque université va être responsable de la préparation mise en place. Les gros pôles universitaires vont être favorisés. Tous les étudiants auront-ils une préparation au concours ? Sera-t-elle à la hauteur des concours ? ».
Nirmal Nivert, doctorant, dénonce « un appauvrissement de la recherche » et le risque de mettre fin au rôle « d’ascenseur social » joué par l’Université de La Réunion pour des milliers d’étudiants. Ce changement s’est déjà amorcé, précise Juan Prosper de l’UNEF. Le CROUS s’apprête, selon lui, à suspendre les aides de mobilité aux étudiants attirés par des filières inexistantes à La Réunion.

EP


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