Le versement du RMI pas avant mardi à la Poste

RMI : Les condamnés au revenu minimum attendront

6 juin 2005

C’est au plus tôt mardi que les érémistes pourront toucher leur dû. Ces quelques jours de décalage révèlent encore davantage la précarité extrême dans laquelle vit un trop grand nombre de nos compatriotes.

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Samedi, plus d’une centaine de personnes n’ayant droit qu’au revenu minimum d’insertion ont manifesté samedi leur colère quand elles se sont aperçues que le versement du RMI n’aurait pas lieu samedi mais mardi au plus tôt.
Selon la direction de la Poste, cette situation est due au fait que "depuis mars 2005, elle n’est plus la banque pivot pour le versement des prestations sociales par la Caisse d’allocations familiales", d’où la mise à disposition des fonds un jour plus tard à la Poste. La direction explique que le mois dernier, les érémistes ont pu touché leur dû en avance, car "la CAF avait avancé la mise à disposition des fonds".

Des heures sous le soleil ou la pluie

Techniquement, on ne peut pas reprocher à la Poste de ne pas faire son travail. Mais au-delà de cette question de délai, la manifestation de samedi traduit l’extrême précarité dans laquelle se trouvent les dizaines de milliers de Réunionnais condamnés au revenu minimum ainsi que leur famille.
Un décalage de quelques jours suffit à provoquer l’exaspération d’une grande partie de notre population. On imagine facilement le désarroi dans lequel on peut se trouver après avoir patienté pendant des dizaines de minutes sous le soleil, sous la pluie ou dans un bureau surchauffé, serrés les uns contre les autres. À Saint-Benoît, comme sans doute devant d’autres bureaux de Poste de notre île, certains attendaient depuis 4 heures du matin.
Se dire que tout ce temps perdu samedi, il va falloir le reperdre encore mardi ou mercredi, comment ne pas se sentir floué ? Et quel projet d’avenir peut-on avoir quand à chaque début de mois, il ne reste rien à économiser ?

Un droit : survivre

C’est la situation vécue par un trop grand nombre de nos compatriotes, exclus du monde du travail, et qui sont pour le moment condamnés à survivre avec des revenus minimums : RMI aujourd’hui, minimum vieillesse plus tard car comment imaginer qu’ils puissent un jour réunir 40 années de cotisations salariales afin de pouvoir bénéficier d’une retraite ?
Entre samedi et au plus tôt mardi, des dizaines de milliers de personnes n’auront rien, et devront uniquement se contenter de survivre. À partir de mardi pour les plus chanceux, ils auront le droit d’aller faire la queue, souvent plus d’une heure, pour pouvoir toucher le maigre revenu avec lequel ils devront se nourrir, se loger et payer leurs factures, en espérant qu’il reste suffisamment pour tenir jusqu’au prochain versement.
C’est cette injustice qui est imposée tous les mois, depuis des années, à tous les Réunionnais condamnés à vivre avec le revenu minimum.

Manuel Marchal


Grève à la Poste

Les précaires de la Poste, c’est-à-dire les contractuels qui représentent 35% du personnel, seront en grève aujourd’hui à l’appel de la CGTR-PTT. Manifestation devant la direction à 9 heures pour faire aboutir les revendications suivantes :

- à travail égal, salaire égal,

- salaire de base minimum d’embauche à 1.400 euros net,

- l’attribution d’un 13ème mois,

- un à valoir de 150 euros avant négociations salariales,

- un nombre plus important d’échelons et de grilles pour ne pas stagner au bout de 20 ans,

- un plus grand nombre de promotions par ancienneté,

- l’égalité salariale fonctionnaire/contractuel par une réévaluation de la prime ultra-marine.

Quant à la direction, elle estime que les revendications "ont été remontées au niveau national où des négociations sont actuellement en cours concernant la rémunération des agents contractuels", et elle affirme que depuis juillet 2004, des efforts ont été faits dans le domaine des salaires avec le versement d’une prime “ultra-marine” de 200 euros bruts par trimestre.


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