Augmenter la production réunionnaise et importer de notre région

Rompre avec le modèle de la vie chère

10 juillet 2010, par Manuel Marchal

Une part importante de la consommation à La Réunion est assurée par les importations. 65% des importations viennent de l’Europe, la région du monde où le coût de production est le plus élevé. À cela s’ajoutent les frais de transport et l’exiguïté du marché qui favorise les monopoles, toutes les conditions de la vie chère sont réunies. Cela impose des réformes de fond pour changer cette situation.

54% des importations de La Réunion viennent de France, 65% au total d’Europe : dans notre région, La Réunion est le pays qui importe le plus de la région du monde où le coût de production est le plus élevé.
Dans le même temps, la faiblesse de nos importations ne cesse de contribuer à la diminution de notre taux de couverture des importations. Il est aujourd’hui de 6%.
Actuellement, c’est en Europe que le coût de production est le plus élevé. Dans la quête du profit le plus grand, les dirigeants de nombreuses entreprises en Europe ont d’ailleurs décidé de fabriquer leurs produits en dehors du continent, quels que soient les drames sociaux qu’entraîne le licenciement de dizaines de milliers d’ouvriers de l’industrie.
À ce prix d’achat du produit s’ajoute le coût du transport jusqu’à La Réunion, soit une distance de 10.000 kilomètres. Ce transport a un impact financier et écologique sur le coût du produit. À l’arrivée dans notre île, le produit débarqué passe par les mains de différents intermédiaires qui prennent chacun leur marge au passage. L’exiguïté de notre marché limite la concurrence, ce qui favorise la création de monopoles d’approvisionnement. Au final, le prix imposé au consommateur est nettement plus élevé qu’en France. Or, les revenus des Réunionnais sont pour une grande partie calculés en fonction du coût de la vie en France, pas à La Réunion : les retraites, les minima sociaux, les salaires fonctions du SMIC.
Tant que persistera ce modèle d’approvisionnement, les Réunionnais seront prisonniers de la vie chère. Car ce phénomène n’est pas nouveau. Les "Comptes économiques 1967" de l’INSEE affirmaient déjà que « les prix de détail sont en moyenne 50% plus élevés qu’en Métropole ».

Rechercher d’autres partenaires

D’autres pistes d’approvisionnement doivent donc être explorées afin de remettre en cause cette vie chère. Car si les circuits économiques restent les mêmes, les prix augmenteront encore plus vite du fait de la hausse des prix du pétrole.
Un des moyens est de développer la production réunionnaise. Plus nous serons capables de produire réunionnais, plus nous créerons d’emplois à La Réunion et moins nous payerons pour en créer en dehors du pays. Un autre levier est la croissance des échanges avec les pays voisins. Car notre île ne pourra pas tout produire pour 1 million d’habitants. En nous tournant vers les pays proches de nous, il sera possible de raccourcir le circuit d’approvisionnement, et donc d’avoir de nouvelles possibilités pour baisser les prix.
Enfin, plus que jamais la transparence et la solidarité sont nécessaires. Transparence sur la formation des prix afin de rechercher des solutions pour peser sur ce qui contribue à la hausse, et solidarité entre Réunionnais. Car dans cette période de crise, que penser d’un Réunionnais qui augmente ses revenus uniquement en baissant le pouvoir d’achat d’autres Réunionnais ?

Manuel Marchal

Lutter contre la vie chère

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • La solidarité entre les Réunionnais ne commencerait-elle pas par la remise à plat du système de sur-rémunération des fonctionnaires , qui va de +35 à +53 % selon les situations ? Ne serait-il pas plus équitable de faire bénéficier tout le monde d’une aide
    équivalente face au surcôut liés à notre éloignement , sur la base d’un coefficient calculé par l’INSEE , qui ressortirait à +15 +20 ou +25% ? , mais appliquable à tous , salariés du privé en particulier , mais aussi retraités et chomeurs , sous forme d’une aide de l’Etat , pour ne pas pénaliser des entreprises déja fragiles ?
    Le système archaique de sur-rémunération , en plus d’être injuste et inéquitable car
    assurant un traitement différencié à une partie de la population au regard d’un mal ( la vie chère ) dont tout le monde souffre , contribue à faire monter les prix , par le biais
    de l’offre limitée de biens ou de services , ceci est encore plus vrai pour le marché du foncier des particuliers.

  • Pour rompre avec le modèle de la vie chère, il nous faut tout d’abord rompre avec la "chèreté" de ce modèle de vie, avant même de rompre avec ce modèle de vie lui-même.

    De toute façon il nous les faut ces deux situations, encore faut-il que le plus grand nombre de réunionnais le veuillent, à mon avis pour le vouloir, il serait bon déjà de s’interroger sur le devenir de la journée pour parvenir à ouvrir le débat sur le lendemain.
    Car nos lendemains sont loin d’être auréolés de roses puisque plutôt d’épines.

    C’est sûr qu’il nous faudra inventer un autre mode de vie, qui ne sera qu’un modèle que par ceux qui l’ont désiré, à charge à ceux qui ne font qu’attendre que tout soit préparé pour eux, qu’ils acceptent cette autre méthode où la rupture avec les lois des marchés, qui ne marchent plus, est plus que nécessaire ou alors subir en ne rien faisant, et accepter la mort lente du système en place, mais aussi partir avec.


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus