Réaction de Jean-Pierre Técher, président du Collectif de Lutte contre l’Exclusion

RSA : « Peut-être une bonne chose. Peut-être »

22 mai 2007

Bien qu’il soit trop tôt, selon Jean-Pierre Técher, pour faire des commentaires sur le contenu d’un projet de loi qui n’est pas encore connu, ce dernier constate déjà que Martin Hirsch ne souhaite pas supprimer le RMI. Conscient que quitter le RMI pour un temps partiel correspond à la fin « des droits annexes » pour les bénéficiaires qui ne sortent pas ainsi de leur situation précaire, Jean-Pierre Técher se dit favorable à l’exploration de nouvelles pistes.

«  On n’a pas donné un contenu concret au "i" de insertion  »

« Je reste très, très, prudent tant qu’aucun texte ni projet de loi n’est sorti. Je comprends l’analyse de Martin Hirsch, mais préfère la prudence. On a entendu dans la campagne certains disent que le RMI serait supprimé ou encore qu’il fallait travailler en contrepartie des minima sociaux. Sur ce dernier point, je ne suis effectivement pas d’accord. Pour nous, c’est une question de droit : celui à des salaires décents pour les travailleurs et celui à la solidarité nationale pour ceux qui ne parviennent pas à accéder à l’emploi. On ne voudrait pas que, comme durant la campagne, se propage cette espèce de confusion au niveau des droits et des devoirs en pensant que les droits seraient la contrepartie des devoirs, en avançant que si l’on donne le RMI, le bénéficiaire doit en échange faire des heures de travail pour la collectivité. Ce serait aberrant ! Par contre, un des reproches que l’on peut faire concernant le RMI, c’est que dès sa mise en place sous Mitterrand jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas donné un contenu concret au "i" de insertion. Peut-être qu’alors ce RSA pourrait permettre à ceux qui ne trouvent pas de travail de toucher le RMI, tout en bénéficiant d’une formation rémunérée et de faire des heures de travail qui seraient comme un surplus. Dans ce cadre, ce serait une bonne chose, une espèce d’incitation pour pouvoir s’en sortir qui permettraient aux gens d’accéder à une formation et une culture de l’entreprise, sans être dans cette génération de travailleurs payés avec des trois quarts de Smic (...) Martin Hirsch est une personne qui connaît de quoi elle parle, qui connaît la situation des gens en difficulté et qui je pense est mieux placé que ces technocrates et ministres qui débarquent et qui ne connaissent pas la réalité de terrain. Il est conscient de la situation, de la gravité du problème et peut proposer des solutions acceptables pour tout le monde, sans porter atteinte à ceux qui travaillent sans s’en sortir et qui ont l’impression de payer pour les autres. Ce serait peut-être une bonne solution. Peut-être. Il faut voir la loi avant de porter un jugement plus poussé. »

S. L.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus