Vers une extension inévitable du mouvement social

RSTA : encore temps de rétablir

15 juin 2013, par Manuel Marchal

10 jours de grève à Renault, et vers 10 jours également à la SHLMR. Les mouvements se prolongent. Qu’en sera-t-il quand la suppression du RSTA aura produit tous ses effets ? C’est le plus gros coup porté aux travailleurs les plus pauvres depuis des décennies. Car la fin du RSTA, c’est un retour 4 ans en arrière pour le salaire.

À Carrefour Sainte-Suzanne, il a fallu trois semaines de grève pour obtenir un gain de pouvoir d’achat. Mais que faudra-t-il faire pour compenser une perte de salaire de près de 10% suite à la suppression du RSTA ?
(photo Toniox)

Au 9e jour de grève à Renault, la direction a obtenu de la justice une décision demandant la levée du piquet de grève.

À Carrefour et à la CILAM, les grévistes étaient dans la même situation. Le patronat refusait de prendre en compte les propositions des travailleurs. La grève a dépassé une semaine, puis la direction a tenté d’obtenir l’aide de la justice pour faire lever le piquet de grève. Dans les deux cas, les patrons finirent par obtenir une décision favorable à leur demande. Dans les deux cas également, ce passage par le terrain judiciaire du conflit n’a pas fait plier les travailleurs. Aussi bien à Carrefour qu’à la CILAM, les grévistes ont obtenu un résultat proche de leurs revendications. À Réunion Automobiles, les travailleurs demandent 35 euros par mois, une prime de 650 euros et 150 euros de bon d’achat.

3% pour le maintien du pouvoir d’achat

Le jour de l’audience au tribunal, l’INSEE a rendu public son dernier indice mensuel des prix à la consommation. Le relevé fait apparaître un léger répit dans l’inflation globale, à 1,6%. Mais il fait le constat d’une augmentation annuelle des prix dans l’alimentation de 2,5%, et de 3% quand il n’est pas tenu compte des produits frais. Cette flambée est du même ordre dans les prix des produits pétroliers ou des loyers, avec respectivement 10% et 2,7%. Ces trois postes sont des dépenses incompressibles. Et plus le salaire est faible, plus ils pèsent dans le revenu.

Les dernières données de l’INSEE donnent donc un cadre aux négociations. Si les travailleurs ne veulent pas perdre une partie de leur pouvoir d’achat, ils ne peuvent pas demander moins de 3%. Pour raisonnable qu’elle soit, cette revendication n’est pas acceptée. Et la persistance du refus amène l’échec de la négociation et la grève. Après la STAR, Carrefour Sainte-Suzanne, la SEPUR et la CILAM, c’est au tour de Renault et de SHLMR d’être le lieu d’un conflit à cause de ce blocage. Ce n’est pas rassurant pour la suite. Car les conflits risquent de se multiplier, faudra-t-il à chaque fois aller jusqu’à la grève pour tenter de débloquer les discussions ?

10% de moins sans RSTA

Car depuis le 1er juin, le RSTA est voué à disparaître. C’est une prime de 100 euros arrachée grâce à la grève et aux manifestations de mars et avril 2009. Réservé aux plus bas salaires (moins de 1,4 SMIC), le RSTA représente près de 10% sur un SMIC.

En mai 2009, le dernier mois de l’avant RSTA, le SMIC net était à 1.037 euros. À partir de juin 2009, date d’entrée en vigueur du RSTA, le salaire minimum mensuel à temps plein est passé à 1.137 euros, sans compter la prime COSPAR. En mai 2013, le SMIC majoré du RSTA était à 1.220 euros. Sans le RSTA, le SMIC est donc de 1.120 euros. Autrement dit, avec la fin du RSTA, un travailleur voit son salaire amputé de 10%. Et si le salaire est égal au SMIC, alors la somme perçue sera inférieure à ce qui était la norme en juin 2009. C’est un retour 4 ans en arrière ! Jamais sans doute dans l’histoire du pays, des travailleurs n’avaient connu un tel recul.

Quand la suppression du RSTA aura pleinement ses effets, ce sera donc une perte de pouvoir d’achat de 4 ans. Cela donne une idée de l’ampleur des conflits sociaux qu’une telle décision ne manquera pas de provoquer.

Manuel Marchal

Retour 4 ans en arrière

SMIC sans RSTA en mai 2009 1.037 euros
SMIC+RSTA en juin 2009 1.137 euros
SMIC sans RSTA en juin 2013 1.120 euros

SHLMR : discussions lundi

À la SHLMR, la direction a commencé à lâcher du lest. Les propositions sont encore inférieures à l’inflation. Les discussions reprendront donc lundi.

Soutien de la CGTR aux grévistes de la SHLMR

Dans un communiqué, la CGTR affirme son soutien à la mobilisation des travailleurs.

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