Dans 4 jours, le défilé à Saint-Pierre à l’appel de l’intersyndicale CGTR - UNSA - FSU : les syndicats dans la bataille pour les conventions collectives

S’organiser pour défendre les droits des travailleurs

27 avril 2004

Dans la préparation du 1er mai, la défense des droits des salariés est un mot d’ordre mis en avant par plusieurs syndicats - notamment au sein de l’Intersyndicale. L’application des mêmes droits pour tous guide l’aspiration des salariés à voir appliquer, dans les nombreux secteurs où elles n’existent toujours pas outre-mer, des conventions collectives protégeant les droits des travailleurs.
C’est encore une des nombreuses injustices qui caractérisent la situation du travail à La Réunion, comme dans l’ensemble de l’outre-mer. Une injustice avec laquelle, de plus en plus, les salariés sont bien décidés à en finir.

Dans la préparation des rassemblements du 1er mai, les salariés mettent beaucoup en avant la défense de leurs droits. Ces derniers ont été pendant longtemps bafoués (par exemple : le SMIC minoré pendant de longues années) et le sont encore. C’est le cas à travers le maquis des conventions collectives qui pour la plupart restent inexistantes dans de nombreux secteurs d’activités Outre-Mer.
Selon une source syndicale, évoquant un document du ministère de l’Emploi et de la Solidarité, moins de la moitié des conventions collectives de branches signées au plan national sont appliquées outre-mer. C’est une longue histoire où les discriminations sociales, voire raciales, le disputent au mépris général des travailleurs les plus modestes.

L’alignement du SMIC

D’après la CGTR, jusqu’en 1989 aucune convention nationale ne s’appliquait dans les Départements d’outre-mer. "Après une instruction communiquée aux Prud’hommes par le directeur des relations sociales au ministère du Travail de l’époque (1989), les conseillers des Prud’hommes ont appliqué les dispositions des conventions collectives nationales, parce que celles-ci définissent leur champ d’application", rappelle le syndicaliste Christian Ribaud (CGTR).
Mais cette première avancée s’est bien vite heurtée à une levée de bouclier du patronat local, dont les salariés étaient à l’époque rémunérés encore très en dessous du SMIC légal. De sorte que, dans les situations conflictuelles qui débouchaient devant les Prud’hommes, les employeurs se trouvaient souvent condamnés à des rattrapages de salaire de 20% à 30%.
L’alignement du SMIC a pu soulager bon nombre de salariés parmi les plus mal payés, mais l’absence de convention collective maintient ces mêmes salariés au plus bas de l’échelle, parfois pendant toute leur vie de travail. "Il y a ici des salariés qui sont payés au SMIC en entrant dans une entreprise et quinze ou vingt ans plus tard, ils sont toujours au SMIC", poursuit le syndicaliste.

L’Outre-mer “oublié”

Christian Ribaud ajoute que la loi Perben a introduit une “subtilité” qui s’avère le plus souvent être une entrave pour les salariés. Son article 16 précisait, au moment de la promulgation de la loi, que les accords et conventions collectives de France ne s’appliquent outre mer que si les textes le prévoient expressément : une précision vicieuse parce que, précisément, bon nombre des conventions collectives signées nationalement “oublient” de mentionner “expressément” cette éventualité. D’autres excluent purement et simplement les Départements d’outre-mer de leur champ d’application.
Les syndicalistes d’une façon générale s’en prennent sans égard à la loi Perben, qualifiée "d’anticonstitutionnelle au regard de l’article 73 de la Constitution de 1958".

Les mêmes droits pour tous

L’UNSA aussi fait de ce combat pour l’amélioration des droits des travailleurs un de ses thèmes de prédilection, notamment "dans la perspective du Congrès de 2005" précise Armand Hoarau, en citant l’exemple du secteur des transports (voyageurs et marchandises), où la convention collective n’est pas appliquée, sauf dans quelques grandes entreprises de transport de voyageurs qui, parce qu’elles opèrent pour le compte de collectivités publiques, ont introduit un droit du travail plus favorable à leurs salariés.
Si les syndicats se disent toujours prêts à discuter de l’opportunité d’étendre telle ou telle convention, au regard des spécificités du monde du travail réunionnais, ils ont d’abord pour objectif d’obtenir les "mêmes droits pour tous". Cette aspiration est très largement partagée par les salariés, dont la vie de travail est trop souvent bornée par l’absence de perspectives d’évolution et de progression des salaires.
Revendiquer les mêmes droits pour tous sera l’un des mots d’ordre les plus offensifs de la journée du 1er mai.

P. D.


Nouveaux appels pour le 1er mai

o L’UNATOS FSU : "Préparer les conditions d’un mouvement social pour faire céder Raffarin III"
Hier, Christian Picard a rappelé, dans un courrier envoyé à la presse, que l’UNATOS-FSU exige le retrait du projet de loi de décentralisation et refuse la privatisation des services publics. C’est pourquoi le syndicat apporte son soutien aux manifestations du 1er mai, pour que tous les Réunionnais, par la rue et le vote, fassent barrage au MEDEF et au Premier Ministre.
Il faut dès à présent préparer les conditions d’un mouvement social dès le mois de mai pour faire céder Raffarin III.
L’UNATOS exige toujours le retrait pur et simple du projet de loi qui concerne le transfert des personnels TOS.
Il faut que le gouvernement réponde de façon définitive et non un simple report sur le retrait du projet de loi de décentralisation. Il faut aussi une mobilisation unitaire des personnels contre la privatisation de l’assurance maladie.
Je demande à nos élus locaux (...) de soutenir les revendications de la population contre la volonté du Premier Ministre de maintenir son projet de décentralisation et de privatiser nos services.
Il est urgent que les syndicats de salariés et les usagers interviennent.
Exigeons de ce gouvernement l’abandon de ses projets de loi qui vont à l’encontre des souhaits des Réunionnais qui se sont exprimés le 28 mars dernier, et ce n’est que tous ensemble par l’expression de la rue et des futurs votes que nous pourrons barrer la route au MEDEF et au Premier Ministre.

o L’URS CGTR : "Reprendre ce qu’on nous a volé et éviter le pire à venir"
L’Union régionale Sud CGTR, à travers son secrétaire général Pierre Boisvilliers, lance un appel pour "la défense des retraites et du service public unitaire de l’Éducation nationale". C’est pourquoi l’URS CGTR préconise de "montrer notre force ce 1er mai" lors du rassemblement devant la mairie de Saint-Pierre.

Avec Raffarin 3, les salariés, les demandeurs d’emplois et leur famille ont toutes les raisons d’être dans la rue le 1er mai.
Par leur vote aux élections régionales, les salariés et les citoyens ont durement sanctionné la politique de la droite et du MEDEF.
Ils ont ainsi donné un prolongement aux actions qu’ils ont menées tout au long de l’année 2003, notamment pour la défense des retraites et du service public unitaire de l’Éducation nationale.
Avec Raffarin 3, on reprend à peu près les mêmes et on poursuit la politique de casse sociale, oubliant le verdict des urnes.
Aujourd’hui, nous sommes plus que jamais en état de légitime défense face aux coups répétés que nous prenons sur la tête. Ne pas agir, ne pas montrer sa force ce 1er mai 2004, c’est accepter de courber l’échine et se préparer à de futurs reniements.
À part les chercheurs qui ont gagné grâce à leur détermination, tout reste à faire, tant pour reprendre ce qu’on nous a volé (retraite, 35 heures, indemnisation chômage,...) que pour éviter le pire à venir (réforme de la sécu, décentralisation avec régionalisation des ATOS, graves menaces sur les emplois stables avec l’entrée en vigueur du RMA, et bientôt le contrat de projet...).
Dès aujourd’hui, des dossiers brûlants vont voir leur conclusion en faveur des salariés ou bien de la droite et du MEDEF : ATOS, Convention collective du BTP, indemnisation des chômeurs “recalculés”, victimes des signatures MEDEF-CFDT-CFTC-CGC... Tout dépendra de la volonté des salariés et chômeurs de résister.
Raffarin et le MEDEF ne connaissent que le rapport de forces.
À nous d’être la principale force, à nous de montrer notre force ce 1er mai.
L’URS CGTR appelle tous les salariés et chômeurs de la Région Sud au défilé du 1er mai à Saint-Pierre.


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