Tribune libre

Salaire mini-minimum

5 août 2008

Nous apprenons qu’« Adidas retire progressivement sa production de Chine, maintenant trop chère ». En effet : « Les salaires, qui sont fixés par le gouvernement, sont progressivement devenus trop élevés ».
« Nous avons déjà ouvert une première usine en Inde. Des pays comme le Laos, le Cambodge et le Vietnam s’y ajoutent », explique le numéro 2 du marchand de baskets.

Décidément, ces communistes sont de bien fourbes opposants au profit. Et pourtant, c’est pas faute de faire des efforts pour accroître leur productivité. Mais il faut croire que ces salauds d’ouvriers prennent goût à l’argent et ne peuvent s’empêcher de harceler leur gentil employeur, contraint de fuir devant leurs exigences démesurées.
Non, vraiment, vivement le retour à l’esclavage ! Le concept de salaire est un acquis social archaïque qui sclérose notre économie. Dans un monde moderne, la valeur "travail" doit être réhabilitée et la compétitivité doit être restaurée dans notre pays d’assistés. De toute façon, la main invisible du marché régulera tout ça au mieux : les patrons auront tout intérêt à bien nourrir et à ne pas trop fouetter leurs esclaves, pour qu’ils travaillent mieux. Et tout le monde sera heureux.

Rassurez-vous, notre gouvernement de droite travaille dur à l’accomplissement de ce projet idyllique. Pour commencer, supprimer le SMIC. Le Conseil d’Analyse Économique l’a dit, il est « élevé et contraignant ». Du point de vue du patron ou du salarié ? Le politburo connait assez peu de smicards qui trouvent leur salaire élevé.
D’autre part, selon le CAE, le SMIC devrait « retrouver son rôle originel de salaire plancher » et « concerner une part réduite des salariés », au lieu des quelque deux millions de personnes qui le touchent actuellement.
La solution pour y parvenir étant naturellement d’abaisser le SMIC et non d’augmenter les salaires. Car, Adidas l’a bien montré, les employeurs ne sont pas du tout du genre à chercher à abaisser les salaires au maximum, et ne profiteraient sûrement pas d’une baisse du SMIC pour baisser les salaires des deux millions de smicards...

Comme un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, on vous fournit le résumé pédagogique de la situation, que l’excellent Olivox avait déjà produit avant même l’annonce d’Adidas :

(Sources : Betapolitique)
Mondialisation

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