Centrale du Gol

’Sans négociation, le chantier ne démarrera pas’

25 avril 2005

Intolérable, la venue de 150 soudeurs thaïlandais pour assurer les travaux d’extension de la chaudière du Gol, alors que des milliers de Réunionnais sont dans l’attente d’un emploi. Comme beaucoup de responsables politiques et syndicaux, d’élus et de citoyens, l’association ’Agir pou nout tout’ milite en faveur de l’emploi des Réunionnais. Elle demande à la Préfecture d’organiser une table ronde pour que ce chantier soit favorable à l’emploi local.

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La direction de la centrale thermique du Gol, en accord avec la multinationale italienne Ansaldo, qui a obtenu le marché pour les travaux d’extension de son site de Saint-Pierre, s’est finalement prononcée, dans un courrier adressé à la Préfecture, défavorable à l’embauche des 150 travailleurs thaïlandais. Elle propose de donner la priorité aux Réunionnais, voire aux ressortissants de l’Union européenne.

Provocation

"Nous nous réjouissons de cette annonce. C’est une première victoire sur l’exploitation de la main d’œuvre bon marché que l’on ne saurait accepter du fait même de notre Histoire", explique Jean-Hugues Ratenon, président d’"Agir pou nout tout" qui donnait une conférence de presse samedi matin, devant l’usine du Gol. Cependant, s’agissant de l’emploi des Réunionnais sur ce chantier, "rien n’est gagné". Marco Polo, responsable de Ansaldo pour le marché du Gol, a en effet annoncé que sa compagnie privilégierait l’embauche européenne et notamment italienne, avant d’envisager le recrutement de la main d’œuvre locale. Il estime en effet, que les Réunionnais ne sont pas compétents pour exercer ces travaux et "enfonce le clou", en avançant que rien dans les lois européenne ou française, ne peut empêcher sa multinationale de procéder de la sorte.
Jean-Hugues Ratenon qualifie ce positionnement de provocation, "une insulte envers la société réunionnaise que nous n’acceptons pas". Alors que dans les fichiers de l’ANPE, 600 demandeurs d’emplois diplômés dont 65 hautement qualifiés pourraient répondre aux exigences du chantier et que le Conseil régional s’est engagé à financer un plan de formation si nécessaire, Jean-Hugues Ratenon maintient que La Réunion possède les qualifications suffisantes. "150 postes pour 600 candidats : tous les ingrédients sont réunis pour favoriser l’emploi local, même si l’entreprise Ansaldo avance qu’il faut des ouvriers habitués à travailler ensemble".
Agir pou nout tout demande ainsi à la Préfecture de réunir autour d’une table, la Direction du Travail, l’ANPE, le responsable de la multinationale italienne, la direction de la centrale du Gol et le Conseil régional afin de trouver un consensus favorable à l’emploi des Réunionnais. "Sans négociation, le chantier ne démarrera pas", maintient Jean-Hugues Ratenon qui se dit "intransigeant" et "ferme" sur ce dossier majeur. Alors accablée par une crise du chômage des plus difficiles à dénouer, La Réunion aura-t-elle le poids suffisant pour lutter contre la libre concurrence européenne ? La raison voudrait que oui, les intérêts économiques pencheraient plus en faveur du non.

Estéfany


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