Assemblée générale des dockers à l’appel de la CGTR

« Sans solidarité, pas de combat »

12 juillet 2013, par Céline Tabou

Les dockers du Port Réunion ont tenu une dernière assemblée générale avant la reprise de l’activité, suite au mouvement de grève du personnel de la SOMACOM. Devant plusieurs centaines de dockers, David Robert, délégué CGTR de la SOMACOM est revenu sur les raisons de la mobilisation.

Danio Ricquebourg et David Robert (au milieu).
(Photos C.T.)

En pleine période des NAO (Négociations annuelles obligatoires), la tension monte dans de nombreuses entreprises, où «  le dialogue social est de plus en plus difficile », comme l’avait expliqué Jacques Bughon, de la CGTR Auto Moto, fin mai. Pour David Robert et l’ensemble des dockers, « les patrons nous prennent pour des couillons ».

David Robert a expliqué qu’au sein de la « SOMACOM, des personnes entrent dans le jeu des patrons ». « Il faut se rappeler, nos anciens sont un exemple, car ils ont mené le combat et ont tout écrit pour nous. Nous sommes aujourd’hui passés à table », a-t-il expliqué. Ce dernier a dénoncé « les jeunes qui cassent ce qui s’est passé », et rappelé l’importance de la solidarité. « Nous, dockers, nous ne nous laisserons jamais marcher dessus », notamment parce que les « patrons sont solidaires entre eux pour nous casser », a-t-il expliqué.

La pression du patronat sur les travailleurs

Après 7 jours de grève, les délégués syndicaux sont parvenus à négocier pour les 108 employés de la SOMACOM, une revalorisation salariale de 1,75%, conformément au minimum accordé à la branche Ports et Manutention au niveau national. Au départ, les patrons souhaitent une hausse d’1%, « sinon, c’est une catastrophe pour la SOMACOM, alors que ce sont nous les dockers qui faisons la richesse du Port. Les patrons ont fait les sourds, ils se remplissent les poches et nous prennent pour des imbéciles », a expliqué David Robert.

Hier à 7 heures du matin, les dockers ont tiré les enseignements de la grève à la SOMACOM.

Ce dernier a dénoncé la démagogie du patronat, qui a « orchestré la grève. Alors que nous voulions débattre ». En effet, Danio Ricquebourg, secrétaire adjoint de la Fédération Port et Dock de la CGTR, a expliqué que les dirigeants de la SOMACOM ont renvoyé l’ensemble du personnel des locaux, annonçant la fermeture de la société. « On veut dénoncer les méthodes de voyous et d’un autre temps des patrons, pour briser la grève » , a dénoncé Danio Ricquebourg. Ce dernier a pointé du doigt le « lock-out » (1) du patron de la SOMACOM, affirmant qu’il était possible de porter plainte contre le patron, car quand « nous, on fait la grève, on atterrit devant le tribunal. Le patron peut lui aussi aller devant le tribunal ».

« Il ne faut pas que l’on s’enferme sur 1,75%, c’est le minimum pour la profession, on est en droit de demander 3 ou 5%. 7 jours de grève pour 1,75%, c’est le seuil minimum. Il n’est pas question que les camarades acceptent un salaire en dessous d’1,75% », a expliqué Danio Ricquebourg. « On est Français quand il faut payer les impôts, mais on n’est pas Français quand il s’agit de respecter » un accord national de branche Ports et Manutention, signé entre l’UNIM et la Fédération National des Ports et Docks CGT. Cet accord impose 1,75% d’hausse salariale contre les 1% proposé par les patrons de la SOMACOM, car «  on ne peut pas mener un combat tout seul ». Face aux tensions et aux divisions entre les deux trois compagnies (CGM, SOMACOM, SAMR), les délégués syndicaux CGTR ont tenu, chacun à leur tour, rappelé que l’importance de la solidarité.

Céline Tabou

(1) Fermeture provisoire d’une entreprise, décidée par l’employeur pour répondre à une grève. Le lock-out est généralement utilisé lorsqu’une grève est partielle pour faire pression sur les grévistes, les salariés non-grévistes n’étant alors plus rémunérés. Le lock-out permet notamment de contrer une grève de quelques employés stratégiques bloquant l’entreprise, ces salariés étant soutenus financièrement par les non-grévistes. (Wikipedia).

La CGTR Port et Dock au cœur des luttes des dockers

« Certains se moquent de la fédération, mais on est adhérent, il est donc normal qu’on passe par la fédération pour avoir des informations. Certains veulent que la CGTR n’existe plus sur le Port pour pouvoir faire comme ils veulent, mais la CGTR s’est toujours battue pour les dockers et le peuple réunionnais », a rappelé David Robert. De son côté, Jean-Pierre Josette, délégué CGTR de la SGM, a indiqué « pas besoin de voter pour nous, si vous ne nous faites pas confiance et que vous ne nous laissez pas faire notre travail ». Ce dernier a dénoncé ceux qui « jouent le jeu des patrons ». Même son pour Jean-Luc Nerbard, de la SAMR, « si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que nos anciens se sont battus. Quand c’est la victoire de l’un (SGM, SOMACOM, SAMR-NDLR), c’est pour tout le monde. Dans toute société, il y a des intrus qui ne pensent qu’à leurs intérêts », a-t-il indiqué.

De son côté, Danio Ricquebourg a rappelé les combats menés par la CGTR et notamment les acquis obtenus. « Ceux qui rêvent d’affaiblir la CGTR peuvent toujours rêver », a-t-il lancé. « À La Réunion, on a une histoire, même si le combat est difficile. Nous, nous faisons confiance aux jeunes avec nous, qui continueront le combat des dockers, qui doit être respecté comme tous les autres travailleurs », a affirmé le secrétaire adjoint de la CGTR Port et Dock. Pour ce dernier et l’ensemble des dockers, ayant applaudi à ces propos, « la loi doit être respectée sur le port, tant qu’il y aura des combats à mener dans l’intérêt des dockers, la CGTR Port et Dock mènera le combat ».

Lors du conflit, Michel Josette a été accusé par le patron d’avoir été acheté. « On va porter plainte, car on ne peut pas salir le nom des gens comme ça. Comment un patron peut salir le nom d’un délégué syndical ? Il essaie de nous diviser et de nous écraser », a indiqué David Robert. «  Signe de solidarité envers le camarade », dont le nom a été mis en accusation par la direction de la SOMACOM ?

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