Les “35 heures” en voie de disparition

Sarkozy fait de la surenchère

13 juillet 2004

Nicolas Sarkozy ne le cache pas : il faut “assouplir” les 35 heures. Un mot doux pour, en fait, supprimer le dispositif. Dernière trouvaille en date : baisser les charges patronales... au risque d’aggraver le déficit de la “Sécu”.

Nicolas Sarkozy ne se laisse pas faire. Devant le peu “d’empressement” manifesté par certains de ses collègues, il vient de trouver une autre “arme” pour anéantir le dispositif des “35 heures”. Il a déjà annoncé qu’il allait "détaxer les heures supplémentaires" - ce qui est déjà un coup décisif apporté au système. Autrement dit, offrir aux petites entreprises la possibilité de payer les “heures supplémentaires” au même prix que les heures “normales”. Les grandes entreprises, avec la loi Fillon (votée l’année dernière), avaient déjà vu le système “s’assouplir” : elles avaient droit à un quota de 180 heures supplémentaires minimum.
Sarkozy vient de faire un nouveau cadeau au MEDEF. Il le dit lui-même dans un entretien qu’il a accordé au journal “Le Monde” : "Il existe une marge pour augmenter les salaires sans renchérir le coût du travail : en diminuant les charges sociales sur les heures supplémentaires (...). Ces baisses de charges permettront de financer des augmentations de salaires pour ceux qui travailleront plus".
Mais ce que le ministre se garde bien de mettre en avant, c’est l’effet pervers de son “idée” : "les salariés financeraient eux-mêmes les heures de travail supplémentaires par une baisse de leurs salaires indirects collectifs (retraite et maladie)", pour reprendre l’analyse faite par “Libération”.
Car le “plan” Sarkozy va augmenter le “trou de la Sécu”. Et le comble de l’ironie, c’est que par une “fuite” - probablement très organisée - il a remis en cause le projet de réforme de l’assurance maladie de son collègue de la santé, en lui reprochant de maintenir le déficit même après 2007, date à laquelle on aurait dû arriver à l’équilibre financier

“Libre choix”

Et lorsque ce même Sarkozy, dans “Le Monde”, affirme tranquillement que les salariés auront le "libre choix" de leurs horaires de travail, on tombe là non seulement dans la mauvaise foi, mais dans le mépris total des salariés. Depuis quand ce sont les salariés qui choisissent leur temps de travail ? Ni le fameux rapport Virville ni les propositions du MEDEF vont dans ce sens, bien au contraire, puisqu’ils indiquent que l’on pourrait aller vers une augmentation du temps de travail (voire jusqu’à 48 heures !!!).
L’emploi n’est vraiment pas l’une des priorités de Sarkozy qui explique que son “système de valeurs” "repose sur la reconnaissance du mérite et de l’effort. (...). On n’est pas plus malade parce qu’on travaille 39 heures au lieu de 35. En travaillant 35 heures, on a cotisé pour obtenir une couverture au titre de l’assurance maladie. Ces baisses de charges permettront de financer des augmentations de salaires pour ceux qui travailleront plus".
Et de conclure : "Le partage du temps de travail est une réponse inadaptée à nos difficultés. Il faut être plus ambitieux, vouloir multiplier les emplois et non les diviser. Notre problème, en France, c’est que nous n’avons pas assez d’emplois".
Pour une lapalissade...


D. B.


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