Après la dernière augmentation des prix des carburants

Stop à la hausse : moratoire sur tous les prix

2 février 2011, par Manuel Marchal

Compte tenu de la politique du gouvernement, un gel des prix pendant toute la durée du plan d’austérité est la première mesure à prendre. Elle garantit que les restrictions ne seront pas subies par une seule partie de la population, celle qui a le moins de revenus.

Les Réunionnais se sont réveillés hier avec une nouvelle augmentation du prix des carburants à subir. Quelques heures plus tôt, les prix à la pompe avaient augmenté de 5 centimes pour le super et de 4 centimes pour le gazole.
C’est la troisième hausse consécutive en trois mois. Et cette aggravation a lieu en pleine crise.
Cette crise dure depuis des décennies à La Réunion, mais aux phénomènes structurels se sont ajoutées les conséquences de décisions politiques prises en France et à La Réunion. Depuis l’arrêt du chantier de la rocade en mai 2007, notre île est passée d’une phase de croissance de l’activité économique à celle de l’effondrement. En 2009, La Réunion était en récession (-2,8%), et en 2010, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 14% pour atteindre des sommets.
Mais durant cette période, les prix ont continué à augmenter. Rappelons que la lutte contre la vie chère était une des motivations du mouvement revendicatif unissant la population et le COSPAR en 2009. Dès la première grande manifestation du 5 mars 2009, le préfet décidait de baisser les prix des carburants et du gaz. Avec la baisse de 254 produits de grande consommation, ces décisions ont permis à la population de sortir la tête de l’eau durant quelques mois. Mais au mois de septembre, le représentant de l’État décide de faire repartir l’inflation en donnant un coup de pouce aux profits des pétroliers. Les prix des carburants et du gaz sont repartis à la hausse, et cette tendance continue à se poursuivre.

L’austérité appliquée avec brutalité

En ce début d’année, la hausse décidée s’inscrit dans une situation encore plus grave.
À la récession à La Réunion s’ajoute l’application du plan d’austérité du gouvernement. Ce dernier est à la recherche de 100 milliards d’euros d’économies en trois ans. Sa méthode, c’est de diminuer les dépenses publiques. Les collectivités, premières sources d’investissement, sont visées avec un gel des dépenses.
C’est ensuite le logement social qui fait les frais de l’austérité, avec une diminution de la ligne budgétaire unique, la subvention directe de l’État à la construction de nouveaux logements.
Toutes ces mesures font diminuer l’emploi, elles réduisent donc les revenus. Et cette politique, le gouvernement compte la mener pendant trois ans. La brutalité avec laquelle l’administration a annoncé des suppressions de poste dans l’Éducation nationale indique que le gouvernement ne compte pas transiger sur sa ligne.

Beaucoup de revenus décidés par l’État

À La Réunion, les revenus de la population vont donc être marqués par l’austérité. C’est en effet l’État qui fixe les rémunérations perçues par la majorité de la population. Ce sont les retraités, les travailleurs privés d’emploi, ceux qui perçoivent un minima social, les travailleurs payés en fonction du SMIC et les agents de la fonction publique.
Le gouvernement cherchant à faire un maximum d’économie sur les dépenses sociales, il va forcément vouloir limiter au maximum la croissance des revenus qu’il fixe.
Mais face à cette situation de crise aggravée, des agents de l’économie ne tiennent pas compte des difficultés de la population. Ils tirent profit d’un système opaque et d’un monopole pour continuer à faire payer la population. La dernière hausse des prix des carburants en est l’illustration. Officiellement, ce sont l’évolution du prix de la matière première et l’arrivée d’une nouvelle taxe payée par les distributeurs de carburants qui sont invoquées pour justifier la hausse. Est-ce à dire que quelle que soit la situation, les compagnies pétrolières ont la garantie de maintenir le niveau de leur profit ?
Pourquoi est-ce toujours au consommateur final de financer les soubresauts de l’économie ?
Au cours des trois prochaines années, les revenus des Réunionnais vont subir l’austérité. Dans de telles conditions, la première mesure de justice à prendre est au moins de décréter un moratoire sur les prix. Sinon, cela signifie que seuls les plus pauvres devront payer le prix de la politique d’austérité.

Manuel Marchal


La hausse immorale des prélèvements obligatoires pesant sur les citoyens

A chaque débat sur le budget au Parlement, il n’est pas rare d’entendre toujours les mêmes voix s’élever contre des prélèvements obligatoires sur les entreprises trop élevés.
Mais que dire des prélèvements sur les citoyens ? La stagnation de l’économie et la hausse des prix ne cessent d’augmenter la part de ses prélèvements obligatoires. Cette part est d’autant plus élevée que le revenu est faible.
Mais ceux qui crient contre les prélèvements que doivent payer les entreprises se taisent lorsque ce sont les bas revenus qui sont touchés.

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