Vers la transparence dans la formation des prix ?

Table-ronde sur les carburants : 1.600 emplois sont en jeu

3 septembre 2008, par Manuel Marchal

C’est à 15 heures que les compagnies pétrolières, les représentants des gérants de station-service et l’Etat ont rendez-vous à la Préfecture. Annoncée lors de la dernière augmentation du prix des carburants, la table-ronde a été avancée. Elle se déroule dans un climat marqué par l’ultimatum lancé par les groupes pétroliers.

Le modèle réunionnais de distribution fait vivre aujourd’hui 1.600 familles. C’est cette question qui est en jeu. Depuis la dernière augmentation du prix des carburants, les compagnies pétrolières affirment perdre de l’argent car elles disent que l’augmentation du 1er août est insuffisante.
Puisqu’elles ne peuvent pas augmenter les prix de vente aux consommateurs, une compétence de l’Etat à La Réunion, alors elles mettent la pression sur les gérants de station-service. Deux compagnies, Total et Tamoil, ont envoyé des courriers aux gérants leur annonçant une baisse de 50% de la marge de ces derniers. Ces derniers se sont mis en grève pour protester contre une augmentation unilatérale du prix d’achat du carburant aux compagnies pétrolières.
Du côté de Total, une rencontre entre les gérants et la Direction régionale a permis de régler le problème, selon le président du syndicat des gérants : la hausse des prix est annulée. Hier, des discussions devaient se poursuivre du côté de Tamoil.
La tentation est grande pour les compagnies pétrolières d’augmenter les profits en remettant en cause le modèle réunionnais de distribution. Le responsable régional de Tamoil ne cachait pas l’éventualité de « trancher ». L’application à La Réunion du modèle occidental dans ce secteur verrait la disparition des pompistes, l’automatisation, tout cela pour des raisons de profits. Et pourquoi ne pas ensuite imaginer que ce modèle de paiement automatique soit étendu à la grande distribution ? En France, il existe en effet des grandes surfaces où des caisses fonctionnent sans caissière. Tout cela pour une question d’augmentation des profits.
Parmi les facteurs qui entrent dans la formation du prix, plusieurs restent opaques. Le niveau des taxes (Octroi de mer et FIRT) est connu. Le montant de ces prélèvements est intégralement reversé à La Réunion. Il sert, d’une part, à financer les recettes des communes (Octroi de mer), et d’autre part, à construire et à assurer l’entretien des routes (FIRT).
Par contre, on ne peut pas dire que la part des compagnies pétrolières profite à 100% à La Réunion, car elles sont des filiales de groupes mondiaux qui engrangent chaque année des milliards d’euros de bénéfices.
De plus, on peut également s’interroger sur les choix effectués en matière d’approvisionnement de La Réunion en produits pétroliers : va-t-on chercher cette marchandise au plus près, au moins cher ?
Et ne peut-on pas dégager des marges de manœuvres du côté de l’extraction, du raffinage et du transport ? Tout ceci sont des questions qui doivent être abordées. N’oublions pas qu’un petit pays comme les Seychelles dispose de cinq pétroliers qui croisent sur les océans. Pourquoi ne pas les solliciter si cette coopération permet de faire baisser les prix ?

M.M.


La CCI veut la transparence sur la formation des prix

Dans un communiqué diffusé hier, Eric Magamootoo, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), appelle à la mise à plat de tous les facteurs intervenant dans la formation des prix des carburants à La Réunion.

Le conflit entre les gérants de stations-service et les compagnies pétrolières (Tamoil et Total) doit absolument trouver une issue dans le cadre de négociations.
Le combat permanent pour préserver le pouvoir d’achat de la population doit se traduire par une mise à plat, dans la transparence, des différents facteurs intervenant dans la formation des prix au sein de l’Observatoire des prix.
Il est certain que ce constat ne peut se traduire par la fragilisation des conditions de travail du personnel, d’une part, ni par la suppression des emplois, d’autre part. Ces préoccupations majeures des partenaires doivent se résumer en une volonté, celle de créer une valeur ajoutée maximale.

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