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L’emploi : privilège ou droit pour tous ?
30 avril 2004
Avant hier, en fin d’après-midi, à la faculté de Lettres du Moufia, l’association Jeunesse 2004 organisait un débat ouvert sur le thème : ’Emploi pour tous : mythe ou privilège ?’. En présence du Collectif emploi en danger (CED) et de Philippe Vergoz, élu de la commune de Saint-Benoît et militant associatif, un état des lieux du chômage et de la précarité a pu être dressé, enrichi par les réflexions et propositions de chacun des intervenants, comme du petit groupe présent dans l’amphithéâtre.
Après plus d’une heure et demie d’échanges avant-hier, une idée phare se dégage unanimement : la jeunesse possède un potentiel créatif, générateur d’activités et d’emplois qui sont utiles pour l’ensemble de la cité et favorables à la cohésion sociale. Pour sortir la jeunesse réunionnaise de l’impasse de la précarité, l’État, les collectivités et plus largement l’Europe, doivent la soutenir dans ses projets, l’aider à valoriser ses atouts, lui offrir les moyens de se responsabiliser pour défendre ses intérêts. Un premier débat très riche et fédérateur d’idées que l’on espère voir bientôt reconduit et que l’on se mobilise autour de telles initiatives, positives pour l’unité d’actions.
La Réunion, riche d’une population estimée à 766.200 habitants et d’une croissance démographique que l’on dit galopante, est confrontée au plus fort taux de chômage en France. Bien que l’insularité, le coût de la main-d’œuvre, la saturation du marché du travail, la topographie représentent des freins au développement du pays, La Réunion a des atouts qu’il faut exploiter pour aider la jeunesse à se sortir de l’impasse du chômage et de la précarité.
Poursuivre l’aménagement du territoire, la valorisation des zones économiques, afin de désengorger le marché intérieur saturé, accentuer les mesures à l’exportation pour les petites entreprises, ou encore favoriser l’installation des investissements extérieurs avec la garantie d’embauches locales : Philippe Vergoz soumet quelques propositions pour répondre au fléau du chômage. Il constate qu’il y a cinquante ans, on exportait autant que l’on importait alors qu’aujourd’hui, les importations sont dix fois supérieures aux exportations. Partant du constat que l’une des caractéristiques économiques réunionnaises est d’avoir principalement de petites entreprises, il estime qu’il faut aider celle-ci dans leur développement et l’extension de leur activité vers l’exportation.
De même, l’artisanat, plébiscité comme la "Première entreprise de France", et certainement de La Réunion, est un secteur porteur d’emploi, la troisième force du pays en termes de richesses, après l’industrie et les activités de services en pôle position. Avec 1.485 immatriculations recensées en 2003 contre 1.155 radiations, l’artisanat enregistre 330 entreprises artisanales en activité. "Plus de 75% des personnes qui créent des entreprises étaient avant en situation précaire, ils ont eu le courage de régulariser leur situation, de franchir le cap", souligne encore Philippe Vergoz. "Cependant, on est confronté à un double langage avec des mesures d’accompagnement qui favorisent les initiatives mais qui sont supprimées, à l’exemple des chèques conseils".
La précarité se vit quotidiennement au cœur de l’entreprise, qu’elle soit interne (sous le coup de grèves prolongées), venant de l’extérieur (liquidation d’un fournisseur par exemple) ou encore des pouvoirs publics. L’emploi devient donc incertain, avec des contrats précaires, dissociables pour cet intervenant, en "bon" et "mauvais" contrat précaire. Le "bon", c’est le contrat d’apprentissage qui, grâce à une acquisition évolutive des compétences, permet au jeune de devenir "un ouvrier fini", alors que les "mauvais", largement majoritaires, n’offrent aucun débouché constructif (exemple des contrats de chantiers du BTP, un secteur pourtant en bonne santé et qui privilégie les contrats de six mois renouvelés).
Julie Pontalba de l’association Jeunesse 2004 constate que le modèle familial s’est effondré. Les jeunes ne suivent plus le même déroulement de vie qu’il y a quelques années : école, travail, départ de la cellule familiale pour acquérir son autonomie et fonder sa propre famille. Les jeunes ont bien souvent tendance à s’encrer dans la famille, à abandonner de façon précoce le cycle scolaire. On assiste à un "schéma d’éclatement d’insertion sociale et professionnelle" et l’on peut se demander si "l’emploi doit devenir un privilège ou un droit pour tous ?" Et c’est au cœur de ces mêmes familles que le fléau social de la précarité s’installe, les détruisant à petit et les excluant des activités de la vie que sont le tourisme, les loisirs culturels, l’éducation et les échanges humains. Le facteur comportemental lié à la précarité a été envisagé.
À la question soulevée par un étudiant : “la population a-t-elle perdue la notion, le goût, l’envie du travail ?”, une travailleuse sociale, présente dans le public, est intervenue pour affirmer que les Réunionnais sont travailleurs et que même au chômage, ils préservent une activité. Pour être en contact avec une tranche de la population située à mi-hauteur, elle parle d’une activité réelle non déclarée au sein de certains quartiers. Cette population, qui vit un peu comme au cœur d’une petite communauté, vit d’allocations et de petites activités parallèles, principalement des activités de services.
Cette pratique assez répandue (soulignée par l’INSEE dans l’une de ses revues économiques) leur permet de pouvoir vivre décemment car le montant de leurs prestations est à lui seul insuffisant. Accepter un contrat précaire ne leur apparaît pas comme une solution sécurisante, il ne propose aucune perspective si ce n’est de travailler pour le minima, avec un retour incessant à la case départ. Face à ce constat, Philippe Vergoz souligne qu’"il faut être un citoyen constructif et productif".
Pour Yannick Potier du CED (Collectif emploi en danger) : "On ne décrète pas l’emploi, il faut créer des activités, c’est ce que l’on nous apprend". Elle note qu’entre 1995 et 2002, la création d’emplois est l’une des conséquences du développement touristique et des mesures sociales telles que les emplois aidés. Cependant, ces contrats aidés, présents dans tous les corps de métiers et largement présents dans le monde associatif, même s’ils permettent une insertion relative, fragilisent la cohésion sociale, développent la précarité créent "l’apartheid social". Les idées ne manquent pas pour passer d’un emploi, précaire à l’autre, pour "guérir un mal par un autre mal" : contrats d’orientation, d’apprentissage, de qualification, d’adaptation, de ville, CAE, CEC, CES, CEJ, CIA, adultes relais et maintenant CIVIS depuis le début de l’année.
Grâce au Conseil régional et au Fonds social européen (FSE), durant ces contrats, les jeunes obtiennent des formations qualifiantes, diplômantes souvent dans le domaine social et socio-éducatif, et malgré cela, ils restent dans leur précarité, sans évolution de statut et de salaire. Leur action est utile à l’ensemble de la société et malgré cela, ils souffrent d’un manque de reconnaissance, leurs missions ne sont pas reconduites et les postes qu’ils ont souvent eux-mêmes créés, avec toute la dynamique et l’implication souhaitées, sont tout simplement supprimés.
"Nous disons que à défaut de vrais emplois, ces emplois aidés, bien que précaires, sont d’une absolue nécessité pour la population réunionnaise. D’où notre crainte depuis deux ans face à la disparition de ces emplois dans le monde associatif qui entraîne de fait la fermeture massive des associations, garantes pourtant de notre cohésion sociale", souligne Yannick Potier. Pour le CED, l’État s’est mis "hors la loi", en détruisant des emplois utiles et en rompant son engagement envers les associations employeurs.
À cela s’ajoutent les mesures proposées par la LOOM (Loi d’orientation pour l’Outre-mer) qui n’ont pas réglé le problème de la précarité, alors que la Loi de programme de ce nouveau gouvernement "est vide de tout contenu". La LOOM prévoyait d’aider les patrons pour créer des emplois, mais aucune aubaine en vue si ce n’est pour la patronat. Les nouvelles réformes de l’UNEDIC ne facilitent en rien la survie des précaires qui sont mis au pied du mur avec le RMA, qui plonge le travailleur dans un système d’exploitation sociale, avec des "salaires au rabais", une main-d’œuvre bon marché. Le chômage ne semble pas la priorité gouvernementale, et pourtant pour vaincre la précarité, seule l’union de l’État, des entreprises et des collectivités au sein d’une action commune et cohérente, permettra de dégager des solutions pérennes pour lutter contre le chômage.
Avec le refus de rendre pérenne des emplois précaires qui s’avèrent utiles, ce sont les espaces de loisirs entretenus, le rattrapage scolaire, l’accompagnement des personnes handicapées, le soutien aux personnes âgées... qui sont amenés à disparaître. "Ainsi, les jeunes Réunionnais sont entrés en résistance", face à l’ampleur du danger qui menace La Réunion, déclare la représentante du CED. Une résistance axée autour de deux mots d’ordre : vigilance et méfiance.
Pour diminuer la précarité, il faut anticiper sur les grands projets qui ont un potentiel créateur d’emploi, tels que la Route des Tamarins, le tram-train, les emplois à domicile, les TIC, avec l’impératif que les Réunionnais aient un accès prioritaire à ces emplois, comme le réclame actuellement le collectif pour la mise en place du Parc national des hauts. "Sans anticipation sur l’avenir, la situation ne s’améliorera pas". Les jeunes ont donc le choix des armes, le choix de refuser ces mesures sociales imposées, mais aussi de proposer des solutions, tout en étant conscients que "tout le monde ne peut pas être et ne sera pas fonctionnaire".
Peut-être faudrait-il faire jouer la solidarité locale avec les fonctionnaires, repenser la redistribution des richesses, augmenter les impôts, prolonger les dispositifs d’aide aux emplois jeunes, bâtir de véritables projets d’insertion pour les nouveaux diplômés, créer un Observatoire de l’emploi, comme proposé par le MCP (Mouvement des chômeurs panonnais) et Jeunesse 2004... "Quoiqu’il en soit, pour l’heure, La Réunion n’a guère le choix que celui de revendiquer, et non, de faire de la mendicité. Nous pouvons ensemble préparer l’avenir afin de ne pas répéter les erreurs du passé. Il nous faut bâtir La Réunion de demain. Avec un tel gouvernement qui refuse d’entendre le peuple, quelle Réunion aurons-nous demain si nous ne crions pas haut et fort : Nou le pa plus, nou le pa mwin, réspèkt anou ! ; et le cri du cœur des Réunionnais : Tié pa nout lespwar !"
Estéfany
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