Un collectif pour défendre le droit à la santé

« Touche pas à notre sécurité sociale publique et solidaire »

1er octobre 2007, par Edith Poulbassia

Un collectif réunissant associations, syndicats, partis politiques vient de voir le jour pour défendre le système de sécurité sociale solidaire. Il appelle les Réunionnais à signer une pétition, laquelle sera transmise aux élus de l’Assemblée et du Sénat mi-octobre.

Un collectif réunissant associations, syndicats, partis politiques vient de voir le jour pour défendre le système de sécurité sociale solidaire.
(PHOTO EP)

L’UFAL (Union des Familles Laïques de La Réunion) avait lancé un appel aux associations, syndicats, partis politiques pour une mobilisation contre les franchises médicales. La manifestation centrale du 29 septembre n’a pas eu lieu, celle prévue en métropole a été reportée, pourtant plusieurs initiatives ont lieu en province. Mais un collectif est né de cette initiative de l’UFAL. Il regroupe une vingtaine de membres, et reste ouvert à ceux qui sont opposés à la réforme. L’UFAL, l’Association Initiatives Dyonisiennes, l’Union des Femmes Réunionnaises, Faire le Jour, la Ligue des Droits de l’Homme, Attac Réunion, la CGTR, l’UIR CFDT, SAIPER, SNUI solidaire, SNES-FSU, Alter Ekolo, Maron, MGA, MRC, PRS, Verts-Réunion, MAR, MRA, et enfin le PCR et le PS se sont mis d’accord pour agir maintenant, et donner la possibilité aux Réunionnais d’exprimer leur opposition aux franchises médicales. Une pétition, diffusée par le collectif, sera transmise mi-octobre aux députés et sénateurs réunionnais. Par ailleurs, un site Internet est en construction pour informer et coordonner les actions du collectif.

Le discours fantasmatique du gouvernement

Ce que le Collectif refuse, c’est la confusion que le gouvernement établit entre la santé et une marchandise. Or, la santé est un Droit de l’Homme, et pour le réaliser la France a su créer la sécurité sociale, un système qui fonctionne grâce à la solidarité nationale. Chaque membre du Collectif a exprimé sa prise de position contre la politique du gouvernement. A commencé par l’UFAL, avec sa secrétaire Véronique Veinberg. « La société réunionnaise mérite qu’on explique ce qui se prépare avec le gouvernement. Même s’il a été élu à 53%, il faut comprendre qu’il s’attaque aux conquêtes sociales au nom de la concurrence libre et non faussée. Pour nous, la liberté, l’égalité, la fraternité reste notre combat », affirme la porte-parole de l’UFAL. Pour l’association, l’État ne cesse de tenir un « discours fantasmatique sur le trou de la sécurité sociale », au lieu de dire la vérité. De 1999 à 2001, les comptes de la sécurité sociale étaient équilibrés, et ce sont le chômage, les exonérations patronales massives, et la dette de l’État qui sont responsables. « La vérité, ce sont que les riches ne veulent plus partager avec les pauvres : ni les salaires, ni les impôts, ni les cotisations sociales ! »

Franchises : fin programmée d’une santé pour tous

Pour l’UFR, les franchises médicales constituent une régression qui va concerner les classes moyennes et les plus pauvres. Le verre est en quelque sorte dans le fruit. « C’est la fin programmée d’un système basé sur la solidarité, la privatisation de l’assurance maladie », estime Huguette Bello. 50 euros par personne maintenant, et pourquoi pas 100 l’année prochaine, puisque le montant des franchises est modulable. Les femmes enceintes, les enfants, les bénéficiaires de la CMU seront-ils épargnés longtemps ? Comment feront les bénéficiaires du minimum-vieillesse, de l’allocation adulte handicapé ? Pour Huguette Bello, les Réunionnais sont suffisamment pénalisés par le système de santé. Le coût de la consultation est de 15% plus élevé qu’en métropole, 30,3% en plus pour les médicaments, les cotisations des mutuelles sont supérieures. « La santé est le désir le mieux partagé. Il ne faut s’étonner de l’augmentation quasiment mécanique des dépenses de santé. Aucune réforme ne peut contourner cela. En 1945, quand la France était exsangue, elle a trouvé la force de mettre en place un système solidaire. Nous n’avons pas d’autre possibilité que de donner un nouveau principe de solidarité », affirme Huguette Bello. On peut en effet se poser la question de l’impact des 850 millions d’euros de franchises sur le déficit de la sécu.

La santé n’est pas une marchandise

Ivan Hoareau de la CGTR compare ce chiffre à d’autres. 27 milliards d’exonérations de cotisations sociales, 65 milliards d’euros aux entreprises en 2005, 3 milliards de stock-options (compléments de revenus non-imposables). « Cela fait 25 ans que nous assistons à la baisse du coût du travail pour dit-on améliorer la compétitivité des entreprises. Pour cette politique d’exonération tous azimuts, le transfert financier se fait vers le contribuable. Pire, avec la franchise, on a franchi un nouveau cap, c’est la malade qui devra se soigner », s’indigne le syndicaliste. Marie Lafitte de L’UIR-CFDT souligne par ailleurs le risque qui se profile : qu’une partie de la société renonce à l’accès aux soins. « Ce gouvernement a une main sur le coeur et l’autre dans la poche du malade, affirme t-elle. Il profite de l’état de léthargie de la population pour agir. Il a pourtant sa part de responsabilité dans ce déficit de la Sécu ».
Attac-Réunion apporte une vision mondialiste de la situation. « La finance internationale a besoin de ressources. Ces ressources elles se trouvent aujourd’hui en Europe. L’épargne a été mobilisée par les Etats-providences. L’enjeu est de rendre cette épargne disponible pour les privatiseurs », explique le représentant. Quant aux Verts, ils regrettent que l’on ne s’attaque pas plus aux causes des maladies. « Il faut refonder le système de santé en agissant sur les causes environnementales et comportementales des maladies », déclare Jean-Pierre Esperet.
Pour défendre le droit à la santé, une manifestation devait avoir lieu le 20 octobre à Saint-Denis.

Edith Poulbassia


La santé était un pari pour la Réunionnais

Le PCR s’est associé à la démarche de l’UFAL en soutenant la diffusion de la pétition. Car la santé est un droit auquel les Réunionnais n’ont pas eu accès pendant longtemps. « En 1946, le docteur Raymond Vergès avait fait de la santé un de ses soucis constants ; Il avait pris ce problème à coeur », rappelle Jean-Max Hoarau. « Étant donné le contexte, le pouvoir d’achat élevé, le taux de chômage, le problème de logement, le nombre de bénéficiaires de la CMU, nous pensons qu’il y a certainement d’autres solutions que les franchises médicales », ajoute t-il.
Monique Orphé, pour le PS, a rappelé que la Réunion n’a pas voté pour Nicolas Sarkozy, et c’est donc naturellement que les Réunionnais sont contre cette réforme de la sécurité sociale. « Il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy continue à appliquer la logique libérale de droite,dans la continuité de la politique de Jacques Chirac ». Bref, rien n’a changé.

EP


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Messages

  • Pour signer la pétition en ligne :

    allez sur http://aid97400.lautre.net/spip.php?article86

    il faut descendre à la fin de l’article et remplir dans les cases prévues :
    NOM, Prénom, adresse e-mail avec éventuellement quelques mots
    puis cliquer sur "VALIDER".
    Ensuite, ouvrir sa boite e-mail et cliquer sur le lien dans le message pour validation.
    Le nom du signataire apparaît alors en tête de la liste finale de l’article sur le site aid.

    Vous trouverez également sur le même article à télécharger :

    le texte complet de la pétition

    un tract

    Voir en ligne : Association Initiatives Dionysiennes

    • Les Pères de la Sécurité Sociale avaient un Rêve, celui de substituer la solidarité de tous, pour pallier aux soucis de chacun, lorsque l’injustice des aléas de la vie, vient vous frapper dans votre chair : Au-delà de la trahison indigne de leurs mémoires, insupportable, c’est l’attaque contre une de nos valeurs humaines essentielles, qui est intenable : le regard vers l’autre, et surtout l’intérêt pour ses préoccupations.

      A ce train, c’est l’équilibre de nos relations de citoyens, qui est gravement menacé, à vouloir ainsi nous rendre bouffis d’indifférence et de mépris, repus d’égoïsme et de profits : nous descendions des arbres, mais nous voilà de retour dans la jungle.

      NON aux réglements de nos problèmes sur le dos des plus faibles ! ! !

      Je me joins à votre appel pour inviter chacun à co-signer cet acte de citoyenneté.

      Salaam

      Voir en ligne : A signer avant de saigner !


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