CGTR-Commerces : une rentrée sous le signe de la revendication

« Tous Ensemble doit être le mot d’ordre »

4 mars 2008

Augmentation des cadences, diminution des effectifs, temps partiel imposé comme moyen de chantage à l’emploi, pouvoir d’achat en berne et, maintenant, projet de libéralisation du travail le dimanche : les salariés du commerce et de la grande distribution sont bradés sur l’autel de l’ultra-libéralisme. La CGTR-Commerces les invite à revendiquer, à se syndicaliser, pour faire entendre leurs droits.

A l’appel des syndicats FO, CGT, CFDT, la grande distribution, pourtant peu syndicalisée, a essuyé une grève historique le 1er février en Métropole. Piquet de grève, blocage des parkings, arrêts de travail, pétition soumise aux usagers... 80% des enseignes ont été touchées. Alors que la grande distribution brasse des milliards d’euros de chiffres d’affaires au profit d’actionnaires qui se partagent de copieux dividendes, les salariés du secteur, entre temps partiel imposé, augmentation des cadences et dégradation du pouvoir d’achat, vivent quant à eux à crédit, sur leur découvert autorisé. « Quelle vie avec 950 euros par mois ? », titrera en effet notre consœur de “L’Humanité”, Christelle Chabaud, au lendemain de la mobilisation. L’injustice flagrante conduit à la colère, à la revendication, à la révolte révélatrice du profond malaise social qui agite la France.

Temps partiel imposé : 40% du personnel à La Réunion

Si la mobilisation fut exemplaire, on ne peut en dire autant de la réponse patronale. Si la caissière ne verra plus sa pause pipi décomptée de son temps de travail (quel soulagement !), en revanche, rien sur les salaires. Comme le précise l’intersyndicale nationale, en ne prélevant plus le forfait pause sur les minima salariaux, le patronat ne fait que se mettre en conformité avec la loi. On en est toujours à défendre le respect des droits des travailleurs plutôt que d’en conquérir de nouveaux. « Ce n’est pas avec quelques euros par-ci par-là que le patronat va répondre aux besoins d’un vrai salaire pour les salariés de la grande distribution », notait hier Marlène Derfla, déléguée de la CGTR-Commerces, qui invite les salariés réunionnais du secteur à se mobiliser, à se syndiquer, pour faire entendre leurs droits.
A La Réunion, 40% du personnel de la grande distribution est astreint au temps partiel qui n’ouvre aucun droit aux fameuses heures supplémentaires défendues par Nicolas Sarkozy. Temps partiel imposé est égal à salaire de M... imposé ! Et que celui qui n’est pas comptant le dise, la France ne manque pas de chômeurs.

Ouverture le dimanche : des arguments irrecevables

Pour Marlène Derfla, il est urgent de négocier sur le temps partiel imposé, mais il est aussi important que les salariés qui sont payés en dessous du SMIC n’hésitent pas à faire appel aux Inspecteurs du Travail pour réaliser des constats. En clair, les salariés de la grande distribution de La Réunion doivent prendre le pas sur leurs collègues de Métropole et ne pas succomber aux pressions. Un combat important s’annonce : celui de la libéralisation du travail le dimanche prônée par le gouvernement et le Medef. « Comment peut-on déclarer que l’ouverture du dimanche est dans l’intérêt des consommateurs, de l’emploi et des salariés ? », questionne la militante syndicale. Les arguments avancés ne sont pas recevables.
Les défenseurs intéressés du projet disent que les consommateurs n’ont plus le temps de faire leur course durant la semaine. La faute à la modulation du temps de travail peut-être ? À moins qu’on préfère la balade du dimanche dans les rayons plutôt que le pique-nique en famille ? C’est un vrai choix de société qui est posé. De plus, la CGTR estime que l’ouverture 7 jours sur 7 des grandes surfaces ne changera rien au budget des ménages qui ne dépenseront pas plus qu’ils n’ont... à moins d’être encore tenté de s’endetter. De même, la libéralisation du dimanche ne sera pas créatrice d’emplois quand on sait que le CDI a été suppléé par les CDD, temps partiels et autres emplois étudiants.
« Les analyses qui ont été faites nous permettent de dire qu’il n’y a pas d’augmentation du chiffre d’affaires de la grande distribution, mais seulement un déplacement des achats », soutient encore Marlène Derfla. Laissons les volontaires travailler, diront encore les défenseurs du projet de casse du Code du travail. Mais qui sont-ils, ces volontaires, férus du “travailler plus” ? Les précaires qui ne sont pas en position de refuser, répond la CGTR ; les étudiants qui n’ont d’autres solutions que de passer par l’emploi pour financer leur cursus. Et de noter que l’échec des étudiants salariés est de plus de 42%. Le travail a un prix, c’est bien connu.

« Le rapport de force est nécessaire... »

Enfin, la CGTR rappelle que lorsque la grande distribution s’est implantée et a imposé l’ouverture le samedi, ce sont tous les autres secteurs d’activités qui ont dû se plier à cette logique : banques, transports en commun... « Si demain on accepte l’ouverture du dimanche, c’est toute la cohésion de notre société qui sera remise en cause », augure Marlène Derfla, qui pointe ainsi la vie de famille mais aussi les animations sportives.
En ce début d’année marqué par un mouvement de protestation sans précédent au niveau national, la CGTR-Commerces appelle l’ensemble des salariés à rester vigilant sur la suite des négociations du rapport Attali qui propose justement d’élargir l’ouverture des magasins le dimanche. Le syndicat fait circuler une pétition auprès des salariés de la grande distribution et une autre auprès des usagers afin de mobiliser l’opinion publique sur la question. Elle va également continuer à interpeller les élus sur les conditions de travail et la situation sociale des salariés de la branche, et notamment leur refus de se plier à cette nouvelle atteinte au droit du travail.
La CGTR-Commerces invite les représentants syndicaux de chaque enseigne à peser sur les négociations annuelles des entreprises ainsi que les salariés à rejoindre la lutte syndicale. « Le rapport de force est nécessaire, le Tous Ensemble doit être le mot d’ordre pour faire fléchir les Directions », entonne Marlène Derfla. Et ce rapport passe par la revendication et la syndicalisation.

Stéphanie Longeras


Rendez-vous le 6 mars

La CGTR-Commerces appelle l’ensemble des salariés de la branche à se joindre à la mobilisation du 6 mars, lancée le 11 février par le Secrétaire général de la CGTR, Ivan Hoareau, afin de combattre la politique de casse sociale et de droit du travail du gouvernement actuel. « Ne laissons pas notre travail détruire notre santé », appelle Marlène Derfla. Car si l’on parle peu de la pénibilité du travail dans la grande distribution, de plus en plus de salariés sont usés par des conditions de travail qui rongent leur santé. Les cadences, la répétition, les lourdes charges conduisent aussi bien les caissières que les salariés des entrepôts à souffrir et du stress et de troubles musculo-squelletiques qui deviennent de plus en plus handicapants.
Depuis la loi d’août 2003, les partenaires sociaux sont invités à négocier sur la pénibilité, mais le sujet n’intéresse vraisemblablement pas le patronat qui boycotte la concertation, laisse traîner les choses.
La CGTR milite quant à elle pour le départ anticipé des salariés qui exercent des métiers pénibles ainsi que pour des fins de carrière aménagées permettant à chacun de bénéficier d’une retraite équivalente et en être bonne santé. En tête également des revendications inscrites à cette manifestation, la CGTR-Commerces rappelle la hausse du pouvoir d’achat, l’emploi pérenne, le partage des richesses et la lutte contre la casse du Code du travail, bref, tout ce qui traduit une opposition à la politique démagogique et dangereuse du président actuelle.
Le rendez-vous est fixé à 9 heures devant le Petit Marché de Saint-Denis et un départ en bus de Saint-Pierre est organisé à partir de la Place de la Mairie à 7 heures.

SL


Élections prud’homales de fin d’année

« Faire vivre la démocratie dans l’entreprise »

La conférence tenue hier par la CGTR-Commerces a été l’occasion de rappeler l’échéance de fin d’année : les élections prud’homales du 3 décembre qui vont déterminer les juges salariés de cette juridiction et sont aussi un « moment important du droit d’expression des salariés ».

Les employeurs ne sont pas toujours coopérants

Un droit pour les salariés qui ne peuvent voter que s’ils sont déclarés par leur employeur. Une obligation qui n’est pas toujours respectée, comme le rappelle Marlène Derfla, encore en mandat aux Prud’hommes. En effet, le premier contrôle en décembre 2007 a révélé la réticence de nombre d’entre eux à se justifier de l’accomplissement ou non de le devoir. « D’autres tentent d’inscrire des salariés dans des localités extrêmement éloignées du lieu de travail et donc du lieu de vote », pointe la syndicaliste.
Enfin, il est marquant de constater que les Directions refusent d’inscrire les personnels d’encadrement (agents de maîtrise, techniciens, voire cadres) dans la section encadrement qui leur est réservée. La CGTR invite ainsi les salariés à vérifier dès à présent que l’employeur a bien effectué leur inscription sur la DADS (Déclaration annuelle des données sociales) ou auprès de leurs délégués syndicaux ou du personnel. Les salariés de droit privé ne sont pas privés justement de ce droit. La CGT invite chacun à « faire respecter ce droit, acte important pour faire vivre la démocratie dans l’entreprise ».
Pour plus d’infos : www.cgt.fr

SL


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