Observatoire des prix et des revenus - Billet d’humeur de Babou B’Jalah

Tout augmente, sauf les salaires !

14 août 2007

Tout augmente : l’essence, le gasoil, le gaz. Bientôt, il nous faudra revoir nos modes de transport. Cuisiner au feu de bois me rappelle les saveurs d’antan. Marcher est bon pour la santé. Se déplacer à cheval nous fera du bon air. Peut-être qu’enfin, sortiront de l’oubli nos traditionnels sharèt bëf. Ils défileront fièrement sur le macadam réunionnais. Quel pied de nez au monopole pétrolier à La Réunion !

Sans rire, tout augmente. Le consommateur réunionnais a beau décrier la chute de son pouvoir d’achat. De nombreuses familles réunionnaises sont à bout de souffle, séparées du fruit de leur travail, dès le début du mois. La paupérisation des Réunionnais s’annonce-t-elle aussi rapide que cela ? « Léro, sa inn moné po bann rish. Anou, nou suiv pa son kadanss. Kan i ariv le dis dï moi, moin na kaziman pï rien dési mon kont. Là, nana ankor détroi biyé dou faktër i amèn la kaz po di aou pèy sa, pèy ankor sa. Mé kan na pï », confie un consommateur à la sortie d’une célèbre enseigne locale. « Mi konpran pa moin dann léro, poitan nana sink an lé dan nout min, mé mi préfèr le fran. Lé plï fran zisteman. N’i té voi plï klèr. Anplïs, bazar la ogmanté dèk banna la mèt léro. Le shario lé pï ranpli parèy, é ni doi sèr la sintir. Lé mol po marmay. Kan zot i deman amoin in zafèr, mi pé pa doné komsa. Larzan i trouv pa désou galé. Ou va tié out kor po ésèy gingn in salèr, soman i pèy pa selon nout valèr. Moin mi di afors demoun va révolté. I di azot i fo pa volé, mé zot na poin larzan po ashté », déclare un autre. Bientôt, tous les foyers auront leurs potagers. Créer son labitasion est encore possible pour ceux qui ont un petit lopin de terre. Mais la crise du foncier, ou tout simplement la verticalisation des logements, laisse dire que tout cela n’est plus réalisable. Il faut passer à la caisse pour se nourrir. Les prix dans les commerces augmentent, c’est un fait. Se déplacer, et même cuisiner, devient un luxe, surtout quand on augmente si sauvagement les prix des carburants et du gaz, même si cela pourrait s’expliquer par le contexte mondial. Il est vrai que la baisse des réserves pétrolières entraîne une hausse évidente des prix. Mais à quel rythme évoluent ces prix ? Si on ne peut rien contre la hausse des prix, alors il faudrait augmenter les salaires. Tout augmente en effet, sauf les salaires. Et ce ne sont les diverses tensions sociales du moment qui nous feront dire le contraire. Si les prix augmentent, alors que les salaires stagnent, le pouvoir d’achat baisse. C’est d’une logique implacable. Allez le dire à l’Etat, qui ne cherche pas la valorisation du travail des salariés. Il faut « travailler plus pour payer plus », telle est la sainte devise étatique. Alors, il nous reste à faire avec les moyens du bord, nous réhabituer à des tâches oubliées, comme ramasser du bois. Et puis, s’il faut le prendre avec ironie, disons que pour solutionner le lourd problème de l’obésité, il nous faudra marcher. Les carburants seront un jour tellement chers que nous prendrons un malin plaisir à renouer avec la marche. On respirera certainement mieux ...

 Bbj 


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