Accidents du travail

Traitement médiatique et souci de la vie humaine

30 septembre 2006

Il se produit selon l’INSEE de 6.000 à 7.500 accidents du travail chaque année à La Réunion, dont plus ou moins 10% surviennent sur les trajets. D’une part, le sujet ne vient généralement dans les colonnes de la presse que lorsque l’accident est mortel - comme celui survenu jeudi sur le chantier du basculement des eaux, qui a coûté la vie à un conducteur d’engins de 28 ans.
D’autre part, ils sont traités comme "faits-divers" par des médias à ce point sous l’influence des policiers ou des gendarmes qu’ils en ignorent - ou oublient - l’environnement économique, qui est le premier facteur d’accident.
C’est tout juste si on ne nous donne pas la couleur du jogging de deux "témoins" présentés comme capitaux parce que leur présence à proximité du chantier éveille - à juste titre - des soupçons. Mais pas la trace d’un souci portant sur le "Document Unique d’entreprise". Recherche-t-on des témoins ? Pas la moindre mention - et encore moins l’interview - d’un Coordonnateur de Sécurité et Prévention Santé (CSPS), personne physique dont la mission est de coordonner les interventions, en anticipant sur les risques de co-activités, dès lors que deux entreprises interviennent sur un même chantier.
Pas de mention d’un Comité hygiène et sécurité. Pas de représentants du personnel pour parler de l’environnement "Sécurité" des entreprises impliquées dans le GIE Rivière des Pluies, ou des conditions de travail des salariés - contractuels, intérimaires, permanents ? On ne saura pas. Pas la plus petite évocation du Collège interentreprises de Sécurité de Santé et des conditions de travail, obligatoire dès que les effectifs de salariés, le nombre d’entreprises, de travailleurs indépendants et sous-traitants dépassent le seuil légal.
Présenter la perte d’une vie humaine ou un accident du travail, même non mortel, comme un "fait-divers", c’est inculquer à l’opinion un fatalisme décervelé, hors d’âge et déconnecté de la réalité économique et sociale ! C’est l’occasion manquée d’une éducation à la prévention dans le travail, alors même que l’île multiplie les chantiers de taille titanesque, au regard des critères de sécurité.

Le Document Unique est une obligation faite aux entreprises, depuis un décret de novembre 2001, d’évaluer les risques inhérents à leur activité. Selon un audit commandité par le service prévention de la CGSS, 22,6% des 250 entreprises de l’île sélectionnées selon la classification des risques, ont établi ce DU destiné à la médecine du travail, aux contrôleurs de la Sécu et à l’Inspection du Travail. C’est bien que les banques et les laboratoires soient à 100% dans les clous, mais c’est plus souvent dans le Bâtiment, les TP ou la menuiserie que les accidents, mortels ou non, surviennent. Et dans ces secteurs, la situation est loin d’être satisfaisante, en dépit d’efforts réels et... très inégaux. Parmi les raisons qui explique l’absence de ce document, l’enquête mentionne soit un manque d’information, soit un manque d’engagement des chefs d’entreprise, et l’absence de représentants du personnel. Défaut de prévention, d’anticipation, de coordination, de démocratie...? Quelle est la part de fatalité dans tout cela ?

P. David


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus