Appel à la grève du syndicat Interco du Conseil général ce mercredi

Travailleurs sociaux à bout de souffle

15 juin 2004

La patience des travailleurs sociaux est arrivée à sa limite. Après courriers et débrayages pour faire entendre leurs revendications, la grève s’offre comme l’ultime recours. Ils exigent des recrutements pour les postes vacants, la pérennisation des emplois précaires, de meilleures conditions de travail et surtout une politique sociale cohérente de la part du Conseil Départemental.

Depuis le début de l’année, les multiples courriers adressés par les organisations syndicales au Conseil général pour l’interpeller sur les lacunes de sa politique de prévention sociale restent sans réponse. Après deux débrayages en moins d’un mois - l’un au GUT II (Groupement d’unités territoriales) de Saint-Denis, l’autre au GUT de Saint-Benoît, les travailleurs sociaux surchargés de missions et les familles en difficultés dans l’attente de prises en charge sont laissés pour compte.
Ce n’est que vendredi dernier, à la réception du préavis de grève envoyé par le syndicat Interco du Conseil général, que la collectivité a consenti à réagir. Une délégation syndicale a été reçue hier matin. Malheureusement, l’entretien s’est révélé peu constructif et l’annonce de propositions par le Directeur général des Services, Christian Dijoux, n’a pas rassuré les représentants syndicaux, qui restent "sceptiques", comme l’atteste Marlène Rodier, membre de l’UIR-CFDT. (voir encadré)

Prendre ses responsabilités

"Dès samedi, les quelque 130 CEC arrivant en fin de contrat ont reçu un courrier de reconduction pour un an", note toutefois la représentante syndicale. Mais au-delà de ces reconductions de contrats précaires, les revendications portent sur la pérennisation de tous les CEC (contrats emploi consolidés). Avec 2.000 statutaires pour 2.000 précaires, Baptiste Payet parle de "municipalisation des services", alors que "la collectivité a les moyens d’intégrer ces agents".
Et Marlène Rodier d’ajouter : "Certains pourraient être titularisés, d’autres pourraient bénéficier de contrats d’insertion dans des associations travaillant avec le Département et d’autres encore avoir accès à des formations conduisant à une insertion. La CFDT veut que personne ne soit laissé sur le carreau et c’est la moindre des choses pour le Département, qui affiche une grande mission sociale".
Avec un salaire avoisinant les 750 euros pour 130 heures mensuelles d’un travail indispensable, ce sont 382 CEC qui sont actuellement en sursis. Baptiste Payet estime que la "collectivité doit prendre ses responsabilités et se donner les moyens".

"Assez du bricolage"

Difficile avec des contrats de trois ou six mois reconduits d’assurer un suivi de mission efficace. Alors que l’ensemble des sites de La Réunion affichent un manque de travailleurs sociaux, Moïse Mazeau dit : "assez au bricolage".
L’indice de précarité destiné à définir les besoins humains de la profession annonce un effectif supplémentaire de 32 postes alors qu’il en faudrait au moins 120. Il n’est "pas pertinent", tant il ne reflète en rien la réalité du terrain, affirme Marlène Rodier.
Pour Baptiste Payet, "il ne sert qu’à masquer les postes que la collectivité ne veut pas budgéter". L’Interco estime que les effectifs n’ont pas évolué en 20 ans, alors que la population et donc les besoins augmentent. Le Conseil général est accusé de ne pas proposer assez de concours pour les titularisations, de même qu’il ne pallie pas l’insalubrité de certains sites, laissés à l’abandon.
"Qu’il s’agisse du foncier ou du personnel, on est face à une gestion à court terme, sans prévision", avance le syndicat. Moïse Mazeau constate que le GUT du Port qui va être construit est cité depuis 11 ans dans le Schéma départemental immobilier.
Enfin, le syndicat insiste sur les nombreuses interpellations s’agissant des souffrances au travail. "Il n’y a ni médiateur, ni lieu de médiation pour gérer les situations conflictuelles rencontrées dans les services. On est face à un très mauvais management et rien n’est fait pour y remédier", insiste Marlène Rodier, qui souligne que malgré les pétitions du personnel dans certains services, les agents restent livrés à eux-mêmes.
Avec un chef de service pour soixante personnes, le ratio d’encadrement apparaît largement insuffisant et les nombreux arrêts de travail pour maladie longue durée devraient faire réagir les autorités garantes de la cohésion sociale.

Estéfany


"On attend du concret"

Christian Dijoux, directeur général des services du Département, et Hary Payet, directeur de cabinet, qui ont reçu hier la délégation syndicale des travailleurs sociaux, ne sont pas parvenus à la rassurer. Ils ont néanmoins avancé que mercredi, jour de grève, la présidente de la collectivité recevrait une délégation de CEC pour traiter des projets de pérennisation.
L’utilité des emplois en faveur de la collectivité sera d’abord évaluée, de même que les compétences des employés en contrats précaires avant d’envisager toute titularisation. S’agissant des postes vacants au GUT II de Saint-Denis, Christian Dijoux a assuré un appel à candidatures immédiat. Pour la question des postes à créer, il semblerait que Nassimah Dindar fera des propositions concrètes ce mercredi en Commission permanente. "Nous voulons une procédure lisible et transparente (...), on attend du concret", dit Marlène Rodier.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus