20ème anniversaire de l’académie

Trinquer avec ceux qui trinquent socialement

9 décembre 2004

Maloya revendicatif pour dire bon anniversaire à la casse sociale... et éducative : l’intersyndicale de l’Éducation nationale appelle à un rassemblement ce soir à 19 heures devant les jardins du Conseil général.

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Les syndicats de l’Éducation nationale fêteront le vingtième anniversaire de notre académie, mais sans avoir le cœur à sabrer le champagne avec le recteur. La communauté éducative s’inquiète fortement des orientations du gouvernement Raffarin, notamment sur la question du transfert du personnel TOS (techniciens et ouvriers de service).
Hier, l’intersyndicale, constituée de six syndicats, appelait "l’ensemble de tous les personnels à faire une nouvelle fois acte de résistance, en rappelant les revendications de défense du service public, portées dans l’unité lors des grèves de mai-juin 2003".
Jean-Louis Belhôte, du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN-CFDT), souligne la tradition de mobilisation à La Réunion et la capacité exemplaire de se constituer en intersyndicale, "parce que nous partageons un certain nombre de choses qui sont fondamentales".
Les personnels, dans leur ensemble, protestent contre le manque d’effectifs et de moyens pour dispenser un enseignement de qualité, se questionnent sur la pertinence de la loi d’orientation pour l’éducation nationale, s’opposent ouvertement au transfert du personnel TOS. Ils demandent l’arrêt de la précarité, pour de véritables emplois.

Contre la “marchandisation” de l’éducation

À partir du 1er janvier 2005, le transfert des TOS devrait être effectif. Ces derniers manifesteront leur refus. "On nous transfère, mais sans rien", déclare Christian Picard, de la FSU. Le cadre d’emploi n’est pas encore défini. Aucun plan de rattrapage en termes d’effectifs n’a été proposé, et le budget pour ledit transfert n’est toujours pas attribué. Les TOS ont de quoi s’inquiéter.
La Fédération des syndicats unitaires (FSU) "appelle à la résistance. Le combat n’est pas terminé". Pour la FSU, si les missions des agents de l’Éducation nationale restent dans le cadre national, les agents eux-mêmes doivent bénéficier de ce cadre. L’intersyndicale exhorte les présidents des deux collectivités territoriales à ne pas signer le transfert.
Les fonctionnaires souhaitent avoir la garantie de leur appartenance à la communauté éducative. Par ailleurs, leurs missions relevant du service public, ils voudraient que leurs compétences ne soient pas privatisées.
Ils lancent également un appel, aux usagers et parents d’élèves, à venir les soutenir dans leurs revendications. Les élèves, de la maternelle à l’université, devront souffrir de la “marchandisation” de l’éducation, alors que l’on prône l’égalité des chances devant l’accès à l’éducation.
"Nous ne voulons pas que la jeunesse réunionnaise soit sacrifiée sur l’autel du libéralisme. Pour cela, il nous faut combattre toujours et encore pour un service public national d’éducation fort, qui préserve l’égalité devant l’accès à l’éducation", appelle l’intersyndicale.
Devant la politique rétrograde programmée par le gouvernement, et la casse annoncée contre le service public d’éducation, les syndicats annoncent une mobilisation pour ce soir, à 19 heures.

"Porter le flambeau de la résistance syndicale"

Parlant de Christian Merlin, recteur de l’académie de La Réunion, l’intersyndicale note que "c’est un adjoint zélé du ministre de l’Éducation nationale". Avant de faire un pas symbolique, par un courrier soulevant le problème des TOS, Christian Merlin était favorable au transfert des TOS.

Le vice-président du Conseil général se montrait quant à lui désobligeant, en déclarant que les TOS ne travaillaient peut-être pas assez. Ce soir, alors que certains trinqueront en l’honneur des 20 ans d’existence de l’académie de La Réunion, ceux qui trinquent sur le plan social se feront entendre devant les jardins du Conseil général, ancien vice-rectorat, à l’angle des rues de Paris et de la Compagnie.
L’heure de la manifestation est atypique. Au moins, Marco Boyer ne pourra pas dire que c’était pris sur leur temps de travail. "Nous allons porter le flambeau de la résistance syndicale", annonce Didier Debals, du SAIPER-PAS 974.
Ils ne boiront pas le champagne, mais l’ambiance sera au rendez-vous. Maloya revendicatif pour dire bon anniversaire à la casse sociale... et éducative.

Bbj


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