Grève de la faim devant le Conseil Général

Triste exemple de cohésion sociale

15 septembre 2006

Marie-Noëlle Emma est une travailleuse, mère de 9 enfants, dont 4 à charge, ne boit pas, ne fume pas. Pourtant, c’est sans vergogne que sa responsable hiérarchique, la directrice de la crèche où elle occupait un contrat d’avenir, la répudie, sans explication aucune. Une nouvelle affaire de dérives pour les contrats d’avenir.

Un mois d’essai et puis s’en va. C’est malheureusement la formule usitée par la direction de la crèche départementale. Et c’est en pleurs, exaspérée, mortifiée par une décision injuste, que Marie-Noëlle nous raconte son histoire. En août dernier, elle prend ses fonctions de femme d’entretien à la crèche, avec une assiduité exemplaire, une ténacité au travail. Elle le fait pour ses enfants, livrés au chômage, dépendants de son maigre salaire. C’est une mère d’une famille monoparentale. "Amoin mèm papa, amoin mèm momon, mi okip konm mi giny po songn azot", explique-t-elle à la presse. Depuis cinq jours, elle entame une grève de la faim pour dénoncer l’inacceptable. Disposer d’un contrat d’avenir, ce n’est pas la panacée, juste de quoi survivre, surtout lorsque la famille est nombreuse. Alors, être congédiée pour aucune raison valable, il faut que les responsables s’expliquent. C’est même par lettre recommandée qu’elle prend connaissance de ce renvoi. Soutenue par la CGTR, par l’intervention sans faille de Monique Couderc, elle a décidé de ne plus s’alimenter, tant qu’elle ne retrouvera pas un poste similaire. "Moin lé pé fèr ninport koi, nétoy biro, arash zèrb, tout. in ti kontra dé z’an, sa lé bien sa. Mi vé travay moin. Si navé in nafèr té pa bon dan mon travay, té falé dir amoin, pa ranvoy amoin konmsa, san zesplikasion", assure Marie-Noëlle.

À la belle cohésion sociale

Discriminations ! Le terme est posé, mais c’est bien comme cela qu’elle s’explique. Ses cheveux tressés, son style ne paraît pas débonnaire pour son employeur. "C’est la directrice de la crèche qui a pris l’initiative de la congédier. Après plusieurs rencontres, rien n’a été fait. La direction ne semble pas privilégier le dialogue, alors que dès le départ, elle aurait pu trouver un terrain d’entente", déclare Monique Couderc (CGTR). Et de poursuivre "le pire, c’est que certains sont revenus sur les raisons de son renvoi. On a ainsi fait croire qu’elle était alcoolique, qu’elle fumait du zamal. Par attestation médicale, nous avons débouté cette argumentation. D’ailleurs, elle est prête à se soumettre à des prises de sang. En tout cas, le certificat médical prouve que ses accusations sont sordides". En tout cas, cette triste affaire soulève de nouveau les failles du contrat d’avenir. Une question : comment un titulaire de ce contrat peut se défendre face au licenciement abusif ? Un élément de réponse peut-être. Monique Couderc note que ce genre de contrat vise la cohésion sociale. Quelle paix sociale envisage-t-on, lorsque de telles situations arrivent ? Est-ce cela l’encouragement à regagner le marché du travail, à renouer avec le défi de la recherche d’emploi ? Beaucoup se décourageraient. Marie-Noëlle a même tenté de mettre fin à ses jours. Aujourd’hui, elle opte pour une grève de la faim ; les responsables peuvent-ils impunément mettre la vie d’autrui en danger ?

Réponse positive !

À 9 heures, avant que la syndicaliste n’arrive pour soutenir la gréviste, certains responsables du Conseil Général, peut-être par honte de voir une gréviste de la faim devant ses grilles, et de la mauvaise publicité donnée, demandent à Marie-Noëlle de venir discuter. N’est-ce pas un peu trop tard ? Pourquoi ne pas l’avoir fait dès le 5 septembre, lors des premières rencontres ? Pourquoi avoir laissé traîner une telle affaire ? Pour affamer une travailleuse ? La livrer à la dépression ? Ah ! La politique du ventre !
Reçu en court de matinée par Alain Defaud, du cabinet de la présidente Nassimah Dindar, la gréviste a été assurée d’une réponse aujourd’hui. Du côté de la gréviste de la faim, elle prévient "si na poinn réponss pozitiv, mi ar’komans mon grèv la fin".

Willy Técher


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