Les associations, acteurs essentiels du secteur social et médico-social

Trouver des solutions adaptées au contexte réunionnais

16 juin 2009, par Sophie Périabe

Le secteur social et médico-social à la Réunion connaît de multiples enjeux liés à l’évolution de la réglementation, aux mécanismes de financement mais aussi au vieillissement de la population et à la précarité. Face aux enjeux, le CESR, dans son rapport adopté le 18 novembre dernier, tente de proposer des pistes pouvant contribuer au meilleur fonctionnement de ce secteur.

Il ressort des auditions réalisées par le CESR que la prise en charge de l’individu passe obligatoirement par l’instauration d’un dialogue constructif entre les multiples acteurs. Cela doit se traduire par une démarche partenariale, sans cesse renouvelée. Parallèlement, les associations doivent aussi s’adapter aux changements, en s’interrogeant notamment sur leurs pratiques professionnelles. Il est primordial que les acteurs associatifs se professionnalisent. D’autre part, si la comparaison avec la Métropole démontre un réel retard en matière d’équipements pour la prise en charge aussi bien des personnes âgées que des personnes handicapées, l’approche locale doit aussi tenir compte des contextes socio-économique et démographique particuliers de notre île. Il s’agit dès lors de développer un modèle de prise en charge spécifique, qui favorise les solidarités familiales et de proximité.

Des modes d’accueil spécifique et solidaire

Le développement d’une part, d’une politique de maintien à domicile, dont le principal élan est la famille et d’autre part, d’une politique institutionnelle diversifiée concourt à maintenir le lien social fort spécifique à notre île. Une politique de prise en charge diversifiée (du maintien à domicile à l’accueil institutionnel) doit pouvoir offrir des solutions tant graduées en fonction du niveau d’autonomie que maillées entre elles, afin que la personne (âgée ou handicapée) bénéficie d’un accompagnement individualisé et mieux adapté. Il s’agit par exemple de promouvoir l’accueil de type résidences locatives pour les personnes âgées autonomes mais ayant besoin d’un accompagnement médico-social. Des solutions innovantes doivent être recherchées dans l’adaptation de l’habitat. Par exemple, les progrès qui sont faits dans le domaine de la gérontologie, grâce aux nouvelles technologies, vont permettre de maintenir à son domicile une personne sous perfusion ou d’assurer une surveillance et d’intervenir en cas de besoin. L’hébergement en famille d’accueil semble également être adapté au contexte réunionnais. Cependant, l’hébergement en famille d’accueil doit s’intégrer dans la politique globale de prise en charge institutionnelle. Ceci permettrait lors d’épisodes de grandes fatigues ou autres, que les familles qui gardent les personnes âgées et handicapées à domicile puissent "souffler" et avoir recours à des structures d’accueil temporaire. Elles doivent être adossées aux établissements d’accueil permanent.

Pour une professionnalisation du secteur

Le constat d’un appareil de formation insuffisant avait déjà amené le C.E.S.R. en 2004 à proposer le développement d’une offre de formation sanitaire et sociale globale et des actions ciblées pour chaque secteur. En termes d’actions transversales, il s’agit pour le secteur social et médico-social de promouvoir à côté de la formation par voie directe dans les instituts, un second dispositif de formation en situation d’emploi fondé sur l’apprentissage, les contrats de professionnalisation et la mobilité formation. Par ailleurs, un autre volet important, en particulier pour ce secteur qui s’est fortement appuyé sur le bénévolat, est la Validation des Acquis de l’Expérience (V.A.E.). En ce qui concerne les actions ciblées, il y a une nécessité de développer les formations aux métiers de la gérontologie et à une prise en charge des personnes handicapées. Ces préconisations coïncident aujourd’hui avec la future mise en place de plans régionaux pour les métiers au service des personnes handicapées et des personnes dépendantes. Par ailleurs, la définition des formations doit se faire en adéquation avec des besoins exprimés actuellement et en prévision des besoins futurs, d’où la nécessité d’anticiper grâce au Contrat d’Etudes Prospectives (C.E.P.). Au final, il faut aboutir à la mise en place dans chaque commune et dans chaque établissement d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (G.P.E.C.).

Consolider les liens entre les acteurs

Il est important et urgent que les différents acteurs qui interviennent dans le secteur social et médico-social, soit en tant que décideurs, soit en tant que prestataires de service, s’organisent pour mettre en œuvre des activités cohérentes et complémentaires. Une instance de concertation départementale permanente doit être instituée afin que les associations aient la possibilité d’échanger sur les choix politiques. Pour consolider l’acteur associatif, il convient de mutualiser les moyens et les projets. La clarification et la coordination de la diversité des associations doivent permettre de développer une relation de coopération. Cette coopération devra se traduire par un appui des fédérations et des unions, telles que l’URIOPSS (Union Régionale Interfédérale des Œuvres des Organismes Privés Sanitaires et Sociaux). Les relations avec les financeurs doivent également être rénovées. Il appartient aux pouvoirs publics, a fortiori à la collectivité locale, d’accompagner l’association par le biais d’une contractualisation pluriannuelle qui définit la mission, les règles de gestion, les modalités d’évaluation. Elle permettrait de pérenniser leurs financements et de renforcer les contrôles. La généralisation de cette procédure de contractualisation pluriannuelle est une réponse d’une part, au besoin de sécurisation des financements des associations et, d’autre part, d’une politique sociale et médico-sociale cohérente. Face aux enjeux de la prise en charge des populations fragiles, l’affirmation d’une volonté politique forte sur des orientations partagées par tous est primordiale. Le défi à relever est ambitieux : il exige une meilleure concertation, un dialogue constructif renforcé et le respect des engagements par les différents partenaires.

Sophie Périabe

(Avec le rapport du CESR “Les associations, acteurs essentiels du secteur social et médico-social : des contraintes, un défi” adopté lors de son assemblée plénière du 19 novembre 2008)


La création des agences régionales de santé

Une des possibilités émis par le CESR pour un meilleur fonctionnement du secteur est la mise en place des Agences Régionales de Santé (ARS). Le rapport Ritter de janvier 2008 propose une transformation de l’organisation sanitaire et sociale par la création des A.R.S. Ces dernières auraient vocation à organiser l’offre de soins sur le territoire régional et à veiller à l’efficacité et à l’efficience des dépenses d’assurance maladie. Elles seraient chargées aussi bien des établissements sanitaires relevant de la compétence des A.R.H. que des établissements médico-sociaux (structures pour personnes âgées ou personnes handicapées) relevant de la DRASS. Elles auraient pour but de faciliter une meilleure articulation entre le sanitaire et le social.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus