L’impact du CNE sur l’emploi : étude prospective sur 15 ans

’Un accroissement, et non une diminution, du chômage’

3 mars 2006

Dans son édition de mardi dernier, “l’Humanité” rend compte du résultat d’une étude sur le CNE. Résultat : la déréglementation du droit du travail au détriment du travailleur, c’est peut-être 70.000 emplois créés sur 15 ans, mais à quel prix ! On lira ci-après cet article.

"Soixante-dix mille emplois sur dix ans ! Le chiffre a de quoi laisser sceptique. Il est en tout cas loin, très loin, des 303.900 intentions d’embauches annoncées par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale pour les six derniers mois, chiffre maintes fois mis en avant par le Gouvernement. Depuis la création en août dernier du contrat nouvelles embauches, conçu pour les entreprises de moins de 20 salariés, la polémique va bon train sur le nombre d’emplois que cette mesure permet de créer. Alors que les statistiques du chômage de janvier sont annoncées ce matin, une étude prospective réalisée par deux économistes de l’université de Paris-I Sorbonne vient jeter un pavé dans la mare. Pierre Cahuc, déjà auteur d’un rapport commandé par le gouvernement sur les moyens de “fluidifier” le marché du travail, et Stéphane Carcillo, tous deux fervent défenseurs d’une réforme qui "modifie en profondeur le contrat de travail" et militants de la création d’un "contrat unique", démontrent à partir d’une simulation que l’impact du CNE sur le chômage ne serait que de 0,5 % en quinze ans ; tout en "augmentant fortement l’instabilité de l’emploi".

"Destruction d’emplois facilités"

Les chercheurs confirment bien que la grande nouveauté du CNE est d’avoir suspendu "l’ensemble des articles du Code du travail qui réglementent le licenciement pendant les deux premières années du contrat de travail". Le contrat premières embauches, spécifiquement réservé au moins de 26 ans, est similaire de ce point de vue. "L’effet couperet", induit par les deux années à l’essai, empêche de produire un effet emploi à long terme, au-delà de deux ans. Car, même en partant du principe que la "flexibilité quasi complète de licenciement" du CNE libère l’embauche, les destructions d’emplois sont tout autant facilitées. De ce fait, "il est possible que l’introduction du CNE se traduise à terme par un accroissement, et non une diminution, du chômage", estiment les économistes.

"D’importants effets de substitution"

Se livrant à une analyse pesant et comparant le CNE au CDD, l’étude conclut que les nouveaux contrats (CNE, CPE) sont plus avantageux pour les entreprises et qu’ils devraient donner lieu à " d’importants effets de substitution ". Au point que ce modèle deviendrait peu à peu la norme, même si du fait des besoins d’ajustement de main-d’œuvre ou de remplacement temporaire de salariés absents, "une substitution complète s’avère improbable".

Paule Masson


Inefficace contre le chômage selon un sondage

Deux personnes sur trois contre le CPE

Près des deux tiers des Français estiment que le Contrat première embauche (CPE) ne permettra pas de réduire le chômage des jeunes. C’est le résultat d’un sondage CSA publié hier dans "L’Humanité".
Au total, 64% des personnes interrogées se disent mécontentes de l’action du gouvernement en matière économique et sociale, alors qu’elle sont 33% à s’en dire satisfaites. Trois pour cent ne se prononcent pas.
Soixante-sept pour cent des sondés considèrent que l’extension du CPE à tous les salariés serait "une mauvaise chose", tandis que 26% sont pour. Ils sont 66% à juger qu’il risque d’accroître la précarité du travail en France et 63% à estimer qu’il ne permettra pas de réduire le chômage des jeunes.
Ce sondage a été réalisé par téléphone les 22 et 23 février auprès d’un échantillon national représentatif de 910 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.


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