“Sécurité, droit et action humanitaire”

Un colloque de qualité organisé par la Faculté de La Réunion

16 avril 2007

Le colloque “Sécurité, droit et action humanitaire” s’est déroulé sur une journée et demie à Saint-Denis. La première matinée a eu lieu au Conseil régional avant que le reste des débats ne se passe à la Faculté de droit.
Du fait de la multiplicité des interventions, un éclairage particulier a été apporté sur l’intervention de Sylvie Fouet de l’UNICEF, (Genève). En effet, l’intervention du général Clément-Bollée des Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI) était trop liée par son devoir de réserve. Quant à celle de Christophe Courtin, Directeur de projets au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), elle était assez philosophique. L’avantage de Sylvie Fouet a résidé dans sa vision pratique mais aussi politique de son analyse. Celle-ci est intervenue sur les enfants face à la guerre. A cet égard, elle a rappelé les Principes du Cap qui, en 1997, ont posé les bases de la politique vis-à-vis des enfants-soldats. Elle a indiqué les 3 grands axes qui ont animé ce texte : la prévention, la démobilisation des enfants mais aussi leur réinsertion. Elle a alors rappelé que 300.000 enfants peuvent être qualifiés de soldats dans près de 30 conflits (même si ceux-ci ne portent pas des armes, mais sont messagers ou cuisiniers). Dix ans plus tard, soit il y a 2 mois, une nouvelle conférence sur ce thème a eu lieu à Paris dont “Témoignages” s’était fait l’écho. Elle a poussé 50 pays à devenir signataires des Engagements de Paris. Contrairement à 1997 où seuls les enfants d’Afrique étaient concernés, désormais, avec ce nouveau texte, ceux du monde entier sont considérés. Enfin, en 2007, la définition des enfants-soldats a été élargie.
Les Etats signataires ont été d’accord sur l’application de 20 engagements incluant notamment la libération sans conditions des enfants recrutés illégalement, la lutte contre l’impunité, une réponse plus spécifique aux besoins de protection des filles-mères et leurs enfants. En effet, souvent, les jeunes filles et les enfants sont exclus des programmes de démobilisation car ils ne sont pas considérés comme des menaces. Enfin, Sylvie Fouet a conclu notamment en liant l’urgence et la réhabilitation au développement. Sans une meilleure coordination entre ces différentes approches, le travail accompli sera nettement moins pertinent.
Pas une seule des autres interventions n’a été décevante. En outre, quelques-unes étaient en anglais comme celle de Letetia Van Dr Pole sur la violence faite aux femmes pendant les conflits (voir photo). Cela a permis aux étudiants du Master en droit mention relations internationales de bénéficier d’une petite préparation à leurs futures conditions de travail.

Un public clairsemé si ce n’est réduit à peau de chagrin

Votre reporter a fauté en prenant en photo les intervenants du vendredi après-midi. En effet, il aurait dû se concentrer aussi sur le public qui peuplait la salle où ces derniers évoquaient de grandes idées. Sur la scène, on pouvait trouver deux personnes d’Afrique du Sud, une de Paris, une de New York et une de La Réunion. En face, une vingtaine puis, pour la deuxième partie de séance, une dizaine de personnes tout au plus. Le matin, le public était plus “dense” même si cet adjectif est immédiatement invalidé par la réalité. Pour preuve, une trentaine de personnes seulement écoutait des intervenants venus aussi bien de Genève, de Paris que de La Réunion. Faire déplacer toutes ces sommités coûte cher. Il s’agit d’argent public puisque c’est le service des relations internationales qui en est responsable. Il est donc vraiment dommage de ne pas avoir plus communiqué pour attirer un nombre d’acteurs plus important sur des problématiques sur lesquelles La Réunion pourrait jouer un rôle évident.
C’est d’autant plus regrettable que déjà, sur un autre colloque intitulé “Equilibres environnementaux”, la Faculté de La Réunion avait déjà invité quelques personnalités de nombreux endroits du monde sans communiquer autour de cet événement. Par conséquent, il n’y avait personne ou presque. Sur ces deux colloques, les sommes représentent plusieurs milliers d’euros. Autant les donner aux acteurs humanitaires !

Matthieu Damian


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