Nouveau coup d’envoi pour les Contrats d’avenir

Un dispositif essoufflé en début de course

9 juin 2005

Avec la loi de décentralisation, le Département se retrouve à devoir expliquer des promesses gouvernementales qu’il n’a pas les moyens de respecter. Comment se dédouaner d’un échec prévisible ? En mettant la faute sur Pierre ou Paul, bien évidemment. Le Département estime avoir tout fait pour lancer le Contrat d’avenir et somme la Région de se positionner pour que ce dispositif devienne un projet partagé.

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Entre l’annonce et la mise en œuvre du Contrat d’avenir, le Département aurait frôlé l’excès de vitesse. Son vice-président, Ibrahim Dindar, se félicitait hier, face à la presse, du zèle de sa collectivité sur ce dossier : "Entre l’annonce politique fin 2004 et l’effectivité de la mise en œuvre, il ne se sera écoulé que six mois. Nous sommes dans un déroulement rapide".

Fonte des CA pour 2005

Aujourd’hui pourtant, la mise en œuvre du dispositif phare du plan Borloo, censé permettre le retour à l’emploi de milliers de Réunionnais, n’est toujours pas effective : 60 premiers Contrats d’avenir seraient signés à la fin du mois. Le Département s’avouera satisfait s’il parvient déjà à en appliquer entre 2.500 et 3.000 pour 2005, soit le quart de l’objectif initial annoncé pour cette année (se référer à la convention cadre du 27 mai qui maintient 10.000 CA pour 2005).
"On fera ce qu’on peut", module Ibrahim Dindar. 45.000 CA sur 3 ans ? 75.000 sur 5 ans ? ...

Encore un problème

Ça y est, les Contrats d’avenir sont lancés, mais reste "un problème avant le véritable lancement de la dynamique : le financement du coût résiduel à la charge de l’employeur". Ibrahim Dindar se fait fort de démontrer qu’en comparaison, "le coût résiduel du Contrat d’avenir est inférieur à ceux des dispositifs CES et CEC" ou présente "un écart pas si coûteux". Il ne désespère pas de convaincre les employeurs, associations et collectivités, des avantages de ce nouveau produit gouvernemental. Selon lui, le CA ne grèvera pas le budget des communes. Quant aux associations, la part résiduelle pourrait être assumée à 100% par le Département à condition de proposer des actions relevant de ses missions. "Nous nous tournerons vers les associations qui démontrent leur capacité à proposer un minimum d’encadrement et un minimum de projet professionnel", prévient Ibrahim Dindar.

La Région sollicitée

Pour le reste du tissu associatif, l’idée du Département est, en s’inspirant du dispositif Emplois-Jeunes, de parvenir à un accord sur la prise en charge du résiduel : un tiers Mairie, un tiers Département et un tiers Région. Ibrahim Dindar formule cela de manière naturelle, faisant mine d’oublier que le Contrat d’avenir annoncé par Borloo est l’objet d’un partenariat État et Département. En aucun cas la Région n’est directement concernée par les Contrats d’avenir dans le texte de la loi, en France comme à La Réunion. Ibrahim Dindar lance cet appel et demande que chacun sorte du jeu de la politique politicienne. Il ne cessera pourtant, tout au long de la conférence, "d’ouvrir et de refermer des parenthèses" en apostrophant le président de la Région. Est-ce la meilleure méthode pour instaurer un partenariat ?
Quand le Département affirme qu’une première rencontre avec la Région "a permis de conclure à la nécessité de travailler ensemble sur les modalités de financement de la formation et du résiduel des salaires non pris en charge par l’État", il tire des conclusions décalées, car si la Région est prête à assurer la logistique de la formation professionnelle, rien n’est dit sur la participation au financement. Comment le Conseil régional se prononcerait-il sur le financement des formations alors que Bruno Mamindy-Pajany, vice-président du Conseil général, dit encore que tout un travail reste à faire en amont concernant les recrutements (Qui ? Combien ? Pour quelles formations ?...) Les conseillers généraux ne savent-ils pas que les crédits d’insertion destinés à la formation des érémistes, public prioritaire, sont gérés par le Département et l’Agence départementale d’insertion ?

Le CA meilleur que les autres

Pour sa part, le Département se fait aussi employeur et envisage de prendre entre 200 et 600 Contrats d’avenir. Pour lui, dans les mois à venir, avec la baisse des CEC et des CES, le contexte sera favorable au développement des Contrats d’avenir. D’autant qu’il ne forge pas beaucoup d’espoir sur les Contrats d’accompagnement à l’emploi (CAE).
Là encore, on peut s’interroger sur cette volonté de privilégier les Contrats d’avenir par rapport aux Contrats d’accompagnement qui sont pourtant moins coûteux pour les collectivités et les financeurs, et plus adaptés aux secteurs non marchand. Pourquoi s’orienter dès le départ vers la solution la plus coûteuse et faire tout le forcing sur les Contrats d’avenir ? Peut-être tout simplement parce qu’ils sont moins coûteux pour l’État. Question de logique budgétaire.

Eiffel & Estéfany


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