L’économie sociale et solidaire

Un emploi sur dix à La Réunion

28 novembre 2008, par Edith Poulbassia

Nouvelle étude de l’INSEE sur le poids de l’économie sociale et solidaire. 20.000 emplois, soit 10% de l’ensemble des salariés travaillent dans des associations, mutuelles, fondations, coopératives. Un secteur à développer et à consolider.

De gauche à droite : Jean-François Dutertre, directeur de la DTEFP, Théodore Hoarau, président de CRES, et Pascal Chevalier, directeur de l’INSEE Réunion.
(photo EP)

Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ? Pour Théodore Hoarau, président de CRES, « l’économie sociale est un monde représenté par les associations, les mutuelles, les coopératives, les fondations. Ce sont des entreprises qui ont en commun un projet social ». Certes le poids du social varie, il est prédominant dans les associations, mais le point commun reste le non-profit personnel.
L’emploi est ce qui prime dans ce genre d’économie, et pour Théodore Hoarau, dans ce contexte de crise, « l’économie sociale est plus à l’abri que d’autres types d’entreprises, car elle est portée par un projet qui colle au territoire, par une action de proximité qui ne peut être délocalisée. Dans une situation de crise, nous avons même besoin davantage de solidarité, de lien social, notamment dans le monde associatif ».
Après une première publication en 2007, l’INSEE, en partenariat avec le CRES et la Direction du Travail (DTEFP), a consacré une nouvelle étude au poids de l’économie sociale.
Que dire des emplois de ce secteur ? L’économie sociale et solidaire est souvent prônée par les associations comme une voie à ne pas négliger dans un contexte de chômage. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2006, 10% de l’emploi total à La Réunion est issu de l’économie sociale et solidaire, soit 20.000 salariés avec 1.737 établissements employeurs. « 83% des effectifs salariés sont dans les associations (action sociale, éducation, santé, sport), le reste des salariés se trouve dans les coopératives de crédits (banque), mutuelles (de prévoyance) et fondations », précise Pascal Chevalier, directeur de l’INSEE Réunion.
Près de 2.200 emplois ont été créés entre 2004 et 2006, suite à l’épidémie de chikungunya pour démoustiquer et informer la population. Ces emplois ont-ils été maintenus ? Difficile d’y répondre, il faudra attendre la prochaine étude de l’INSEE pour être fixé.

Les femmes sur-représentées

Particularité de cette économie, les femmes y sont sur-représentées. Elles occupent 53% des emplois. « Elles représentent plus des deux tiers des postes dans les fondations et les mutuelles. Si les hommes sont plus représentés dans les coopératives en général, les femmes restent plus nombreuses (56%) dans les coopératives de crédits ». Sans surprise, elles sont majoritaires dans les associations liées à la santé et le domaine social (plus de 60%) : aide à domicile, crèches, garderies. Idem pour le domaine éducatif. Dans l’économie de l’île en général, les femmes ne représentent que 41% des emplois.
Revers de la médaille, le salaire horaire net moyen est un peu plus faible que dans l’ensemble de l’économie : 10,86 euros contre 10,99 euros. Et dans le domaine de la santé où on compte le plus d’employées, le salaire horaire atteint 7,86 euros, à l’exception des cadres, assez rares. L’économie sociale et solidaire n’échappe donc pas à l’inégalité homme-femme, question salariale que le directeur de la DTEFP, Jean-François Dutertre, s’engage à examiner.
Sur la répartition de ces emplois dans l’île, l’INSEE remarque que « le Nord regroupe 31% des établissements employeurs de l’économie sociale, mais 42% de ses effectifs avec 8.500 salariés ». Le poids de l’économie sociale est faible dans l’Ouest avec 7% des salariés, et 11% dans l’Est. Parents pauvres de cette économie, les communes de Saint-Philippe et Trois-Bassins, contrairement à la Plaine-des-Palmistes et l’Entre-Deux.
Des questions restent en suspend cependant. Celle de la pérennité des emplois, surtout dans le domaine associatif, de l’évolution des associations vers la création d’entreprises, dans des secteurs porteurs comme les services à la personne. Le CRES et la DTEFP y travailleront l’année prochaine.

EP

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