Nouvelles manifestations contre la casse sociale en Allemagne

Un gouvernement dirigé par un “grand parti européen” de gauche...

25 août 2004

Alors qu’en France, le gouvernement Raffarin dirigé par les libéraux de l’UMP a fait de la casse sociale sa politique, en Allemagne, les plus démunis subissent les mêmes attaques. Mais le plus inquiétant est qu’elles sont portées par un gouvernement dirigé par un “grand parti” de gauche. Pour les Allemands, il est maintenant difficile de croire que les socialistes sont une alternative crédible aux libéraux. Cette situation n’est pas isolée, c’est la même chose en Grande-Bretagne, avec un point commun révélateur : les inégalités grandissent.

Petite anecdote qui montre comment le gouvernement dirigé par les socialistes allemand est considéré par ceux qui ont cru en lui. Hier matin, Gerhard Schroeder était en déplacement dans l’ancienne RDA : il devait inaugurer la nouvelle gare de Wittenberge. À l’heure du rendez-vous, malgré un important dispositif policier, plusieurs centaines de manifestants lui ont lancé des œufs.
Motif : la colère contre “Hartz IV”, projet de réforme du marché de l’emploi, une casse sociale élaborée par le chef du personnel de Volkswagen, soutenue par un gouvernement dirigé par un “grand parti” de gauche : les socialistes allemands.
Les trois premiers volets de la réforme déjà en application ont servi à restructurer l’Office fédéral pour l’emploi (équivalent de l’ANPE) en lui confiant outre les caisses d’assurance chômage la gestion de nouveaux "jobs center" fonctionnant en partie comme des sortes d’agences intérimaires, accordant des subventions aux entreprises qui emploient "leurs salariés" peu qualifiés.
Cela n’a pas manqué aussi d’avoir des effets très pervers, soulignent les syndicalistes, car les patrons peuvent ainsi prendre prétexte de la facilité qu’ils ont désormais à se procurer de la main-d’œuvre meilleur marché pour exercer plus facilement un chantage à l’emploi sur leurs salariés.
Depuis déjà quatre semaines, les travailleurs se mobilisent contre ce projet, digne d’un gouvernement ultra-libéral. Les manifestations se déroulent tous les lundis, en particulier dans l’Est du pays, violemment touché par le chômage.
Des dizaines de milliers de personnes étaient mobilisées dans ce que l’on appelle là-bas “manifestations du lundi”. Au moins 70.000 personnes étaient dans les rues contre la casse sociale orchestrée par le gouvernement allemand, dirigé par un “grand parti” de gauche.
Les rassemblements étaient surtout concentrés dans l’Est du pays où le chômage est élevé (taux de 20%).
Fer de lance des manifestations, Leipzig était inondée de protestataires, 30.000 selon les organisateurs. C’est dans cette ville qu’avaient été inaugurées à l’automne 1989 les “manifestations du lundi” pour demander l’évolution du régime politique de la RDA.
Derrière Leipzig, Berlin comptait quelque 15.000 manifestants. Divisés en deux blocs, les uns sont partis de la mairie de la capitale vers le quartier général des Verts - au pouvoir fédéral avec le parti socialiste allemand (SPD) - tandis que les autres se dirigeaient vers le siège du SPD.
Au SPD et chez les Verts, fustigés jusque dans leur propres rangs pour des réformes jugées fatales pour les plus défavorisés, les présidents Franz Muentefering et Reinhard Buetikofer ont signalé leur disposition au dialogue. Ce qui n’est pas le cas du gouvernement qu’ils dirigent.
Toujours dans l’Est de l’Allemagne, environ 8.000 manifestants s’étaient rassemblés à Magdebourg, 5.000 à Halle, 4.000 à Chemnitz, 3.000 à Gera, 2.500 à Zwickau, 1.200 à Schwerin.
Les mesures du gouvernement allemand ne font pas l’unanimité au sein même des partis de la coalition SPD-Verts, mais pour le moment, et elles suscitent la révolte des personnes concernées. Mais Berlin refuse d’écouter, c’est la même attitude employée par le gouvernement Raffarin, et pourtant ce n’est pas une formation ultra-libérale qui dirige l’Allemagne, mais un “grand parti” de gauche...

(Source : "L’Humanité")


Projet des socialistes allemands : les chômeurs priés de vendre leurs biens

Raffarin et un “grand parti” de gauche : même attaques contre les chômeurs

“Hartz IV” est le dernier volet d’un plan de réduction des dépenses des caisses des offices pour l’emploi. Il doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain. Il comporte des ressemblances avec les mesures inspirées par le MEDEF en France et prises sous le gouvernement Raffarin.
Le projet des sociaux-démocrates allemands au pouvoir impose une réduction de la durée de l’indemnisation des chômeurs de longue durée qui, après un an d’inactivité, devraient directement désormais passer sous le régime de l’aide sociale ; ce qui signifie une perte substantielle de revenus. Comme en France, les droits des chômeurs sont diminués.
Il leur impose, sous peine d’être rayés des listes, d’accepter n’importe quelle offre d’emploi, y compris la plus sous-payée, n’importe où sur le territoire, et cela, quelle que soit leur qualification d’origine.
Enfin, un formulaire de 16 pages qui vient d’arriver dans les familles de chômeurs a carrément mis le feu aux poudres. Les allocataires sont sommés de révéler s’ils possèdent une maison ou un patrimoine immobilier quelconque, le montant de leur épargne (assurance vie ou autre livret) et de celle de leurs enfants.
Sachant que, s’ils sont propriétaires, les nouveaux textes - arguant qu’ils doivent préalablement vendre leurs biens pour subvenir à leurs besoins - les privent automatiquement de toute aide. Même chose s’ils disposent, eux ou leurs enfants, d’une quantité d’épargne jugée suffisante, au-delà d’un certain seuil. Il était seulement de 750 euros pour les "économies" des enfants de chômeurs avant que Gerhard Schroeder, pour tenter de réduire le tollé suscité par la réforme, n’annonce publiquement qu’il serait porté à 4.100 euros.


En Allemagne, les inégalités grandissent, les chômeurs paient

D’après les études de l’Institut fédéral de la statistique, non seulement le nombre de pauvres augmente très sensiblement dans le pays, mais l’écart entre le quart le plus riche de la population et le quart le plus pauvre, qui était de un à huit en 1993, est aujourd’hui de un à vingt. Et pendant ce temps, un “grand parti” de gauche au pouvoir demande aux chômeurs de vendre leurs biens et de sacrifier leur épargne pour rééquilibrer les dépenses sociales.


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