Combien de générations seront-elles encore gaspillées par le système en place à La Réunion ?

Un jeune sur deux dans la pauvreté : l’urgence de la responsabilité des Réunionnais

13 octobre 2021, par Manuel Marchal

L’année dernière, la Chine a réussi à relever le défi de l’éradication de la grande pauvreté avec 10 ans d’avance sur l’échéance fixée par l’ONU. Cela découle du travail mené par un Parti communiste à la direction d’un pays. La Réunion en est bien loin, avec un taux de pauvreté proche de 40 % avant la crise COVID. Une jeune sur deux vit dans une famille pauvre, et 38 % des enfants réunionnais ont tous leurs parents au chômage. Combien de générations seront-elles encore gaspillées par le système en place à La Réunion ? Cela rappelle l’importance pour les Réunionnais de gérer eux-mêmes cette question, compte tenu de l’incapacité de Paris d’être à la hauteur de cette cause.

Le chômage de longue durée est souvent ce qui attend les jeunes qui sortent de l’école.

Depuis 1946, La Réunion est un département français. C’est le résultat d’une revendication du mouvement social réunionnais avant-guerre. La revendication réunionnaise portait sur l’accession à la citoyenneté. L’objectif du mouvement social était de faire des Réunionnais des citoyens français, afin qu’ils puissent bénéficier automatiquement de l’application de lois sociales existantes en France, et qui devaient vaincre la misère à La Réunion.
La loi du 19 mars 1946 rendait possible cela à partir du 1er janvier 1947. L’espoir fut rapidement trahi par les gouvernements parisiens qui bloquèrent l’application de la loi d’égalité. Un système appelé départementalisation remplaça le régime colonial. Prenant acte de l’impossibilité d’appliquer la loi du 19 mars 1946, les communistes décidèrent de lutter pour l’autonomie de La Réunion. Ils militèrent pour que les Réunionnais prennent leur responsabilité, avec ’une assemblée chargée des affaires concernant le pays. Ce fut en 1959 la création de l’instrument chargé d’atteindre cet objectif : le Parti communiste réunionnais.
Les luttes des communistes et de leurs alliés progressistes obligèrent Paris à appliquer progressivement l’égalité sociale prévue pourtant dès le 1er janvier 1947. Il fallut notamment attendre 1995 pour que le SMIC soit le même qu’en France, et 2001 pour l’égalité du RMI créé 13 ans plus tôt. Ceci soulignait que le développement de La Réunion n’était pas une priorité pour Paris. Même si l’espérance de vie et le niveau de formation ont connu un bond spectaculaire, le non-développement de La Réunion a maintenu une grande partie de la population dans la misère. Ceci découle l’impossibilité des gouvernements parisiens de prendre les mesures nécessaires pour combattre le chômage de masse qui touche notre île depuis un demi-siècle.

Les jeunes grandes victimes de la pauvreté

Or la lutte contre la pauvreté est une cause internationale, que l’ONU a placé comme sa première priorité. Elle est en effet le premier des Objectifs de développement durable. En tant que membre de l’ONU, la France doit respecter ces ODD, elle doit donc mettre en œuvre les mesures nécessaires pour diviser par deux le taux de pauvreté à La Réunion d’ici 2030.
Une étude de l’INSEE parue vendredi dernier fait le point sur cette question. Elle se base sur des données datant d’avant l’épidémie de COVID-19, donc sur une situation sociale qui était plus favorable. Elle note qu’en 2018, 39 % des Réunionnais vivaient sous le seuil de pauvreté, soit une baisse de 7 points en 11 ans. Mais la pauvreté « continue à être particulièrement fréquente chez les enfants : 48 % d’entre eux vivent dans un ménage pauvre, contre 55 % en 2007. La plupart d’entre eux vivent dans des familles au sein desquelles aucun adulte ne travaille, une situation qui multiplie par quatre le risque de pauvreté : c’est le cas de 38 % des enfants réunionnais en 2017, comme en 2012. »
Autre fait relevé concernant les jeunes : « le taux d’emploi des 15-24 ans reste faible, l’allongement de leurs études n’expliquant pas cette stagnation. En effet, entre 18 et 25 ans, quatre jeunes sur dix ne sont ni en emploi ni en études, tout comme il y a dix ans. »

Encore loin de l’objectif promis pour 2030

Quant à la baisse du taux de pauvreté, elle est attribuée par l’INSEE à « à la hausse de l’activité économique et de l’emploi » qui « provient du redémarrage de l’emploi dès 2010, grâce notamment au déploiement des contrats aidés. Y ont aussi contribué le dynamisme des prestations sociales (revalorisation du RSA, mise en place de la prime d’activité, etc.) ainsi que la multiplication des pensions de retraite liée au vieillissement de la population et à des durées de cotisations plus longues, permettant d’atténuer les effets de la récession économique ».
« Le taux de pauvreté est encore très éloigné de la cible de 20 % en deçà de laquelle il faudrait passer en 2030, en cohérence avec l’objectif inscrit au niveau international dans l’Agenda 2030 de réduire de moitié le taux de pauvreté », précise l’INSEE.
En effet, faute de profondes réformes de la société réunionnaise, la politique mise en œuvre par Paris et appliquée à La Réunion risque d’accentuer la pauvreté. Le gouvernement veut en effet diminuer les pensions de retraite, ainsi que la contribution de l’État à la lutte contre le chômage via les emplois aidés.
Pendant ce temps en Chine, le Parti communiste au pouvoir a réussi à éradiquer la pauvreté l’an dernier, 10 ans avant le terme des Objectifs de développement durable. Ceci rappelle qu’il est possible de gagner cette bataille, à condition d’en faire une priorité.

M.M.

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