C’est en présence de la Vice-présidente de la Région, Catherine Gaud, du Secrétaire général de la Préfecture, Franck-Olivier Lachaud et du Directeur de la MDPH, Raphaël Bianco, que Dominique Duclos, Présidente du Comité des jeunes de l’association Trisomie Réunion, a coupé le ruban tricolore qui inaugure et augure une nouvelle étape dans la vie des personnes handicapées à La Réunion.

« C’est ma deuxième maison »

C’est avec un sourire radieux - qui ferait presque oublier les retards techniques et financiers du projet - que Dominique recevra un morceau du ruban de la Présidente du Département, Nassimah Dindar. Elle lui répondra avec enthousiasme : « C’est ma deuxième maison. Merci Nassimah ». « Avant, j’allais au Collectif AVEC, nous confiera par la suite Dominique. C’est une bonne chose que cette maison soit là. Maintenant, je viendrai ici, c’est plus grand, on pourra faire des réunions ». Ce lieu ouvert se veut une vraie maison autant pour les personnes handicapées que pour leur famille. « C’est vraiment la maison de toutes les personnes porteuses de handicap et de celles qui se sentent concernées par la problématique », déclarera, pour sa part, la Présidente du Département. Même si, elle le concède, la réactivité n’a pas suivi la promulgation de la loi. L’essentiel pour tous, représentants associatifs et porteurs de handicap, est que cette nouvelle étape soit enfin franchie. Il reste encore un important travail à fournir pour parvenir à combler le retard en termes de structures d’accueil, de places disponibles en milieux ouverts pour les personnes handicapées à La Réunion.
Conscient de ces lacunes, impossibles à passer sous silence en de telles circonstances, Franck-Olivier Lachaud a assuré que l’effort de l’Etat se poursuivrait en 2007 et 2008 pour « continuer le rattrapage de l’écart de places entre La Réunion et la Métropole ».

Construction de projets individuels

Désormais, enfant ou adulte atteint de handicaps physique, sensoriel, mental, cognitif, psychique ou de troubles de santé invalidants aurait un lieu de référence vers lequel se tourner pour toutes leurs démarches. Une équipe pluridisciplinaire, composée d’administratifs, mais aussi d’ergothérapeutes, de psychologues, d’infirmiers, d’assistantes sociales et de généralistes, sera là pour évaluer les besoins de la personne sur la base de son projet de vie et pourra lui proposer un plan personnalisé de compensation du handicap.
La MDPH aura aussi pour mission l’organisation de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées, le suivi de la mise en œuvre de ces décisions, ainsi que la gestion du Fonds départemental de compensation du handicap. Toutes les demandes de droits ou de prestations y seront également centralisées. Directeur de la MDPH depuis le 22 janvier 2007, Raphaël Bianco, 20 ans à la Direction de l’association Levavasseur, assure que la construction des projets individuels reste une mission majeure de la MDPH (voir encadré) .
Carrefour d’informations, pôle infirmier, centre d’accompagnement à l’insertion professionnelle, référent pour les associations, outil d’expertise et de suivi... cette maison offre l’espoir de fédérer les énergies en faveur d’une véritable intégration des personnes handicapées dans notre société. Il faut lui laisser dès lors le temps de se mettre en route, mais ce n’est pas le travail qui lui fera défaut.

Stéphanie Longeras

Le service d’accueil de la MDPH est composé d’au moins 5 personnes qui font à la fois de l’accueil physique et téléphonique. Un numéro vert est à la disposition du public : 0-800-000-262.

Réactions

• Françoise Michèle, seule permanente de l’association AVEC, mère de 2 enfants handicapés moteurs

« Un outil pour appliquer l’esprit de la loi »

« L’année dernière, nous avions de grosses inquiétudes quant au retard pris dans la mise en place de la Maison du handicap. Maintenant qu’un directeur est en place, nous comptons, associations et familles, nous positionner en tant que partenaires. La loi, d’ailleurs, nous oblige en tant qu’association à siéger dans les commissions. On espère que la Maison du handicap va faciliter les démarches des familles, va permettre une meilleure organisation des dossiers. C’est un outil pour appliquer l’esprit de la loi. Si la MDPH fonctionne bien, tout ce qui est autour pourra se mettre en place, comme l’intégration scolaire par exemple, car les maîtres référents n’en peuvent plus, ou encore la nouvelle prestation de compensation qui doit offrir une réponse aux personnes handicapées à domicile ».

• Jimmy Sinapin, responsable de l’association Liaison

« Ce guichet unique est positif »

« On attend depuis février 2005. Cet endroit va concentrer tous les services à destination des personnes handicapées, doit assurer une meilleure gestion des dossiers, proposer des interlocuteurs référencés à chaque demande. Bien sûr, ce guichet unique est positif ».

• Fabrice Soupayenmestry, Directeur du GHP

« Un relais auprès du législateur »

« La MDPH est une excellente chose. Regardez comme le parking est accessible, on pourra sans difficulté entrer nos véhicules. En un même lieu, on pourra désormais traiter toutes les demandes de la COTOREP et de la CDES. C’est un facilitateur. On pourra aussi certainement mieux répertorier les problèmes et difficultés rencontrés par les personnes handicapées pour être un relais auprès du législateur ».

• Noël Thomas, membre du bureau du Comité régional Handisport et Président de l’association Saint-Paul Handisport

« Des ralé-poussé sont à prévoir »

« Cela fait 1 an que l’on attend. Il faut laisser le temps de la mise en place et on va voir au fonctionnement. Forcément, il y a des attentes différentes, donc des ralé-poussé sont à prévoir, en espérant que le volet handisport ne soit pas mis de côté. Le sport est souvent le parent pauvre. On s’occupe beaucoup du social, mais on oublie que le sport, c’est la santé ».

Propos recueillis par SL

« Nous n’avons pas le pouvoir de décider, mais de proposer »

Questions à Raphaël Bianco, Directeur de la MDPH.

Qu’est-ce qui vous a incité à quitter la Direction de Levavasseur pour occuper celle de la MDPH ?

- 20 ans à la Direction de l’association Levavasseur, cela représente aujourd’hui 12 établissements médico-sociaux avec 650 patients et 400 emplois créés. En fait, j’aime les défis, les constructions. Cette MDPH est un peu l’aboutissement de 25 années à La Réunion pour faire évoluer le fonctionnement et le regard porté sur le problème du handicap. C’est un défi aussi parce si la maison est sur pied, il reste encore à construire, à bâtir ses missions.

Vous allez avoir à vous adapter à de nouvelles responsabilités, car le handicap ne concerne pas que le médico-social. Comment appréhendez-vous ce virage ?

- Effectivement, à présent, je vais devoir aller au-delà du regard d’accueillant pour m’impliquer dans les circuits d’orientation. C’est un travail en amont qui va me placer au plus proche des personnes pour les aider à construire leur projet de vie. C’est très important, c’est ce qui m’intéresse.

Est-ce que cette maison va enfin permettre un recensement des manques et besoins en matière de prise en charge et d’autonomisation des personnes handicapées, avec la possibilité d’un relais auprès du gouvernement ?

- L’intérêt est aussi de faire de la MDPH un outil de reconnaissance des besoins et des problèmes, comme des regards photo sur la situation du handicap dans le département et d’apporter des propositions de réponses. Nous n’avons pas le pouvoir de décider, mais de proposer. Nous avons un rôle fédérateur et aussi celui de faire remonter les besoins.

En 20 ans à Levavasseur, vous dites avoir créé 400 emplois, alors combien à la MDPH ?

- (Rire) Je n’ai pas 20 ans devant moi, mais disons 10. Il est évident qu’au niveau national, il y a une volonté et une prise de conscience de la nécessité et de l’opportunité de créations d’emplois en lien avec le secteur médico-social et du handicap. Après, je ne peux pas encore faire de pronostic, c’est trop tôt.

Entretien SL